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Entre autoritarisme et chaos

Distanciation sociale : quand l’Etat fuit ses responsabilités

31 mai 2020

Autrefois, L’Etat pour moi, c’étaient des instits dévoués qui accueillaient chaque matin leurs élèves dans les écoles primaires.

C’étaient des commissariats ouverts à tous où l’on pouvait facilement venir faire appel à la police si l’on était victime d’une infraction.

C’était un juge impartial que l’on respectait, en qui l’on avait confiance et si rendait son verdict lors d’une décision solennelle.

C’était un service hospitalier d’urgence où l’on se rendant sans hésiter en cas de problème subit de santé.

C’était un postier qui venait vous apporter à domicile un courrier qui n’était jamais en retard et jamais perdu.

C’était un inspecteur des impôts qui vous recevait immédiatement si vous aviez un problème de déclaration.

Bref, l’Etat, c’était une institution qui vous traitait avec un minimum d’efficacité et de considération, en vous rendant des services de base certes rustiques, mais qui fonctionnaient finalement assez correctement.

Mais aujourd’hui, les choses ont bien changé. Dois-je rappeler ce que tout le monde sait, à savoir que les urgences hospitalières sont en déshérence, que la poste accumule les retards et les pertes de courrier ? Cela tout le monde peut le constater aussi bien que moi.

Mais ce que tout le monde n’a peut-être pas encore clairement perçu, c’est que la crise du COVID a servi de prétexte, à travers la mise en place de mesures dites de « distanciation sociale », à une accélération massive de la dégradation des services publics.

Désormais, le citoyen ayant besoin de l’Etat, ou venant simplement lui réclamer justice, n’a plus en face de lui des agents publics en chair et en os à son service et à son écoute, mais des procédures informatiques qui le rendent anonyme et misérable, quand leur dysfonctionnement même ne vient pas porter atteinte à ses droits.

C’est la généralisation des dépôts de plainte en ligne qui privent la victime d’une agression ou d’un cambriolage d’une écoute cathartique pourtant si nécessaire.

C’est la fermeture des centres des impôts et la numérisation des rapports avec l’administration fiscale qui compliquent considérablement la tâche du contribuable confronté à une erreur ou à une injustice du fisc.

Ce sont des amendes infligées par des radars automatiques et qu’il devient presque impossible de contester en justice.

Ce sont les tribunaux engorgés et de plus en plus éloignés du justiciable, tentés d’alléger leur charge de travail en supprimant tout simplement les procès en bonne et due forme par la mise en place de procédures du type « plaider-coupable » (admirons au passage cette novlangue régressive !!).

Et surtout, surtout, c’est la généralisation de l’enseignement à distance dans les écoles, collèges, lycées et universités, dont tous les premiers retours d’expérience montrent qu’ils se sont traduits, comme on pouvait s’y attendre, par un « décrochage » massif des élèves – notamment les plus fragiles d’entre eux.

Bref, l’Etat a trouvé une solution extraordinaire pour résoudre la crise de ses services publics : les barricader de manière à ce qu’ils ne soient plus accessibles au citoyen ordinaire. Plus d’écoles, de commissariats et de centres des impôts ouverts au public, plus de procès au tribunal… C’est sûr que dans ces conditions, on va sans sans doute réaliser des économies budgétaires importantes tout en limitant les opportunités pour les citoyens d’exprimer leurs critiques de vive voix….

Le pire, c’est que cette destruction des services publics est en fait masquée par un discours prétendument progressiste faisant constamment référence à d’hypothétiques avancées. On lâche les enfants des quartiers pauvres dans la nature en fermant les établissements d’enseignement, et en même temps, on prétend lutter pour l’égalité des chances à l’école. On rend impossible le dépôt de plaintes au commissariat, même pour des agressions graves, mais en même temps on prétend défendre mieux les femmes contre le harcèlement de rue par des dispositifs biscornus. On prétend réduire les impôts, mais en même temps on laisse les contribuables totalement désarmés face à l’arbitraire du fisc. On n’a que la lutte contre les inégalités à la bouche, mais en fait on creuse massivement ces inégalités en démantelant de facto les services publics (police, justice, école publique…) qui incarnaient justement de la manière la plus active une certaine forme d’égalité entre les citoyens. On agite trois hochets à la mode pour se donner une teinte progressiste, et, en même temps, on organise une régression sociale massive par la destruction de nos services publics traditionnels.

Bref, encore une fois, on nous ment en nous faisant croire que les choses d’améliorent alors qu’elles se dégradent massivement. On claironne que l’Etat s’occupe de nous avec de plus en plus de sollicitude, alors qu’en fait il nous laisse platement tomber en douce. On prétend que la lutte contre les inégalités est engagée avec force alors qu’en fait la dégradation des services publics de base crée massivement de nouvelles inégalités qui auraient été considérées comme inacceptables il y a un siècle.

Tout cela me met très très très en colère….Pas vous ???

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