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Films musicaux nord-Américains après 1968

Chicago

ImageFiction musicale de Rob Marshall, musique de Danny Elfmann (adaptée de la comédie musicale de John Kander et Fred Ebb), chorégraphies de Rob Marshall, avec Catherine Zeta-Jones, Renée Zellweger, Richard Gere, Queen Latifah, Etats-Unis, 2002, 113 minutes.

Chicago, fin des années 1920 : deux chanteuses de Music Hall, Roxie (Renée Zellgweger) et Velma (Catherine Zeta-Jones) sont emprisonnées pour meurtre passionnel. Leur cynique avocat, spécialiste des grandes affaires criminelles, Billy Flynn (Richard Gere) suggère une stratégie pour leur éviter la potence : attirer l’attention et la sympathie de la presse. Un moyen qui leur permettrait aussi de relancer leur carrière. Mais, comme dans le monde du spectacle, où il faut également séduire les média toujours avides de nouveauté pour survivre, la compétition est rude…

ImageJ’ai beaucoup apprécié ce film, plein d’humour et de rythme, qui superpose sur un monde parodique deux mondes que tout en principe, oppose : celui de la prison et celui du show-business. Chaque étape de la procédure judiciaire (le crime, l’arrestation, la vie carcérale, l’instruction de l’affaire, le procès, l’exécution de la sentence) est ainsi illustrée par une scène de cabaret (When You’re Good to Mama, A Tap Dance, All I Care About…). Dans certains cas, le montage juxtapose même les images de la réalité et celles de leur transposition scénique ou fantasmée (Cell Block Tango, We both Reached for the gun, Razzle Dazzle, Mister Cellophane …), renforçant encore l’idée central du film :  l’univers des medias n’est qu’un vaste music-hall, où l’information est présentée à la manière d’un spectacle, privilégiant le sensationnel et l’anecdotique au détriment de la vérité et de la justice, dans le seul but d’attirer le public…

ImageParmi les réussites les plus spectaculaires de cette mise en miroir permanente entre le monde du show-business et celui de l’information-spectacle, citons l’extraordinaire Block Cell Tango où chacune des meurtrières expose sur le mode de l’humour noir les circonstances de l’assassinat de son compagnon, dans une mise en scène altérnant une flamboyante chorégraphie de Tango avec les images prosaïques du réfectoire de la prison. Ou encore la scène de la plaidoirie, alternant les images d’un tribunal où l’avocat Billy Flynn détruit un à un, de manière particulièrement habile et retorse, les arguments pourtant solides de l’accusation, et celle d’un cabaret où il se livre à un spectaculaire numéro de claquettes, métaphore de son diabolique talent rhétorique.

ImageMais n’oublions pas que deux des principaux personnages du film sont justement censé être… des artistes de music-hall. Ceci permet d’introduire de manière très naturelle un certain nombre de scènes de spectacle, qui apparaissent ainsi comme une composante naturelle de l’intrigue, qu’elles soient réelles (All That Jazz, I Can’t do It Alone, Nowadays, Hot Honey Rag) ou simplement rêvées par ces artistes en mal de gloire (Funny Honey).

ImageLes chorégraphies, érotisées, violentes et provocantes, sont tournées sur un rythme haché et rapide. Elles rappellent parfois certaines scènes du film Cabaret, dont le réalisateur, Bob Fosse, avait d’ailleurs été initialement pressenti pour tourner Chicago, sa mort prématuré conduisant finalement au choix de Bob Marshall.

ImageCatherine Zeta-Jones en femme fatale et séductrice, Renée Zellgweger en blonde platinée égoïste et arriviste, Richard Gere en avocat cynique et manipulateur, Queen Latifah en gardienne-chef corrompue et maternelle jouant le rôle d’imprésario auprès de ses prisonnières, donnent au film une vis comica décalée d’une force exceptionnelle.

Inspiré d’une comédie musicale de Broadway au succès mitigé, Chicago a reçu à sa sortie un excellent accueil du public et de la critique, recevant très nombreuses récompenses académiques. Douze ans après sa sortie, cette parodie grinçante du monde versatile et frelaté des media reste toujours aussi dérangeante et agréable à regarder.

Pour en savoir davantage sur le film, consulter la fiche Wikipedia. Pour visionner la bande-annonce, cliquez sur : Trailer.

Fabrice Hatem

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