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Films musicaux nord-Américains après 1968

Black Swan

ImageDrame psychologique, mise en scène de  Darren Aronofsky, chorégraphie de Benjamin Millepied, avec Nathalie Portman (doublée par Sarah Lane et Kimberly Prosa pour les scènes de danse), Vincent Cassel, Mila Kunis, Barbara Hershey, Etats-Unis, 2010, 108 minutes.

Nina, jeune danseuse du New York City Ballet (Nathalie Portman) est choisie pour jouer le rôle de la reine dans le Lac des Cygnes en remplacement de Beth, l’ancienne vedette vieillissante. Elle subit douloureusement le stress de la préparation du spectacle et développe une psychose de persécution. Ses terrifiantes et sanglantes hallucinations l’empêcheront-elle de parvenir au sommet de son art ?

ImageBien que tissé de magnifiques moments de danse, Black Swan n’appartient pas à la catégorie des films dits « musicaux », mais à celle du drame psychologique. Un drame qui se déroule sur trois plans juxtaposés : la vie stressante d’une troupe de ballet ; la montée progressive de la folie dans l’esprit d’un personnage fragile ; et l’effort d’une artiste pour donner le meilleur d’elle-même dans un rôle difficile.

La description de la vie du ballet new-yorkais, avec les amitiés et les rivalités qui se nouent entre les danseurs, leur dur travail quotidien de répétition qui fait de leur corps si séduisant pour le public une source de souffrance pour eux-mêmes, constitue, si l’on peut dire, le « volet » réaliste du film. celui-ci est tout particulièrement servi par l’interprétation très convaincante de Vincent Cassel en directeur de ballet impérieux et redouté.

ImageLa montée progressive de la folie, mélange d’hallucinations et de délire de persécution, dans l’esprit de la fragile Nina, est rendue avec une grande force. Ce sont d’abord quelques angles décalés de prises de vue qui font apparaître une réalité banale comme une menace diffuse. Nous sommes ensuite progressivement entraînés dans un monde dédoublé, où les terrifiantes hallucinations de l’héroïne alternent les images de sa vie réelle, sans que le spectateur parvienne à distinguer la psychose de la réalité : sa mère Erika (Barbara Hershey) est-elle pour elle un soutien affectueux ou un monstre dévorant ? Les blessures de son corps sont-elles imaginaires, ou proviennent-elles des sanglantes mutilations qu’elle s’inflige elle-même ? Sa collègue Lily (Lila Kunis) est-elle une amie dévouée ou une implacable ennemie animée d’intentions homicides ? D’où vient le sang qui souille la loge de Nina, du cadavre de Lily ou de ses propres blessures ? Le film se termine-t-il par le suicide ou par le triomphe de l’héroïne ?

ImageTroisième thème du film ; l’effort parfois surhumain que doit réaliser un interprète pour s’approprier son personnage. Nina, jeune fille douce et perfectionniste, si elle est à l’aise dans le rôle de l’innocent Cygne Blanc, a par contre beaucoup plus de difficultés à rentrer dans le personnage beaucoup plus sombre du Cygne Noir, son double maléfique, qu’elle interprète également. Un dédoublement qui apparaît d’ailleurs comme le pendant artistique de la psychose schizophrène dont est atteinte la danseuse. Et c’est, justement, cette folie qui permettra à Nina d’être finalement possédée par ce personnage démoniaque au point de voir son propre corps se transformer en celui d’un oiseau au plumage couleur de nuit.

ImageQuant aux nombreuses scènes de danse, toutes tirées du ballet de Tchaïkovsky, elles sont filmées avec une superbe originalité : la caméra tournoie autour des danseurs et semble même parfois voler à leurs côtés en défiant l’attraction terrestre. On perçoit d’ailleurs dans la prise de vue, comme dans certains éléments du scénario (mélange entre fantastique et réalité, climat tragique de l’intrigue, personnage dur et impérieux du directeur du ballet), des réminiscences du merveilleux film réalisé en 1948 par Michael Powell, Les Chaussons Rouges.

ImageBlack Swan a reçu à sa sortie un excellent accueil du public comme de la critique, et a été honoré de plusieurs prix. Son chorégraphie, le jeune Benjamin Millepied, qui a depuis a épousé Nathalie Portman, vient d’être nommé directeur du ballet de l’Opéra de Paris.

Pour en savoir davantage sur le film, consulter la fiche Wikipedia. Pour visionner la bande-annonce, cliquez sur : Trailer.

Fabrice Hatem

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