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Editoriaux de la Salida

La Salida n°21 : Danse et danseurs d’aujourd’hui

Editeur : La Salida n°21, Décembre 2000-Janvier 2001

Auteur : Fabrice Hatem

Danse et danseurs d’aujourd’hui

salida21 Le film Zardoz, réalisé en 1973 par John Boorman, nous transporte vers un futur mythique où règnent violence et barbarie. Dans une bulle paradisiaque magiquement protégée, des demi-dieux jouissent d’une jeunesse et d’une beauté éternelle. Parfois, certains d’entre eux se révoltent et demandent à mourir. La punition est terrible : ils sont sur le champ transformés en vieillards, et condamnés à danser le tango pour l’éternité. Pour tous ceux qui ont vu danser Chicho, Leo et Eugenia ou Pablo Veron, cette identification du tango au passé et à la vieillesse semblera évidement absurde. Même s’il a derrière derrière lui une longue histoire retracée pour nous par Eduardo Arquimbau, c’est aujourd’hui une danse jeune, d’une sensualité infinie, en évolution permanente, et dont le potentiel expressif commence à peine à être exploré par les milieux de la danse contemporaine.

Les jeunes professionnels multiplient aujourd’hui à travers le monde les expériences novatrices : rapprochement avec les arts martiaux, tenté à Seattle par Mike Hamilton ; exploration des affinités avec les disciplines orientales – Qi Gong, Tai chi – comme le fait Gilles Kobkzetchouk en France ; utilisation du tango pour la création contemporaine, comme Catherine Berbessou ou Camilla Saraceni… Et la danse fascine plus que jamais les écrivains, comme en témoigne le magnifique poème d’Acho Manzi, LLama oscura, mis en musique récemment par Juan Cedron.

Mais le tango de bal est également en pleine expansion. A Buenos Aires, il accueillle aujourd’hui toute une nouvelle génération d’amateurs, sans pour autant que l’esprit traditionnel des milongas, maintenu en vie par de vieux aficionados comme Davis Derman, s’en trouve dévoyé. Cet attachement des argentins à leur patrimoine culturel s’exprime également par la vitalité des danses et musiques folkloriques, comme la Chacarera ou la Candombe.

Pour que le tango se développe, encore faut-il qu’il soit bien enseigné. Virginia Gift nous emmène dans un des hauts lieux de l’enseignement portègne, chez Rodolfo Dinzel. Pierre Lehagre fait le point sur l’acquis des dernières années en matière d’enseignement en France. L’évocation de ces expériences ne peut conduire qu’à un souhait : que les danseurs et leurs professeurs acceptent de se livrer à une véritable démarche culturelle, passant par la découverte de la musique et de la littérature tangueras, par la connaissance claire des différents styles de danse qui se sont succédés au cours d’un siècle d’évolution, par l’exploration des similitudes existant entre le tango et des disciplines comme le Taï chi ou le Zen. Il n’y a peut-être pas besoin d’être un grand érudit pour bien danser, mais ce n’est pas une raison pour rester éternellement un cancre !!!

Fabrice Hatem

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