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Entre multiculturalisme et patriotisme

Multiculturalisme : le cheval de Troie du néo-libéralisme mondialiste

« Diviser le peuple pour mieux régner sur des individus sans racine »

Une petite intuition m’est venue ce matin à la lecture du livre de Christopher Lasch, « La révolte des élites ».

Et si le multiculturalisme et ses déclinaisons diversitaires (féminisme, revendications communitaristes des différentes minorités sexuelles, ethniques, religieuses etc.) n’avaient finalement pour conséquence (voulue ou non) que de diviser le peuple et de l’exposer sans défense au projet du mondialisme individualiste porté par l’oligarchie financière et son allié objectif le gauchisme culturel ?

Charabia d’intello ? Bon, alors, je vais essayer de m’expliquer avec des mots simples.

Ce qui fait la force d’un peuple, c’est de se sentir un et indivisible au-delà des inévitables particularités d’âge, de sexe, de religion ou d’origine ethnique, de ceux qui le composent.

C’est ce sentiment d’unité fondamentale – magnifiquement exprimé par exemple au moment de la Révolution française – qui lui donne la force d’affirmer sa souveraineté, à l’intérieur de ses frontières, et de résister aux menaces venues de l’extérieur. C’est lui qui transforme les individus en citoyens pénétrés du sens du devoir envers une communauté nationale à laquelle ils sont fiers d’appartenir.

A partir du moment où une idéologie incite les membres de ce peuple à se dresser, au nom de la défense de leur particularisme personnel, contre les valeurs communes qui fondent l’unité de ce peuple, la cohésion de celui-ci se trouve affaiblie, voire détruite. Chacun des particularismes va se dresser contre les autres à travers la contestation de la norme majoritaire supposée oppressive. Les femmes vont s’opposer aux hommes sous prétexte de lutter contre le patriarcat, les minorités ethniques vont se dresser contre la majorité (réelle ou fantasmée) sous prétexte de lutter contre le racisme, les minorités sexuelles vont provoquer l’agacement de la majorité hétérosexuelle en revendiquant bruyamment leur droit à la différence, etc. Au bout d’un moment, la belle unité du peuple explose littéralement sous la pression de ces nouvelles fractures.

Le résultat, ce n’est pas seulement la montée de la méfiance, puis de violence sociale liée au fait que le particularisme (ethnique, religieux, sexuel, etc.) de votre voisin vous apparaît soudain plus important que le sentiment de proximité et de solidarité – liée à l’appartenance au même peuple – qui vous rapprochait jusque-là de lui. C’est aussi l’affaiblissement du peuple par rapport aux menaces extérieures qui le guettent. Un peuple qui doute de l’unité profonde que lui donne sa particularité (c’est-à-dire la ou les raisons qui le rendent différent de son voisin) se désagrège rapidement en un ensemble d’individus isolés et égoïstes, qui ne s’estiment plus liés par un sentiment de devoir citoyen. En clair, personne n’acceptera de se faire tuer à la guerre pour une patrie qui n’existe plus dans son cœur.

C’est un ce sens que le multiculturalisme, en dépit de ses apparences gauchisantes, est en fait le meilleur allié de la mondialisation néo-libérale. En niant le particularisme des peuples au profit du particularisme des soi-disant « communautés » dans lesquelles il se fragmente, il délégitime les notions de frontières et de souveraineté nationales, ouvrant ainsi largement le territoire sur lequel s’exerçait jusque-là cette souveraineté protectrice à toutes sortes de flux venus de l’extérieur – produits, investissement, migrations, normes juridiques, morales ou culturelles. Il prépare donc l’asservissement de ce peuple – ou plutôt des individus qui autrefois le constituaient, et qui sont désormais isolés les uns des autres par la revendication de leur différence personnelle – à la domination d’une oligarchie mondialiste (financière, industrielle, culturelle) dont ils n’ont en fait rien à attendre de bon. C’est pourquoi le multiculturalisme ne libère pas les individus : en les privant de l’immense et bienfaisante protection liée à l’appartenance à un ensemble national soudé, il les expose au contraire à n’être plus que de petits atomes fragiles dans le grand maelström de la mondialisation ; des êtres asservis par leur individualisme narcissique sans transcendance aux illusions de la jouissance consumériste.

Un indice – parmi d’autres – de ce que j’avance est fourni par le rapprochement paradoxal entre les partisans du gauchisme culturel et ceux du néo-libéralisme mondialiste dans toutes sortes d’institutions. Par exemple, cette approche explique très bien pourquoi une bonne partie de presse française est « en même temps » la propriété majoritaire de grandes oligarchies financières ou industrielles et majoritairement aux mains de journalistes apparentés aux groupe des « gauchistes culturels ». Elle explique pourquoi beaucoup de partis de la droite libérale mondialiste ont si aisément abandonné le discours du conservatisme moral et du patriotisme pour adopter les oripeaux de la pensée multiculturaliste (ex : Giscard en France dans les années 1970, CDU en Allemagne aujourd’hui). Ces convergences n’ont rien d’absurde : elles reflètent au contraire l’existence d’une même posture commune anti-nationale.

Le multiculturalisme, en ce sens, n’est que le nouvel opium du peuple, mais un opium mortel pour les démocraties nationales. Une drogue dévastatrice, un poison qui déguise sous les couleurs attirantes de l’arc-en-ciel diversitaire la réalité nouvelle de la soumission d’individus, désormais sans racines parce que dépouillés de leur identité nationale, à une oligarchie mondialisée et mondialiste. Un oligarchie qui n’aura bien sur rien de plus pressé que de s’abstraire des bonnes vieilles règles protectrices de la démocratie représentative et de l’état de droit national pour faire régner sans partage son pouvoir sur la planète.

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