Catégories
Poésies en Vrac

Je suis qu’un vieux con dépassé

A dix ans, j’aimais respirer
L’odeur du foin et du fumier
Me baigner dans l’lac envasé
Boire le lait non pasteurisé
Regarder l’soleil se coucher
En m’vautrant dans l’herbe mouillée

Aujourd’hui les meules de blé
Ont toutes été mise au carré
Les paysans s’sont suicidés
Les paysages sont saccagés
Par des éoliennes installées
Au nom d’la durabilité.

Je suis qu’un vieux con dépassé
Qui se f’ra pas au monde d’après

Au vingt ans j’aimais bien guincher
Les filles, très fort je les serrais
Même que parfois je leur volais
Un baiser non autorisé
Après m’avoir morigéné
Elles me laissaient recommencer.

Maint’ant c’est très surveillé
T’as plus l’droit d’un peu insister
Sinon tu te feras traîner
Par des flics spécialement dressés
Devant un petit juge pressé
Qui t’condamera sans t’écouter.

Je suis qu’in vieux con dépassé
Qui se f’ra pas au monde d’près

A trente ans j’ai dû emprunter
Pour parvenir à me loger
Pendant vingt ans j’ai remboursé,
Rubis sur l’ongle le banquier
Pour ça j’ai beaucoup travaillé
Pour moi, une dette, c’était sacré.

Comme je me suis bien débrouillé
Aujourd’hui je me fais traiter
De sale bourgeois privilégié
Qu’on ne rêve que de spolier
Pour financer les absurdités
D’un Etat-Moloch déjanté.

Je suis qu’un vieux con dépassé
Qui se f’ra pas au monde d’près

Aujourd’hui, je suis fatigué
Alors j’aime bien de prélasser
A la terrasse d’un vieux café
Pour regarder les gens passer
Devant les façades lézardées
Des vieilles maisons de mon quartier.

Mais voilà que pour ma santé
Tous les cafés ils ont fermé
Interdit aux gens d’circuler
De se parler, de s’embrasser
Avant bien sûr d’éradiquer
Ma bicoque au nom du progrès

Je suis qu’un vieux con dépassé
Qui se f’ra pas au monde d’près

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.