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La dictature insidieuse

M…au lobby gay : le Lobby LGBT est-il une réalité ?

ImageDans l’un des chapitres de mon futur ouvrage « La dictature insidieuse », j’envisage l’hypothèse d’une stratégie d’entrisme systématique des lobbies diversitaires (anti-racistes, LGBT et féministes notamment) au sein des médias, de l’appareil d’Etat et des grandes collectivités territoriales afin d’en influencer plus ou moins insidieusement les discours et la politique. Cependant, à part quelques déclarations à l’emporte-pièce de personnalités un peu marginales (Marcel Campion, Agnès Thill notamment), ou encore les affirmations récurrentes de mes amies féministes pro-sexe concernant l’existence d’un lobby néo-féministe institutionnel infiltré autour de la nébuleuse du secrétariat à l’égalité femmes-hommes,  j’ai jusqu’ici éprouvé des difficultés à trouver dans la littérature des éléments tangibles à l’appui de cette affirmation. C’est pourquoi le petit opuscule de Christian Vanneste  (30 pages en format mini-poche) a retenu toute mon attention.

La lecture en a cependant été dans l’ensemble décevante, même si certains passages viennent apporter quelques lumières et quelques arguments à l’appui de mon propos.

Je rappelle que Christian Vanneste est un homme politique de droite, venu d’un horizon catholique conservateur. Après avoir été longtemps député UMP du nord, il a quitté cette formation en 2012 pour se rapprocher des milieux de la droite patriote, sans pour autant rejoindre le RN. Il préside actuellement le micro-parti souverainiste « Rassemblement pour la France ».

C’est également une personnalité aux convictions conservatrices très affirmées, qui l’ont conduit à participer à tous les combats hostiles aux évolutions législatives porteuses de libéralisme en matière de moeurs, comme par exemple le PACS, l’instauration de la Halde ou le Mariage pour tous. A l’occasion de ces différents débats, il s’est fait souvent remarquer par des propos où transparaissait, de manière plus ou moins ouverte, son hostilité aux pratiques homosexuelles.

Voilà pour le background politique de l’auteur, qui peut contribuer à éclairer ce qui va suivre.

L’opuscule de Christian Vanneste n’est pas une étude sociopolitique du mouvement gay en France, ni une enquête sur sa présence, en tant que lobby constitué, au sein des cercles du pouvoir. On n’y trouvera sur ces questions aucune information positive, aucun chiffre, aucune chronologie descriptive, aucune liste de noms, aucun sociogramme. Tout au plus, une ou deux allusions voilées aux orientations sexuelles de tel ou tel dirigeant politique, souvent accompagnées de quelques noms d’oiseaux bien sentis, et encore faut-il bien lire entre les lignes. Donc, en tant que source d’informations précises sur le sujet qui m’intéresse, cet ouvrage est de valeur à peu près nulle.

Celui-ci présente cependant un intérêt d’une autre nature : il décrit en effet, sous la forme d’un cri du cœur et sans aucune distanciation, la mise au pilori médiatique et la marginalisation politique dont monsieur Vanneste estime avoir été victime à la suite de divers propos polémiques relatifs à l’homosexualité : en 2004, emploi de l’adjectif « inférieur » concernant cette pratique ; en 2005, affirmation selon laquelle les homosexuels français n’ont été déportés en tant que tels par les nazis, etc. A chaque fois, ces propos entraînèrent de violences réactions de la part des associations LGBT, avec déchaînement médiatique, dépôts de plainte, procès, et finalement phénomène de marginalisation de l’auteur au sein de son propre parti, l’UMP, qui lui refusa l’investiture pour les élections législatives de 2007 (ce qui d’ailleurs ne l’empêcha pas d’être aisément réélu dans sa circonscription).

Il est parfois difficile de distinguer, à travers les propos souvent très véhéments de monsieur Vanneste, ce qui exprimerait une légitime indignation contre une sorte de « chasse aux sorcières » dont il aurait été victime de la part du « lobby gay » et ce qui relèverait plutôt d’une forme de complexe de persécution teinté d’agressivité. Si nous voulons être justes avec les militants LGBT, nous dirons que monsieur Vanneste n’a raté aucune occasion de les provoquer et de leur manifester son hostilité, ce qui d’une certaine manière peut expliquer les contre-attaques violentes dont il a été l’objet de leur part. Mais la question que pose le cas de monsieur Vanneste – comme aujourd’hui ceux d’Agnès Thill, de Nadine Morano ou, a contrario, de la récente loi Avia – est de savoir où s’arrête la légitime lutte contre la haine raciste, homophobe, etc. et où commence la censure contre la liberté d’opinion. Et ce qui frappe, justement dans le cas de monsieur Vanneste, c’est le contraste entre la très faible quantité de condamnations pénales fermes dont il a été l’objet et la violence des attaques politiques et médiatiques qui se sont exercées contre lui – et dont le juge a estimé à plusieurs reprises qu’elles comportaient bien un élément de diffamation.

Bref, monsieur Vanneste s’est contenté 1) d’exprimer, sans enfreindre la loi, les réserves personnelles qu’il éprouvait vis-à-vis  de l’homosexualité ; 2) de marquer son hostilité à certaines pratiques supposées des associations LGBT militantes ; et 3) de rappeler quelques vérités historiques opportunément distordues par lesdites associations. Et cela lui a valu des campagnes de presses violentes, des déclarations injurieuses et diffamatoires de la part de ses adversaires, un harcèlement médiatique et un ligne, des dépôts de plainte médiatisées qui se sont ensuite révélées abusives, un lâchage politique brutal – et sans doute disproportionné – de la part son parti… Tout cela sans doute, s’expliquant en partie par le caractère visiblement volcanique de cet homme politique, qui, comme Nadine Morano, Marcel Campion ou Agnès Thill, donne facilement prise à la critique par la forme un peu directe qu’il donne à sa pensée. Mais le lynchage médiatique convergent dont ces personnes sont susceptibles de faire l’objet, simplement parce qu’elles expriment sans fard une pensée conservatrice au fond assez traditionnelle, est assez effrayante et pose la question de la liberté d’opinion dans notre pays. Un climat de censure d’autant plus inquiétant qu’il cible de manière presqu’exclusive la pensée patriote, anti-diversitaire et hostile au multiculturalisme.

Malgré son titre, cet opuscule ne nous dit rien de concret sur l’existence éventuelle d’un « lobby gay » structuré – à part une allusion au demeurant extrêmement générale, au point d’en être pratiquement inutilisable, au réseau des associations militantes, proches des milieux LGBT, bénéficiant de subventions publiques -. Par contre, il décrit – de manière manquant peut-être parfois un peu de distanciation et l’objectivité – la chape de plomb qui est en train de s’abattre dans notre pays sur l’expression de la pensée anti-diversitaire, et qui passe moins par l’action ouvertement coordonnée d’un lobby que par la convergence de nombreuses réactions outrancières simultanées dans les médias et les réseaux sociaux – bref une sorte de lynchage en meute qui n’a pas besoin d’un comité d’organisation structuré pour remplir de manière extrêmement efficace son rôle d’intimidation et de censure.

Christian Vanneste, M… au Lobby Gay, Editions Mordicus, Paris, 30 pages, 2013.

Nb : cette fiche de lecture s’inscrit dans mon actuel travail de rédaction d’un ouvrage intitulé « La dictature insidieuse », où je tente de mettre à jour les mécanismes par lesquels l’Etat français contemporain réduit peu à peu nos libertés. Pour tester mes hypothèses de travail, je suis en ce moment amené à lire un grand nombre d’ouvrages, récents ou plus anciens, portant sur ces questions. Comme les autres comptes rendus de lecture du même type que je publierai au cours des semaines suivantes, le texte ci-dessous ne porte donc pas directement sur l’ouvrage lui-même, mais sur la manière dont il confirme ou infirme les thèses que je souhaite développer dans mon propre livre, et que je présente au début du compte-rendu sous la forme d’un encadré liminaire, afin de les tester à l’aune de cette nouvelle lecture.

 

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