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Reflets du cinéma latino-américain

Historias que so existen quando lembradas (les histoires n’existent que lorsque l’on s’en souvient)

Fiction brésilienne de Julia Murat, 2011, 98 minutes

ImageDans un petit hameau brésilien, perdu dans les collines et presque déserté, le temps semble s’être arrêté. Coupés du monde, une poignée de vieux  habitants répète, jour après jour, les mêmes rites immuables : la préparation du pain et du café dans une boutique à l’abandon, la messe dans une petite chapelle isolée, le repas en commun avec le prêtre du village. Tous les jours, une vieille femme écrit à la plume une lettre d’amour à son mari, mort depuis des dizaines d’année. L’arrivée d’une jeune photographe va bousculer ces habitudes, rétablissant le cours du temps, de la vie et de la mort.

Premier long-métrage de la réalisatrice brésilienne Julia Murat, ce film possède un certain nombre de grandes qualités. Les images, en particulier, ont fait l’objet d’un travail extrêmement fouillé : long plans extérieurs sur les voies ferrées désaffectées ou sur le vieux cimetière transmettant avec succès le sentiment d’un monde à abandon ; poésie des clichés pris par la photographe qui ressuscitent peu à peu la vie et les sentiments humains. Et l’émotion est forte lorsque des personnages âgés, jusque-là barricadés dans leur silence, confient subitement le deuil secret qui les affecte depuis tant d’années.

Mais la longueur et la répétitivité des plans, destinés sans doute à illustrer l’immobilité du temps, créent assez rapidement un sentiment d’ennui. En conséquence, le spectateur ne s’approprie pas le climat mystérieux que ce choix cinématographique veut créer. Et la présence, dans cet univers figé, de la jeune photographe censée rompre le charme magique avec ses écouteurs ipod et ses téléobjectifs, sonne un peu faux. Bref, la narration ne fonctionne pas très bien et l’on ne comprend qu’avec un certain retard, sans vraiment y croire, ce qu’a voulu dire la cinéaste.

Fabrice Hatem

(Vu au festival Filmar en America atina, à Genève, le dimanche 18 novembre 2012)

www.filmar.ch 

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