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Films musicaux nord-Américains après 1968

Sweet Charity

ImageFilm musical de Bob Fosse, musique de Cy Coleman (paroles de Dorothy Fields), chorégraphie de Bob Fosse, avec Shirley McLaine, John Mc Martin, Sammy Davis Jr, Etats-Unis, 1969, 149 minutes.

La rêveuse et trop naïve Charity (Shirley Mac Laine), entraîneuse dans un cabaret New-Yorkais minable, enchaîne les déceptions sentimentales. D’un naturel optimiste, elle ne désespère pas cependant de trouver l’homme aimant avec lequel elle pourra se marier et construire une vie meilleure. Et elle se remet à espérer lorsqu’elle rencontre Oscar Lindquist (John McMartin), un agent d’assurance solide, mais terne et timide. Cette occasion sera-t-elle enfin la bonne ?

ImageDirectement inspiré d‘un film de Fellini, Les nuits de Cabriria (1957), dont l’héroïne était une prostituée romaine interprétée par Guilietta Masina, le film séduit d’abord par la personnalité touchante de Charity : une femme marginale, réduite à des expédients pour survivre, toujours déçue dans son attente du bonheur et pourtant toujours prête à y croire à nouveau. Elle est si fraîche, si naïvement enthousiaste, si généreuse, si vulnérable aussi, qu’on a vraiment envie qu’elle s’en sorte. Mais elle s’y prend vraiment mal…

ImageAu premier abord, les choix de prise de vue et de montage peuvent dérouter : fondus-enchaînés aux images floues, successions de photos illustrant les états d’âmes fluctuants de l’héroïne, couleurs criardes et parfois même complètement sursaturées… Au bout d’une phase plus ou moins longue d’adaptation à ce langage cinématographique un peu décalé, le spectateur peut cependant finir par y prendre goût.

ImageIl est puissamment aidé en cela par l’originalité des chorégraphies de Bob Fosse, qui sait magnifiquement mettre en scène des situations complexes et créer des atmosphères d’une grande densité en explorant à fond les capacités expressives du corps humain : entraîneuses à la lascivité affichée mais aux corps et aux âmes fatiguées par l’attente du client (Hey, Big Spender !) ; public ridiculement snob d’un cabaret de luxe, figé dans des poses outrancièrement stylisées et trompant son ennui dans des jeux décadents (The Aloof, The Heavyweight, The Big Finish) ;Image parodie d’une cérémonie hippie New Age (The Rhythm of Life) ; explosion de bonheur symbolisée par un défilé de majorettes dans les rues désertes de Wall Street (I’m a Brass Band),…. On regrettera cependant l’absence de partenaire masculin pour les numéros de danse de Charity, ce qui nous prive d’un ou deux duos romantiques ou érotiques qui auraient pu être les bienvenus.

ImageLes paroles des chansons sont essentiellement consacrées à deux thèmes : d’une part, les états d’âme contrastés de Charity, alternant espoirs amoureux (My Personal Property, If My Friends Could See Me Now, It’s A Nice Face, I’m a Brass Band) et désillusions sentimentales (Where Am I Going ?) ;  d’autre part, la vie difficile et sordide des entraîneuses de cabaret, dont les souffrances et l’ennui contrastent avec l’atmosphère de plaisir et de gaité qu’elle sont censées procurer à leur clients (Hey, Big Spender !, There’s Gotta Be Something Better Than This).

ImageOn trouve aussi quelques chansons romantiques (Sweet Charity), et des séquences évoquant de manière quelque peu parodique les débuts de la révolution hippie avecses croyances New Age (The Rhythm of Life avec Sammy Davis Jr. dans le rôle du gourou Big Daddy) et sa quête naïve mais généreuse de l’amour universel (Good Morning).

On notera que la plupart de ces chansons ne sont pas interprétées d’une pièce, mais en plusieurs morceaux séparés, intercalés avec la progression de l’intrigue, qu’ils semblent ainsi commenter en direct.

ImageMalgré d’assez bonnes critiques, ce film peut-être un peu trop décalé pour les goûts du public américain mainstream, ne connut qu’un succès commercial limité. C’est dommage car il associe des chorégraphies d’une grande originalité à un scénario de qualité, mettant en scène un personnage principal particulièrement attachant.

Pour en savoir davantage sur Sweet Charity, consulter la fiche Wikipedia. Pour visionner la bande-annonce, cliquez sur : Trailer.

Fabrice Hatem

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