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Editoriaux de la Salida

La Salida n°20 : Musique tango d’aujourd’hui et de demain

Editeur : La Salida n°20, Octobre-Novembre 2000

Auteur : Fabrice Hatem

Musique tango d’aujourd’hui et de demain

salida20 Qui a dit que le tango était une musique du passé ? Sa résurrection au cours des quinze dernières années n’a pas seulement drainé un public croissant vers les pistes de bal, mais également vers les salles de concert. Et Astor Piazzolla, auquel Christine Chazelle rend hommage dans ce numéro, n’est plus aujourd’hui l’indépassable Omega de la modernité. Ils sont en effet nombreux, ces jeunes musiciens, argentins mais aussi européens, voire russe ou japonais, qui ont trouvé dans le tango la matière d’une expression artistique vivante et lui apportent aujourd’hui les ferments d’un renouvellement.

Rapprochement avec d’autres formes d’expression musicale comme le jazz ou la musique dite « tropicale » ; écriture d’œuvres ambitieuses pour grands orchestres symphoniques ; retour à l’improvisation ; multiplication des orchestres de bal ou destinés à accompagner des grands « shows » internationaux : nous avons cherché à faire le point sur l’état de la musique tanguera d’aujourd’hui… Sans oublier la génération à venir que forment actuellement, à Buenos Aires, l’école Avellaneda, et, plus près de nous, Juan José Mosalini au conservatoire de Gennevilliers.

Mais qu’en est-il de l’association avec la danse ? La force de la période d’or des années 1940 et 1950 est justement d’avoir vu coexister plusieurs formes d’expression artistique -musique, poésie et danse -, fortement enracinées dans la culture populaire, et qui ont pu s’enrichir mutuellement. Les conditions dans lesquelles a été créé La ultima curda – au cours d’une nuit passionnée réunissant Troilo, Castillo et Rivero, tandis que la foule des tangueros guettait la naissance de l’œuvre devant le fenêtres de Pichuco – constitue le meilleur exemple de ce triangle magique qui fait la force du tango. Et Christian Dubar nous montre que l’évolution des rythmes musicaux et de la danse est le résultat d’un processus complexe d’influences croisées.

Aujourd’hui, cependant, danse et musique suivent des voies de plus en plus séparées. Beaucoup de musiciens préfèrent jouer pour le concert plutôt que pour le bal. Les danseurs, de leur côté, utilisent de vieux enregistrement – toujours les mêmes – comme fons sonores sur lequel ils exécutent des figures sans toujours bien écouter la musique. Est-ce un rêve de penser que les deux arts vivants pourraient, à nouveau, se rapprocher, pour progresser et innover ensemble ? C’est, en tout cas, ce que tente Juan Cedron, avec son grand orchestre La tipica. Le sud de la France, dont le dynamisme actuel se traduit par de multîples initiatives (tangueria de Nîmes, festivals d’été, formations musicales…) saura-t-il offrir un terreau propice à ce rapprochement ?

Fabrice Hatem

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