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Films musicaux nord-Américains après 1968

On achève bien les chevaux (They Shot Horses, Don’t They ?)

ImageComédie dramatique de Sydney Pollack, d’après une nouvelle de Horace McCoy, musique de Johnny Greene, avec Jane Fonda, Michael Sarrazin, Susannah York, Bruce Dern, Bonnie Bedelia, Gig Young, Etats-Unis, 1969, 120 minutes. 

ImageCalifornie, début des années 1930. Pendant la grande dépression, des dizaines de couples poussés par la nécessité participent à un marathon de danse dans l’espoir de gagner les 1500 dollars du prix salvateur. 

Mais pour certains membres de cette humanité brisée et mélangée comme les débris d’un naufrage, ces semaines de souffrances ne déboucheront que sur le malheur, la folie et la mort…   

ImageCe film tragique m’a mis profondément  mal à l’aise. L’exploitation cynique de la misère humaine à des fins de spectacle dans une atmosphère de cirque, le contraste entre la souffrance des participants à moitié effondrés de fatigue sur la piste et la gaité du public confortablement installé sur les gradins, la montée progressive de l’épuisement physique et nerveux chez des candidats de plus en plus hâves et dépenaillés, suscite un sentiment proche de l’écoeurement. Un effet sans doute voulu par le metteur en scène, mais qui, aggravé par longueur de plan-séquences sur des couples quasi-immobiles, épuisés par des semaines de compétition, finit également par provoquer un certain ennui chez le spectateur.   

ImageDe plus, le film ne présente, par construction pourrait-on dire, aucune séquence séduisante de danse. Celle-ci, en effet, n’y apparaît, en contraste sans doute voulu avec l’image de rêve et de joie de vivre qui lui est en général associée dans la plupart des comédies musicales hollywoodiennes, que comme une source de souffrance infligée à des corps avachis et épuisés. Quant à musique, c’est un florilège de thèmes populaires des années 1930[1]. Qu’ils soient gais ou romantiques, leur caractère d’œuvres de divertissement souligne encore davantage, par contraste, la souffrance des participants au marathon. 

ImageEt pourtant, They Shot Horse, don’t they séduit par sa capacité à donner vie à une grande diversité de personnages, proposant un parcours à travers les figures du malheur humain, et plus anecdotiquement, à travers les ravages de la grande dépression : Robert Syverton (Michael Sarrazin), jeté sur les routes par la crise du monde rural ; Gilda (Jane Fonda), femme désespérée et révolté à force de déceptions et de misère ; Harry Kline (Red Buttons), marin sur le retour dont la débrouillardise affichée n’empêchera pas la fin tragique ; ImageAlice (Susannah York), aspirante-starlette dont les rêves sombreront dans la folie ; James (Bruce Dern), fermier ruiné prêt à prendre tous les risques, avec sa femme enceinte Ruby (Bonnie Bedelia), pour remporter le concours ; enfin, le fascinant Rocky (Gig Young), organisateur cynique et désabusé de la compétition, metteur en scène sans états d’âme de la souffrance humaine, et accessoirement mauvais génie de participants à la dérive. 

ImageBien accueilli à sa sortie par la critique et le public, le film fit l’objet de plusieurs nominations aux Academy Awards, même s’il n’en remporta finalement qu’un : celui, amplement mérité, du meilleur second rôle masculin attribué à Gig Young pour sa remarquable interprétation de Rocky, l’organisateur du marathon. Mais, vu d’aujourd’hui, On achève Bien les chevaux paraît, malgré de réelles qualités dramatiques, trop long, trop lent, et même carrément ennuyeux par moments. 

Pour en savoir davantage sur They Shot Horse, Don’t They ? , consulter la fiche Wikipedia. Pour visionner la bande-annonce, cliquez sur : Trailer.  Pour visionner le film entier, cliquer sur : They1 et They2.

Fabrice Hatem


[1] Citons Easy Come Easy Go, Sweet Sue, Just You, Paradise, Coquette, The Japanese Sandman, By the Beautiful Sea, Between the Devil and the Deep Blue Sea, The Best Things in Life Are Free, Brother Can You Spare a Dime?, I Cover the Waterfront, I Found a Million Dollar Baby, California, Here I Come…

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