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Entre autoritarisme et chaos

Est- ce vraiment la faute à Macron ?

18 octobre 2020

Dans le contexte de la crise multiforme qui affecte aujourd’hui notre pays, je vois fleurir dans la presse et surtout sur les réseaux sociaux toutes sortes d’attaques ad hominem contre Emmanuel Macron et les membres de son gouvernement. Comme hier contre François Hollande. Comme avant-hier contre Nicolas Sarkozy…

Mais nos gouvernants du moment doivent-ils être considérés comme coupables de tous les maux qui assaillent notre société ?

Le fait de désigner ainsi des boucs émissaires faciles en la personne de nos dirigeants du quart d’heure ne conduit-il pas à masquer le caractère structurel des problèmes que nous rencontrons, et dont l’ampleur dépasse sans doute l’action d’un individu, aussi haut placé soit-il dans l’appareil d’Etat ?

Cette attitude me fait penser à la formule de Tocqueville, que je cite ici de mémoire (je suis trop déprimé pour aller vérifier) : « les Français aiment adorer l’Etat, comme ils aiment détester le prince qui le dirige ».

Certes, le Prince du moment n’est jamais dépourvu de défauts : il peut être menteur, manipulateur, trop autoritaire ou au contraire trop faible. Il peut avoir un esprit retord, pratiquer la démagogie ou agir par esprit tactique au détriment du bien public. Il peut commettre des erreurs. Il peut renoncer à s’attaquer à des problèmes trop difficiles, qu’il se contentera de glisser sous le tapis pour le léguer à ses successeurs. Chirac l’a fait. Sarkozy l’a fait. Hollande l’a fait. Aujourd’hui, sans doute, Macron le fait aussi.

Mais peuvent-ils vraiment toujours, faire autrement ? Sont-ils aussi omnipotents que nous nous plaisons à le croire ? Ne sont-ils pas confrontés à des contraintes si fortes qu’elles paralysent leur capacité d’action, y compris lorsque leur diagnostic est juste et qu’ils sont au départ animés par le désir de bien faire ?

Et n’avons-nous pas, au fond, les dirigeants que nous méritons ?

Daladier, que nous vilipendons aujourd’hui pour avoir cédé à Hitler au moment des accords de Munich, n’était-il pas totalement conscient de son terrible échec et de ses causes profondes lorsque, en atterrissant le 30 septembre 1938 au Bourget, il s’exclama « « Ah les cons ! S’ils savaient !» lorsqu’il se vit accueilli par une foule de pacifistes enthousiastes ?

Or, de quoi hérite au fond, notre président actuel ?

1. D’un Etat-providence obèse, vorace, endetté, inefficace y compris dans ses missions régaliennes les plus élémentaires, pesant sur la société comme une chape de plomb au lieu de la protéger.

2. D’une France dont beaucoup de citoyens ont perdu la fierté voire la mémoire de leur histoire commune, le sens de leur identité et des valeurs qui les unit, et sont aujourd’hui barricadés – comme l’avait d’ailleurs prophétisé Tocqueville – dans un individualisme jouisseur, avide de rentes publiques et indifférent au bien collectif.

3. D’une société fragmentée entre groupes et communautés qui coexistent sans se mélanger, voire qui se préparent aujourd’hui à s’affronter.

Dans ces conditions, même si je n’ai pas de sympathie (ni d’ailleurs d’antipathie) particulière pour Emmanuel Macron, j’avoue vraiment que je n’aimerais pas du tout être à sa place !!! Car, pour redresser notre pays de l’abîme où il est en train de collectivement s’enfoncer, il faudrait être un Louis XI doublé d’un De Gaulle (allez, disons une Jeanne d’Arc pour faire plaisir aux féministes). Un.e type qui arrive tous les 500 ans, et encore, seulement une fois que la crise a vraiment éclaté, et que la France gît à terre comme un oiseau blessé !!!

Reste donc à prier le ciel pour implorer un miracle !! Jeanne, Charles, Louis, au secours !!!

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