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Carnet de Voyage 2011 à Cuba

Concert d’Azucar Negra à La Casa de la musica de la Havane (centro-Habana)

Vendredi 10 juin 2011

Pour un amoureux de la musique cubaine, La Casa de la Musica est un lieu à la fois magique et odieux.

azucar5 Magique par la qualité de sa programmation, puisqu’on y voit passer tous les jours les plus grands noms de la Timba cubaine, dont la venue en Europe y constitue l’événement du mois ou de l’année. Exemple : Azucar Negra le 10 juin ; Adalberto Alvarez le 11 juin ; Manolito Simonet le 12 juin… Ici, il suffit de descendre de chez soi, pratiquement en pantoufles, pour entendre Maikel Blanco ou Los Van Van qui passent vous voir en voisin. Et si on est un peu fatigué ou qu’on a autre chose à faire ce jour-là, ce n’est pas grave : ils reviendront la semaine prochaine…

azucar4 De plus, malgré la taille relativement importante de la scène, la Casa de la Musica accueille rarement, même pour les plus grands concerts, plus de quelques centaines de personnes à la fois. On peut donc très facilement approcher de la scène et se trouver dans une quasi-intimité avec les artistes, qui n’hésitent d’ailleurs pas à se mêler au public et à inviter quelques personnes qui leur plaisent à monter sa la scène, c’est-à-dire à gravir les quatre marches sans obstacle qui les séparent de l’orchestre. Et cela crée une relation très chaleureuse, amicale, entre celui-ci et le public, debout devant la piste – surtout les deux premiers rangs composé des fans du groupe, qui connaissent les chansons par cœur et les reprennent en chœur en dansant et en levant les mains. Le spectacle fonctionne ainsi comme un échange : le public donne à voir aux musiciens son admiration et ses enthousiasme, pendant que l’orchestre donne à voir au public son talent. Inutile de vous dire que quelques mojitos aidant, la température monte rapidement dans la salle…

azucar3 Ça, c’est le côté sympa. Le côté désagréable de la Casa de la musica, c’est l’interminable attente du concert dans un froid polaire dû à une climatisation trop poussée, si on fait l’erreur d’arriver trop tôt. C’est aussi une certaine vulgarité dans le comportement du public : bouteilles de bière et cigarettes, abandonnés sur la piste, jineteras à l’affût des touristes étrangers, danseurs des premiers rangs adoptant parfois des attitudes obscènes (je ne suis pas un père-la-pudeur, mais ces figures-là doivent être bien interprétés du point de vue de la danse, sinon c’est un peu dégoûtant).

Plusieurs années d’expérience de la Casa de la musica m’ont donc permis de définir quelques principes de base concernant le « mode d’emploi »de ce lieu pour y réussir sa soirée :

– Principe numéro 1 : Choisissez bien le jour de votre venue en fonction de l’orchestre que vous voulez écouter. Quoique toujours très bons, les orchestres programmés sont en effet de qualité et de notoriété inégale et une déception est toujours possible. Le programme de la semaine (deux concerts par jours, un en matinée et un en soirée) est affiché à l’entrée de la Casa.

azucar2Principe numéro 2 : venez dans l’esprit d’assister à un concert (donc d’écouter de la musique) plutôt que de danser. Danser est évidement possible sur la grande piste devant la scène, mais la Casa de la Musica, est d’abord, comme son nom d’ailleurs l’indique, un lieu de concert davantage qu’un night-club (Pour vraiment danser, il y a, tous les soirs de la semaine, le charmant night-club de l’hôtel Florida, et, le dimanche, le Restaurant 1831 au bout du Malecon).

Principe numéro 3 : évitez surtout d’arriver à l’ouverture des portes (17 heures en matinée, 23 heures en soirée). Si vous faites cette erreur, vous vous condamnez à deux heures d’attente assez ennuyeuse dans un froid polaire. Arrivez plutôt à 19 heures en matinée et après minuit en soirée. Un bon plan, le soir, est d’aller danser avant pendant une heure à l’hôtel Florida de la rue Obispo entre 23 heure et minuit pour passer agréablement le temps en attendant le concert de la Casa de la Musica. Apportez aussi une chemise ou un tee-shirt de rechange pour éviter de prendre froid en cas de position assise prolongée et de climatisation réglée trop bas.

– Principe numéro 4 : venez en groupe mixte. Cela vous donne une ressource minimale pour aller danser sur la piste et vous fournit une protection contre les jineteros et jineteras (pas bien méchantes, souvent très mignonnes, mais un peu collantes et bien sûr intéressées).

azucar1 L’application stricte de ces quatre principes me permit de passer, vendredi 10 Juin, un excellent début de soirée en compagnie du groupe Azucar Negra. Créé il y a une douzaine d’année par Leonel Limonta après son départ du groupe Bamboleo, Azucar Negra est aujourd’hui l’une des dix groupes-phares de la Timba cubaine, à peine moins connu que Los Van Van ou Maikel Blanco (1) Au programme : d’excellentes chanson de Leonel Limonta, comme A mi La Habana... ; une excellente communication aussi avec le public des fans, grâce notamment à l’énergie du chanteur nouveau venu Pavel Delgado, au cours longues improvisations où l’aspect « animation de club de loisir » l’a cependant parfois un peu trop emporté à mon goût sur l’ambition artistique. Malgré cette réserve, ce concert finalement assez court (un seul set, de 19h à 20h30 environ) m’a laissé, au total, un très agréable souvenir.

Fabrice Hatem

(1) Pour une interview tres complete de Leonel Limonta, voir : https://fiestacubana.net/accueil/item/root/leonel-limonta-le-poete-parrain-de-la-timba.html

Casa de la musica de la Habana. Calle Galiano e/ Concordia y Neptuno. Centro Habana. Ciudad de la Habana. Telf.(53-7)8624165, 8608296. Site web ; http://promociones.egrem.co.cu/


[1]Le bon plan avec les jineteras (surtout au Florida) : repérez-en une mignonne qui s’ennuie avec un client vieux et moche qui ne sait pas danser. Invitez-la : elle vous en sera très reconnaissante car c’est le seul moment où cette fille, souvent gentille et bonne danseuse, s’amusera un peu pendant la soirée. Et ensuite, elle retournera à la table de son client et ne vous collera pas…

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