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La última rumba de Papa Montero

Image Drame musical d’Octavio Cortalzar, Cuba, 1992, 57 minutes Une équipe de cinéastes hésite sur le scénario du film documentaire qu’ils veulent réaliser sur le folklore afro-cubain. Les réalisateurs choisissent finalement de raconter la légende de Papa Montero, fameux rumbero assassiné au cours d’un défilé de Carnaval. Mais entre réalité et fiction, la frontière est apparement bien mince….

La última rumba peut d’abord être vue comme un agréable documentaire sur le folkloreafro-cubain, illustré avec talent par les artistes du Conjunto folklorico Nacional de Cuba (CFN). L’assimilation de chacun des principaux personnages à un Santo (Chango, Oshun, Elegba…) permet de transmettre au néophyte l’essentiel de ce qu’il devrait savoir sur les mythes et les danses des Orishas. Des scènes de rue, filmées en décors réels, permettent de décliner les différentes formes d’expression populaire : Rumba avec ses trois styles (Yambu, Guaguanco, Columbia…), Congas, Cabildos de Carnaval, et même un peu de Son…  Les explications de Rogelio Martínez Furé, fondateur du CFN nous rappellent les similitudes existant entre le folklore cubain et ceux des autres régions des Caraïbes, issus des mêmes phénomènes de métissage.

Voilà pour la partie documentaire certainement la plus intéressante de ce film. Quant à la fiction, La última rumba nous conte l’histoire de Papa Montero, un légendaire rumbero, fils de Chango et séducteur de jolies femmes, assassiné par un rival malheureux. Ceci permet d’introduire tout au long du film des scènes dansées participant au déroulement de l’intrigue. C’est ainsi qu’une bagarre au couteau se déroule sur un rythme de Columbia, tandis que Papa Montero est assassiné au milieu d’un défilé du Cabildo.

Mais, en vérité, on ne croit pas beaucoup à cette intrigue. L’équipe de tournage elle-même n’est semble-t-il pas très convaincue, au point qu’elle modifie le scénario au cours du film. Ce mélange entre réalité et fiction, cette mise en abyme de la réalisation de l’œuvre (le spectateur assistant à la fois à l’histoire et au tournage de celle-ci),  constituent l’une des caractéristiques les plus déroutantes – mais aussi les plus séduisantes – de La última rumba.

Elle a cependant pour conséquence d’évacuer totalement l’émotion dramatique au profit d’une distanciation vaguement burlesque, puisque les réalisateurs eux-mêmes passent leur temps à nous montrer que ce qu’ils racontent n’est qu’une fiction dont ils ne sont pas très satisfaits. Jusqu’à ce que le dernière image du film nous suggère, dans un vertigineux renversement, qu’ils sont peut-être eux-mêmes manipulés par les personnages dont ils croient être en train d’inventer l’histoire…

Fabrice Hatem

Pour visionner ce documentaire : https://www.youtube.com/watch?v=PS8p6_xOlsI 

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