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Films musicaux nord-Américains avant 1968

Swing Romance (Second chorus)

ImageFilm musical de H. C. Potter, Musique d’Artie Shaw, Hal Borne, Johnny Mercer, chorégraphie de Hermes Pan et Fred Astaire, avec Paulette Godard, Fred Astaire, Burgess Meredith, Artie Shaw, Etats-Unis, 84 minutes, 1940.

Danny (Fred Astaire), un trompettiste au chômage est amoureux de son ex-agent artistique, Ellen (Paulette Godard), qui l’a quitté pour travailler avec l’orchestre d’Artie Shaw (joué par lui-même). Parviendra-t-il à refaire surface comme musicien et à récupérer le cœur de sa bien aimée, alors même que son rival et ami Hank (Burgess Meredith) multiplie contre lui les chausse-trappes professionnelles et sentimentales ?

ImageDans une interview donnée en 1968, Fred Astaire a déclaré que ce film était le pire qu’il n’ait jamais fait. Oserais-je dire que je ne partage pas l’avis du Maître ? De mon point de vue, Swing Romance associe en effet un scénario très subtil sous des dehors de comédie à un volet musical très riche et complet.

 ImageSur le plan musical, Swing Romance donne davantage de place à la musique instrumentale que la plupart des autres films de Fred Astaire. Normal, puisque l’un de ses principaux protagonistes est le clarinettiste et directeur d’orchestre Artie Shaw. Celui-ci anime avec son band plusieurs excellentes séquences de Jazz Swing (Sugar, Sweet Sue, Everything’s Jumping, Concerto For Clarinet), permettant en outre une intéressante de reconstitution de l’atmosphère des soirées dansante « Live » des années 1940.

ImageFred Astaire nous offre également quelques très belles chansons, comme le romantique Love of my Life (reprise une seconde fois dans le film sur un mode parodique, où Astaire chante déguisé un chanteur russe de cabaret), et le comique Poor Mr. Chisholm, où s’accompagnant lui-même au piano, il parodie gentiment des tentatives musicales hésitantes d’un mécène peu doué.

ImageCurieusement, la danse proprement dite est un peu le parent pauvre de ce film, ce qui explique peut-être le jugement sévère de Fred Astaire sur celui-ci. Cette situation peut s’expliquer, entre autres causes par le fait que la vedette féminine, Paulette Godard, n‘était pas une danseuse professionnelle comparable à Ginger Rodgers. On les voit tout de même  interpréter un excellent duo très gai au début du film, mélange de Lindy Hop, de Jive, de Jitterbugg et de claquettes,I Ain’t Hep To That Step But I’ll Dig It. Mais le grand numéro de dance du film est Hoe Down The Bayou, où Astaire se livre à un époustouflant numéro solo de claquettes devant l’orchestre qu’il est censé diriger. A noter également l’existence d’une scène coupée au montage, Me And The Ghost Upstairs, où Astaire interprète avec Hermès Pan déguisé en fantôme, une étrange et fascinante chorégraphie en miroir, également inspirée du Lindy et du Jitterbugg, mais très décalée par rapport au style habituel du Maître.

ImageOutre cette partie musicale riche et équilibrée, la valeur du film tient également à l’humour grinçant de son scénario. Celui-ci peut se lire selon deux registres. Le plus apparent est celui d’une gentille comédie où deux copains un peu immatures, en compétition pour les faveurs d’une dame ou une place de musicien d’orchestres, se jouent quelques tours innocents pour l’emporter l’un contre l’autre. Mais derrière cette façade anodine, se cache la description, implicite mais beaucoup plus sombre, du monde impitoyable du show business où tous les coups sont permis, y compris la trahison de ses meilleurs amis, pour parvenir à ses fins.

 ImageC’est ainsi que la charmante Ellenn’hésite pas une seconde à abandonner le Band de ses amis pour devenir l’impresario de l’orchestre rival, et plus connu, d’Artie Shaw ; que Danny et Hank sont prêts à commettre l’un contre l’autre toutes les bassesses afin d’intégrer un poste de trompettiste pour lequel ils sont en concurrence ; et que tous exploitent sans vergogne la générosité d’un naïf mécène qui a pour seul tord d’aimer leur musique et de rêver de jouer avec eux. Cette description cinglante d’une humanité égoïste et mesquine sous des dehors souriants et sympathiques a quelque chose de glaçant qui fait l’un des principaux – et malsains – attraits de ce film.

Pour en savoir davantage sur Swing Romance, consulter la fiche Wikipedia. Pour visionner le film complet, désormais dans le domaine public, cliquez sur : film.

Fabrice Hatem

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