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Poésies en Vrac

Je suis content

Ca y est, je suis content,

Je suis passé en Suisse

Le cauchemar est terminé

La Gestapo ne me prendra pas

Mais parfois j’ai un peu honte.

Les copains de mon réseau

Il faudra qu’ils trouvent un autre agent de liaison

Oui, mais au fond, ça vaut peut-être mieux pour eux

Si la Gestapo m’avait pris et torturé

Je les aurais surement donnés.

Et Heidi, la communiste allemande

Que j’aimais tant, qui m’aimait tant

Elle est partie pour l’Espagne sans un mot d’adieu

Quand elle a appris que je fuyais en Suisse

Peut-être que je ne la reverrai jamais.

Et les poèmes que j’avais écrits pour elle

Et tous nos articles contre les nazis

Je les ai brûlés avant de partir

J’avais trop peur que la Gestapo ne les trouve

Et s’en serve comme pièces à conviction contre moi.

Et les deux gamins juifs de Belleville

Dont je m’occupais avec elle

Qui va leur apporter à manger ?

Oui, mais bon, c’était trop dangereux

Et puis de toute façon, ils seront pris un jour ou l’autre.

Et le cousin de mon père

Il est vieux, il est malade

Il vit tout seul à Paris

Il avait besoin de mon aide

Bon, tant pis, sa concierge s’occupera de lui.

Et ma voisine qui venait faire le ménage

Elle est pauvre, elle avait besoin de ce travail

J’aurais dû lui laisser quelque chose avant de partir

Oui, mais j’étais trop pressé de m’enfuir

On verra ça après la Libération.

Ah oui la Libération, le débarquement !!!

Mais qu’est qu’ils attendent, les Amerloques ?

Moi, en Suisse, je continue le combat

Je vais écrire un livre contre Hitler

ça m’occupera, et puis c’est sans danger.

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