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J’ai sauvé Ney à Waterloo

Waterloo, 18 juin 1815, 23 heures

ny1 Cette fois-ci, c’est bien fini. L’armée est en déroute, je ne sais même plus où est mon régiment, le 8ème cuirassier. Pourtant, jamais peut-être nous n’avions fait preuve d‘une telle vaillance : pendant 3 heures, nous avons chargé les anglais devant le bois de Mont-Saint-Jean. Seulement, voila : la chance n’était plus de notre côté. Tout a raté pendant cette maudite bataille, depuis la pluie qui a mouillé la poudre de nos canons, jusqu’à la boue dans laquelle nos chevaux pataugeaient devant les carrés anglais. Ce n’était pas une charge, plutôt une noyade.

ny2 Pourtant, j’ai bien cru que nous allions réussir. Lorsque le cheval de Brussières s’est abattu sur les deux premiers rangs d’un bataillon de hanovriens, j’ai réussi, avec quelques autres, à pénétrer leur carré. Et alors, quel massacre… Avec un peu de chance, une fois la Haye-Sainte prise, nous aurions pu en finir avec eux. Mais alors, la Garde s’est fait aplatir, les prussiens ont débouché sur la droite, et sauve-qui-peut.

ny3 Au bout d’une heure de cette débandade, devinez qui je rencontre, errant tout seul sur le champ de bataille, l’air hagard, l’épée cassé encore dans la main : Ney, le brave des braves en personne. On aurait dit qu’il voulait encore repousser les rosbifs et les prussiens à lui tout seul, tout clopinant qu’il était. Faut dire que pendant toute la journée, il avait fait des prodiges de vaillance, à la tête de notre cavalerie… qu’il a envoyée toute entière ce jour là chez Saint-Pierre soit dit en passant. Mais, de toutes façons, nous étions tous d’accord pour mourir sur un ordre de cet homme-là.

ny5 « Maréchal, que je lui dit, il ne fait pas rester là, c’est fini. Si les prussiens vous prennent, il vous cloueront illico au mur ; c’est leur façon de nous dire le bonjour aujourd’hui ». « Laissez, brigadier, qu’il répond, je préfère mourir que voir l’armée en déroute ». « Soyez raisonnable, Maréchal, on vous veut du bien, l’armée a encore besoin de vous ». Alors, il se laisse prendre en selle et je m’éloigne aussi vite que je peux de cette plaine de malheur. Vers la France et vers le salut.

 

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