Catégories
Entre progressisme et populisme

Comment contrer la montée des populismes ?

« Comment faire pour éviter que Marine ne soit élue ? »

Lettre à un ami musicien de gauche qui s’interroge sur les moyens d’éviter l’arrivée au pouvoir du FN en France

Cher ami,

Je constate comme toi, au fil des résultats électoraux (dans les pays occidentaux et dans le reste du monde démocratique) un basculement général des opinions en faveur des partis nationalistes, autoritaires, conservateurs et hostiles à l’intégration internationale.

Pourquoi ce mouvement ? Il y a la crise économique, les tensions internationales, le chômage, la précarisation des classes moyennes, la paupérisation des classes populaires, etc. Mais il y a aussi, parmi les causes importantes, l’incapacité de la gauche anti-institutionnelle et libertaire issue de mai 1968 à prendre en compte un certain nombre de préoccupations populaires nées en partie de la crise actuelle, et trop souvent caricaturées comme « réacs » ou « fachos ».

Vouloir que les voleurs soient arrêtés et punis, que les honnêtes gens soient protégés des voyous, que les rues de nos villes ne soient pas transformées en campements invasifs, que nos démocraties ne soient pas phagocytées par des pouvoir supranationaux non élus et dont il apparaît de plus en plus qu’ils sont sous l’influence de lobbies privés, demander que les impôts finançant des politiques publiques inefficaces soient réduits, exiger que nos industries (et donc nos ouvriers) soient protégées du dumping chinois, ce n’est pas exprimer une pensée réactionnaire et encore moins fasciste. C’est exprimer des demandes de bons sens qui sont au cœur des préoccupations populaires dans notre pays comme chez nos voisins.
Dévaloriser ces demandes légitimes comme « réactionnaires », comme l’a trop longtemps fait une certaine gauche française, revient donc à refuser de répondre aux angoisses populaires. Il ne faut pas alors s’étonner que le peuple, ne se reconnaissant pas dans le discours coupé des réalités de cette « élite de gauche », aille chercher ailleurs les réponses à ces préoccupations.

La première chose à faire si l’on veut éviter que le Front national remporte les élections, c’est donc de réintégrer ces préoccupations légitimes dans le discours politique. Je ne vois pas du tout en quoi le fait d’être de gauche, par exemple, empêcherait de mener une politique de « tolérance zéro » par rapport à la délinquance qui redonnerait au gens (modestes) des banlieues la sécurité à laquelle ils ont droit. Je ne vois pas non plus en quoi le fait d’être « de gauche » doit empêcher de pratiquer un protectionnisme intelligent quand les conditions de concurrence sont distordues au détriment de nos entreprises et de nos salariés. Et je ne vois pas non plus en quoi le fait d’être pro-européen doit conduire à fermer les yeux sur l’état actuel de soumission de la commission européenne aux lobbies privés, et à ne pas oser lui dire « stop, ou bien on s’en va » comme l’on fait à très juste titre les anglais. Et enfin, je ne vois pas, mais alors pas du tout, en quoi le fait d’être de gauche est incompatible avec une certaine forme de fierté nationale, de respect pour notre police, de solidarité avec notre armée, d’amour pour notre drapeau et notre hymne national (révolutionnaires).

Voilà, donc à mon sens, l’une des clés de la lutte contre le Front National : réintégrer dans le discours de « gauche » un certain nombre de préoccupations, de valeurs et d’idées de bon sens dont on a laissé trop longtemps le monopole à l’extrême-droite.

D’ailleurs, c’est exactement de qui se passe dans un pays que nous connaissons très bien tous les deux, Cuba, dont le régime et le peuple concilient, sans contradiction apparente, enthousiasme patriotique, souci de l’indépendance nationale et la protection des frontières, maintien de la sécurité intérieure et ferveur révolutionnaire.

Je t’invite donc, toi et tes amis, à faire un retour sur vous-mêmes en vous posant cette question : « pourquoi le discours « progressiste » que nous portons sur le monde a-t-il perdu de son pouvoir d’attraction auprès du peuple ? Que devons-nous corriger dans ce discours, sans renier nos principes, pour répondre mieux aux attentes populaires ? Comment faire pour arrêter d’abandonner à l’extrême-droite « le monopole du réel », (selon la très juste formule d’Alain Finkelkraut)? »

Mais si par contre, si les « antifascistes » proclamés continuent à se contenter de l’invective et de l’insulte vis -à-vis des gens tentés par le vote d’extrême-droite (« réac de merde», « facho », « ignorants », « vieux cons »,  etc.) sans rien changer à leur propre discours désormais inadaptée aux attentes des gens, alors tu peux être sur que ce que tu redoutes par dessus tout, c’est -à-dire la victoire des partis populistes, finira par arriver en France.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.