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Souvenirs et Mémoires

Confessions (1) : la déception de monsieur T.

Il arrive parfois que le remords de turpitudes anciennes, oubliées depuis parfois des dizaines d’années, remonte brutalement en vous.

C’est ce qui m’est arrivé cette nuit.

Il y a longtemps, bien longtemps de cela, vers le milieu des années 1980, j’étais un jeune économiste prometteur, responsable d’une cellule d’analyse dans un institut d’études et de recherches prestigieux. Et le but essentiel de ma vie se réduisait à l’époque à parvenir à exercer un jour des fonctions encore plus importantes dans une institution encore plus prestigieuse.

Et puis un jour, mon chef me convoqua pour m’annoncer l’arrivée d’un nouveau collaborateur dans mon équipe. Mais un collaborateur d’un style un peu particulier.

Il s’agissait en fait d’un réfugié vietnamien. Monsieur T. avait été un avocat en vue à Saïgon avant d’être contraint de s’enfuir du pays afin d’échapper au régime communiste. Il avait réussi à emmener avec lui en France sa femme – ex-« miss Saïgon », disait-il avec fierté – et leurs deux enfants. A vrai dire, je ne me souviens plus très bien s’ils avaient suivi le périple dangereux des « boat people », entre pirates de la mer de Chine et camps d’internement de Hong Kong, ou bien s’ils étaient tranquillement partis en avion, pour arriver directement à Paris munis de papiers parfaitement en règle. Il est en effet possible que monsieur T., qui avait sans doute été à Saïgon un homme en vue, ait disposé dans les pays occidentaux d’amitiés suffisamment influentes pour lui permettre d’échapper à certaines des tragédies vécues par ses compatriotes.

C’est peut-être ces protections qui lui avaient valu de bénéficier d’un tout petit emploi de contractuel dans l’institut dont je faisais partie. Il m’avait été rattaché, puisque l’équipe que j’animais était la seule à traiter de sujets suffisamment généraux pour pouvoir accueillir un collaborateur ne disposant pas d’une formation pointue aux techniques de l’économie quantitative.

A vrai dire, je n’étais pas ravi de l’arrivée de ce juriste d’un certain âge, dont le profil ne correspondait pas du tout à celui des jeunes mathématiciens-économistes prometteurs que nous avions l’habitude d’employer. D’autant que, pour des raisons que vous comprendrez plus loin, j’étais alors surchargé de travail et réclamais depuis des mois l’embauche d’un collaborateur supplémentaire. Et tout ce qu’on m’avait trouvé, au lieu d’un brillant polytechnicien ou d’un diplômé de l’ENSAE, c’était un vieux bonze mangeur de riz, même pas capable de procéder au calcul de la plus élémentaire régression linéaire multiple avec non-colinéarité des variables explicatives !! J’exprimais donc à mon supérieur hiérarchique une assez vive déception en apprenant cette nouvelle, ce qui me valut d’ailleurs au cours des mois suivants d’être l’objet de sa part d’une sollicitude appuyée, sans doute due à la gêne qu’il éprouvait à mon égard. L’arrivée de mon collaborateur boat people s’accompagna donc pour moi d’un véritable déluge de primes, promotions, avancements et autres voyages d’étude et participations à des conférences exotiques. C’était le bon temps, on avait alors plein d’argent, et on trouvait ce rythme de vie aisé tout à fait normal !!!

Je fus donc présenté à un tout petit monsieur asiatique légèrement voûté, au visage un peu simiesque. Il parlait un français absolument impeccable – meilleur que le mien en tout cas, mais avec un fort accent vietnamien qui donnait à son élocution un côté haché et nasillard presque caricatural et assez comique. Il était habillé avec beaucoup de soin, portant en particulier des chemises extrêmement propres, mais ses vieux costumes sombres semblaient en même temps bien fatigués et démodés. Il était sans doute plus jeune à l’époque que moi aujourd’hui, mais il me semblait alors presque un vieillard, alors que le jeune cadre fringant que j’étais n’avais pas encore fêté ses trente ans. Comme je lui avais été présenté comme étant son futur chef, il me témoigna immédiatement une politesse déférente, voire quasiment obséquieuse qui me gêna et m’indisposa. D’autant plus que je me rendis compte assez rapidement, que malgré toute sa bonne volonté manifeste, il risquait de ne m’être pratiquement d’aucun secours, compte tenu de son profil très littéraire, pour les tâches très techniques dont mon équipe était chargée.

L’arrivée de monsieur T. m’exposa à une autre difficulté, qui rétrospectivement me semble très cocasse, mais qui sur le moment ne manqua pas de m’inquiéter. Le seul poste de travail alors disponible pour accueillir Monsieur T. se trouvait en effet dans un bureau dont les deux autres occupants étaient respectivement un certain monsieur B. – alors l’un des principaux dirigeants d’un groupuscule maoïste -, et un monsieur S. – à l’époque très engagé dans le militantisme politique au sein de l’une des tendances les plus radicales du Parti Socialiste.

Ce fut donc avec une certaine crainte que j’introduisis le nouveau venu à mes autres collaborateurs, craignant de voir de ce fait leur bureau se transformer en une nouvelle zone de guérilla dans la lutte mondiale qui se déroulait alors entre mouvements révolutionnaires et suppôts du capitalisme bourgeois. Fort heureusement, personne parmi les protagonistes n’avait au fond intérêt à ce qu’éclate une crise : Monsieur T. était trop poli, trop discret, trop nouveau venu, trop précaire et trop préoccupé de faire survivre sa famille pour susciter des incidents de nature politique ; Monsieur B. était à l’époque trop impliqué dans la recherche d’un bel appartement de 6 pièces dans le XVIIème arrondissement et par la rédaction de ses livres de science politique marxiste pour souhaiter s’engager dans un débat stérile avec un ennemi de classe ; et monsieur S., était trop occupé par ses activités militantes au sein du CERES en vue de la préparation du grand soir révolutionnaire rose pour daigner passer trop souvent à son bureau. Moyennant quoi d’ailleurs, une grande part de la charge de travail de mon équipe retombait sur mes frêles épaules, ce qui explique peut-être en partie l’agressivité et la rancœur incontrôlables dont je fais aujourd’hui preuve vis-à-vis de tout ce qui peut ressembler, même de loin, à un militant progressiste.

Le risque de guerre civile au sein de mon équipe ayant été écarté, je mis donc monsieur T. à la tâche. C’était un peu hasardeux, parce que celui-ci – peut-être par ailleurs excellent juriste – ne connaissait pas grand-chose à l’économie. Homme de la vieille école, il était par ailleurs totalement étranger aux outils de la bureautique moderne, à une époque où les jeunes chercheurs et ingénieurs commençaient déjà à se passer du service des dactylos pour rédiger eux-mêmes leurs textes sur l’ordinateur. Bref, je décidais, compte tenu de ces paramètres, d’affecter monsieur T., plutôt qu’aux calculs très élaborés dont nous avions la responsabilité, à la fréquentation des innombrables colloques, conférences et autres réunions d’étude auxquelles les membres de notre institut étaient constamment invités aux quatre coins de la galaxie parisienne des cercles de réflexion, centres de recherche et autres bureaux d’étude économiques (à l’époque, ces mondanités intellectuelles me semblaient banales et presque ennuyeuses par leur répétitivité, mais je songe aujourd’hui avec une certaine nostalgie à ma situation brillante de l’époque, alors que je ne suis plus aujourd’hui qu’un vieux cadre supérieur placardisé en fin de carrière et qu’on n’ose plus montrer nulle part …Sic transit !! Mais passons !!).

Monsieur T. s’acquitta de sa tâche avec tout le sérieux, le dévouement et la conscience professionnelle dont un vietnamien est capable, c’est-à-dire avec un sérieux, un dévouement et une conscience professionnelle absolus. Non seulement il se mit à assister assidûment à TOUTES les conférences auxquelles nous étions invités (et il y en avait beaucoup !!), mais il se mit en tête d’en rédiger systématiquement d’intarissables compte-rendus. Il s’épuisa pour cela littéralement à la tâche, passant ses soirées et ses week-ends à la rédaction de très longs textes manuscrits, présentant de manière extraordinairement détaillée les interventions des différents participants, les discussions auxquels elles avaient donné lieu ainsi que les opinions personnelles de monsieur T. sur le sujet, rédigées sous la forme d’interminables dissertations.

Il en résulta bientôt une immense production manuscrite évoquant la quasi-totalité des enjeux économiques et géopolitiques du moment, que monsieur T. déposait régulièrement sur mon bureau, avec solennité, comme s’il s’agissait d’une affaire d’une importance cruciale. Je me souviens très bien de son air épuisé quand il n’expliquait (ce qui était sans doute la stricte vérité) avoir travaillé chez lui la veille jusqu’à 3 heures du matin pour remettre sa note « dans les délais » comme si l’avenir de l’économie française avait dépendu de sa ponctualité, alors que tout le monde -moi le premier – avait bien d’autres chats à fouetter que de déchiffrer ses longs grimoires résumant d’interminables et confidentielles réunions d’experts !!! Je me souviens aussi de sa petite écriture fine mais très lisible, sans aucune rature – sans doute avait-il mis des heures à recopier à la main son brouillon de travail de quinze pages afin de me remettre sa version au propre. Je me souviens enfin des cris d’horreur poussés par nos secrétaires lorsque monsieur T. leur apportait, 4 ou 5 fois par semaine, ses longs manuscrits à fins d’être dactylographiés – au point de cet activisme graphomane finit par provoquer un vent de révolte chez nos collaboratrices jusque-là plutôt ménagées par la faible productivité de monsieur B. et de monsieur S.

Passons maintenant au remords, qui, depuis ma dernière nuit d’insomnie, me taraude.

Vis-à-vis de Monsieur T., j’éprouvais des sentiments mêlés. D’un côté, j’étais sincèrement sensible à la dureté des épreuves qu’il avait traversées, lui et son peuple, et dont il m’entretenait souvent à l’occasion de nos déjeuners à la cantine de notre institut. Je compatissais (un peu) à sa situation de réfugié ruiné en terre étrangère – lui, l’ancien avocat aisé, marié à l’une des plus jolies femmes de son pays, occupant désormais avec sa famille un deux-pièces exigu dans un HLM décati de banlieue. Je me rendais bien compte qu’il faisait de son faible mieux pour justifier le salaire médiocre qui lui était octroyé.

Mais, en même temps, monsieur T. m’agaçait beaucoup. D’abord, parce qu’il ne me servait en fait pas à grand-chose, et que je ne pouvais me décharger sur lui d’une partie des lourdes tâches qui m’étaient dévolues. Ensuite, parce qu’il était tout de même un peu ridicule, avec son accent vietnamien à couper au couteau, ses vieux costumes élimés, sa prose fleurie et surabondante qui n’avait pas sa place dans un service technique, ses petites siestes de l’après-midi, ses airs affairés et importants qui contrastaient avec son utilité discutable… Et surtout, parce qu’il faisait preuve avec moi d’une obséquiosité très agaçante que je trouvais très déplacée et très gênante compte tenu de nos profils respectifs, et notamment de notre différence d’âge.

C’est pourquoi je ne répondis que du bout des lèvres aux multiples sollicitations témoignant de son désir d’établir avec moi une relation d’amitié. Il m’invita un jour à déjeuner dans le modeste appartement de sa banlieue lointaine, mettant avec son épouse les petits plats dans les grands pour m’accueillir et me présentant avec fierté ses deux garçons en passe de devenir champions régionaux de ping-pong (eh, oui, le sang parle, ça ne s’invente pas !!). Une autre fois, il tint à me faire cadeau de petits panneaux de bois noir laqués et incrustés de nacre, que je n’acceptais, comme vous le verrez plus loin, qu’avec beaucoup de réticences. Après quelques autres tentatives, il renonça à me solliciter davantage. Puis, au bout de quelques temps, je partis « vers d’autres horizons professionnels », selon l’expression convenue, et je le perdis de vue sans regrets, trop occupé à faire ma propre cour aux économistes prestigieux que je fréquentais. Et, quelques années plus tard, j’appris, presque sans émotion, qu’il était mort.

Voilà maintenant ce qui me taraude : l’idée d’avoir laissé passer une occasion de comprendre et d’apaiser une souffrance, de n’avoir pas eu l’idée d’aider une famille qui le souhaitait passionnément à s’intégrer à la France et, enfin, d’avoir répondu à une proposition d’amitié par un refus presque humiliant.

Je n’ai pas compris la souffrance de monsieur T., le jour où pendant un déjeuner, il me parla de la situation de son pays en déclarant, de sa vie nasillarde et hachée, et sur un ton véhément qui me gêna presque vis-à-vis de nos voisins de table peut-être cégétistes : « les communistes sont diaboliques, diaboliques !!! Le communisme, c’est l’enfer !! ». A l’époque, la valeur de ce témoignage direct m’échappa quelque peu. Certes, j’étais déjà anti-communiste au fond de moi, mais c’était, si l’on peut dire, une sorte d’anti-communisme honteux. L’union de la gauche était au pouvoir, je travaillais dans une grande institution d’Etat, tout le milieu intellectuel auquel j’appartenais affichait des idées de gauche… Alors, entendre un vieil asiatique réac et marginalisé crier sa haine du communisme, cela me semblait quand même un peu excessif et déplacé, surtout avec cette curieuse voix haut perchée et cet accent vietnamien à couper au couteau… Au lieu de l’écouter, de lui demander des détails, de chercher à entendre de sa bouche le récit des horreurs qu’ils avait sans doute vécues ou auxquelles il avait assisté, je préférai donc choisir la solution facile d’en rire sous cape et de me moquer de mon vieux gnacoué excité en singeant son accent ridicule devant mes amis hilares. Alors qu’en l’écoutant, j’aurai au contraire pu recueillir des informations de première main sur ce qui se passait alors en Asie du Sud-est tout en offrant à monsieur T. le soulagement d’une oreille attentive et bienveillante.

Ensuite, je n’ai pas aidé sa famille à s’intégrer en France. Certes, je rendis à monsieur T. son invitation sous la forme d’un déjeuner chez ma mère, mais les choses s’arrêtèrent là. Je me souviens d’une anecdote qui témoigne de l’insensibilité du petit freluquet égoïste que j’étais à l’époque. A l’issue du déjeuner, Monsieur T. fit à ma mère une étrange et solennelle déclaration, où il la remerciait de son hospitalité et du bonheur qu’il avait d’être enfin reçu à dîner par une « véritable » famille française (véritable famille française, mon œil !! Nous n’étions nous-mêmes qu’une bande d’ex-métèques immigrés !!). Quand il fut parti, je dis à ma mère en riant que ce vieux type était vraiment ridicule avec ses déclarations déplacées à l’occasion d’un petit dîner de rien du tout. Mais ma mère, qui était une femme sensible et avait elle-même vécu suffisamment d’horreurs au cours de sa vie pour comprendre la souffrance de gens persécutés et proscrits, me morigéna alors sévèrement : « Mais tu ne comprends rien, Fabrice, pour lui, ce dîner était vraiment important !!! C’était l’espoir d’un début d’intégration !!! On voit bien qu’ils sont très isolés en France, ces gens !!! Comment peux-tu réagir comme ça, après ce que nous avons vécu dans notre famille !! » Je l’écoutai respectueusement, mais ne modifiai pas ensuite mon attitude pour autant. Alors que si j’avais fait preuve de davantage d’humanité, j’aurai pu tendre la main à Monsieur T. et à sa famille, leur témoigner une forme de solidarité, faciliter leur intégration, aider leurs deux enfants dans leurs parcours scolaire, que sais-je… Mais je n’ai rien fait de tout cela.

Enfin, Je n’ai répondu à sa demande d’amitié que par une fin de non-recevoir confinant au mépris. Après ce fameux déjeuner avec ma mère, monsieur T. tint à manifester sa reconnaissance en offrant à celle-ci les fameux petits panneaux de bois laqué dont j’ai parlé plus haut. Il voulait même nous inviter à nouveau à dîner chez lui à cette occasion. Mais cette idée me déplaisait, pour plein de raisons bonnes et mauvaises : parce que ce n’est pas la coutume en France d’accepter des cadeaux de ses collaborateurs ; parce que ce type me rasait, avec ses attitudes obséquieuses et le ressassement de ses rancoeurs anticommunistes. Je n’acceptais donc son cadeau qu’avec la plus extrême réticence, refusant en particulier, sous divers prétextes, son invitation.

Cela donna lieu à une scène dont je me souviens aujourd’hui avec honte. Pour couper court à ses sollicitations insistantes, je lui avais finalement proposé de prendre livraison de son petit cadeau dans un lieu extérieur. Je ne sais pas pourquoi, nous convînmes de nous rencontrer sur un quai de métro, après le travail. Le jour dit, les deux panneaux laqués me furent donc remis, sur le quai du métro Miromesnil, par son épouse, qui s’était à cette occasion mise sur son 31. Mais cette cérémonie furtive avait quelque chose de complètement déplacé qui me gêna beaucoup et me fit mal au cœur. La beauté de l’épouse de Monsieur T., si vantée par son mari, était depuis longtemps fanée, et elle n’était plus qu’une petite femme grassouillette qui me remit mon cadeau en tremblant. Son visage témoignait d’une émotion triste, dont je ne sus jamais si elle était due à la peur que je lui inspirais en tant que patron de son vieux mari, à la crainte que lui inspirait également ce mari assez autoritaire et machiste, au ridicule un peu humiliant pour elle de cette situation fausse, ou à la conscience qu’elle avait de ce que mon attitude très désinvolte témoignait de la marginalité de leur situation en terre étrangère. Bref, ce fut pour moi une scène extrêmement pénible dont je me souviens aujourd’hui avec un réel remords. Mais il faut dire aussi qu’il était tellement collant, ce monsieur T. !!!

Voilà, j’aurais pu avoir meilleur coeur, être davantage à l’écoute, faire preuve de plus de générosité. Peut-être aujourd’hui en serais-je récompensé par l’amitié de deux familles franco-vietnamiennes – celles des deux fils de monsieur T. – auxquels mon aide aurait certainement pu être utile. Mais il n’en n’a pas été ainsi. J’ai certes, d’énormes circonstances atténuantes, mais enfin, j’ai quand même laissé passer une magnifique occasion d’être un type bien. Excusez-moi, monsieur T., j’aurais pu vous aider davantage, vous tendre la main, à vous et à votre famille… S’il vous plait, de là où vous êtes arrivé maintenant, pardonnez-moi, Parce que bientôt, je viendrai vous rejoindre, et, si vous m’accueilliez gentiment, vous et votre épouse, dans cette triste terre d’exil qui m’attend pour l’éternité, je vous en serais très reconnaissant.

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