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Poésies en Vrac

Comme Félix Faure

Je me suis souvent demandé

Quelle fin je préférerais

Si, ma dernière heure arrivée

La décision m’était laissée.

L’héroïsme m’a parfois tenté

Mais comme je suis un peu douillet

J’aimerais bien mieux succomber

Aux plaisirs d’un galant effort

Comme Félix Faure.

César m’a toujours fasciné

C’était un splendide guerrier

Mais trop de poignards l’ont percé

Et la vue du sang me déplaît.

Alors quitte à devoir trépasser

En héros de l’antiquité

Je choisirai d’être Pompée,

Savourant ma petite mort

Comme Felix Faure.

Georges Danton en a imposé

Quand, prêt d’être guillotiné

Il clama sans désemparer

Son amour de la liberté.

Mais plutôt que m’égosiller

Devant des gens mal disposés

Je pousserai un soupir discret

immolé par des bras accorts,

Comme Felix Faure.

Sous les traits d’un vieux grenadier

Sans peur, dans le dernier carré,

Disant merde aux canons anglais

J’épaterais la postérité.

Mais le bruit pourrait me gêner

J’aime mieux la tranquillité

D’un boudoir rose de l’Elysée

Où l’on jouit de tous les conforts

Comme Felix Faure.

Ah ! Ces vingt-trois fusillés

Morts debout d’avoir résisté

Comme j’ai pu les admirer !!!

Mais quitte à être supplicié,

Mes veines de leur sang vidées

J’aime mieux mourir allongé,

Une bourelle suçant sans pitié

Les fluides vitaux de mon corps

Comme Félix Faure.

Dans la vie des célébrités

Mes modèles j’ai longtemps cherché.

Sénèque, Jeanne d’Arc ou Michel Ney

Tous ces gens m’ont impressionné

S’envolant d’un trépas parfait.

Pourtant, tout bien considéré

Aux trompettes de la renommée

Je préfère l’agréable essor

De Felix Faure.

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