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Reflets du cinéma latino-américain

The chicano wave (La vague chicano)

Documentaire de John J. Valades, Etats-Unis, 2011, environ 54 minutes

ImageUn très bon documentaire, troisième volet de la série Latin Music USA, sur la vague de la musique d’inspiration mexicaine aux Etats-Unis à partir des années 1960. Découvrant moi-même cet univers, je vous en présente ici un simple résumé. Doctus cum libro, ou plutôt cum video !!

A la fin des années 1950, la musique mexicaine, dont la présence était déjà forte sur la côte ouest et au Texas, régions de forte immigration chicano, était cependant encore considérée aux Etats-Unis comme un genre mineur, une curiosité folklorique indigne des grandes scènes ou des grands canaux de diffusion. Ritchie Valens (de son vrai nom Richardo Valenzuela) est l’un des premiers à faire bouger les lignes en obtenant en 1959 avec son répertoire Rock’n roll et Country mâtiné d’influences chicanos (Donna et surtout Para bailar la bamba, interprété en espagnol) un immense et éphémère succès, avant de disparaître tragiquement dans un accident d’avion. A la même époque, une convergence commence à se produire dans les quartiers populaires de Los Angeles entre la musique chicano et le Rythm and Blues afro-américain, avec des orchestres comme les Headhunters, The Farrows, ou encore Little Joe and the Latinaires. Mais les artistes de la côte ouest doivent encore masquer leurs origines latinos sous des noms de scène à consonance anglo-saxonne pour être acceptés par le public Mainstream.

Tout change au tournant des années 1960, avec Martin Luther King, le mouvement des droits civiques, l’affirmation identitaire des minorités, puis les vagues Hippie et Protest song. Les artistes abandonnent alors leurs tuxedo et leurs noms d’emprunt pour retrouver leur identité latino et leur langue maternelle. Ils se laissent pousser les cheveux, revêtent des chemises à fleurs, introduisent la batterie et la guitare électrique dans leurs orchestres et interprètent des textes militants contre la guerre du Viet-Nam et les injustices sociales sur des musiques associant folklore latino et pop music. Les Jaguars deviennent Tierra, VIPs prend le nom de Los Chicanos et le groupe de Little Joe s’appelle désormais La familia. Ce dernier connaîtra un immense succès avec Las Nubes, un Protest song dénonçant l’exploitation dont sont victimes les ouvriers agricoles dans les fermes du sud-ouest des Etats-Unis.

Quelques années plus tard, le chanteur Tex-mex Freddy Fender (de son vrai nom Baldemar Huenca) fait un come-back spectaculaire. Après avoir tenté infructueusement dans les années 1960 de percer dans le Rock’n Roll hispanophone et le Country en langue anglaise (malgré le succès son Blues Wasted Days and Wasted Nights), il avait connu la débine : après plusieurs années de prison, il était devenu mécanicien et vivait très pauvrement avec sa famille. A partir 1974, redécouvert par hasard par un producteur de passage dans son garage, il connait un come-back foudroyant, interprétant un répertoire Country anglophone et hispanophone.

La vague chicano prend encore de l’ampleur dans les années 1980 avec du groupe Los Lobos, qui casse toute les barrières de genre, de langue ou de style, en associant Rock, Pop et musique folklorique mexicaine. Le succès de ce Chicano rock auprès de la jeune génération (et pas seulement celle d’origine latino) est immense. De leur côté, des interprètes de musique mexicaine traditionnelle, comme El Flaco Jimenez, font des incursions couronnées de succès vers le Blues, le Rock et la Country Music, enregistrant entre autres avec Bob Dylan. Quant à la chanteuse Pop Linda Ronstadt, elle retrouve la musique de son enfance en enregistrant en 1987 en espagnol un album de chansons mexicaines traditionnelles, Los canciones de mi padre, accompagnée par des mariachis en costume folklorique.

A la fin des années 1980, la musique tex-mex relookée par la pop américaine, ou Tejano, trouve sa reine en la personne de Selena Quintanilla. Mais son début de carrière fulgurant est brisé par son assassinat en 1993 par… la présidente de son fan-club, quelques mois avant la parution de son premier album (posthume, donc) en anglais : Dreaming of you. Un drame qui annonce aussi un certain déclin de la vague Tejano.

Aujourd’hui, le groupe le plus emblématique de la musique chinano est sans conteste Los tigres del norte, composé de musiciens d’origine mexicaine mais installés aux Etats-Unis. Ceux-ci interprètent une musique assez traditionnelle dans sa forme (chansons country accompagnées à la guitare), mais très violente dans son fond : un mélange de Protest song anti-establishment gringo et de chansons dites Recorridos à la gloire des narco-trafiquants, représentés en Robin-des-bois narguant les autorités et la police, comme El Jefe del jefes. J’avoue que j’ai énormément de mal à apprécier ce renversement complet des valeurs !!! Plus exactement, je déteste !!! Alors, je retourne bien vite écouter la gentille Country Music de Freddy Fender. A bientôt !!!

Fabrice Hatem

Pour visionner ce documentaire : http://www.pbs.org/wgbh/latinmusicusa/home/#/en/wat/02/09

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