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Pourquoi la co-traitance ?

ImageEditeur : cité euro-méditerranéenne de la mode, plaquette 2007

Auteur : Fabrice Hatem

La co-traitance : Pourquoi ?

L’industrie euro-méditerranéenne de la confection s’est historiquement structurée selon un modèle vertical : au nord, le donneur d’ordre détermine les spécifications du produit et fournit la matière première ; au sud, le sous-traitant exécute les tâches demandées en vendant des « minutes de travail ». Avec la co-traitance, on passe à un modèle partenarial où l’ancien sous-traitant participe beaucoup plus activement à la conception du produit, au choix des fournisseurs et à l’organisation de la chaîne logistique, tout en proposant des productions à plus forte valeur ajoutée. Une démarche particulièrement bien adaptée aux circuits courts, à la production de séries limitées et de produits personnalisés.

Cette évolution constitue pour les PME méditerranéennes – et pas seulement d’ailleurs dans le secteur de la confection – un moyen intéressant de transformer une menace et une contrainte en opportunité. La menace, c’est celle que font aujourd’hui peser les pays à bas coûts de main d’œuvre d’Asie sur les productions à faible valeur ajoutée. La contrainte, c’est la volonté des grandes entreprises donneuses d’ordre d’externaliser vers leurs fournisseurs une fraction croissante des coûts de développement et de logistique. L’opportunité, c’est la mise à niveau accélérée que doivent réaliser les PME du sud pour jouer efficacement le rôle élargi qui leur est confié, et qui suppose la maîtrise de nouveaux métiers : sourceurs, stylistes, responsables marketing et logistique…

Mais un tel effort d’adaptation est à la fois difficile et risqué. Pour les PME du sud, il implique un effort financier et un changement majeur de culture industrielle. Pour les donneurs d’ordre du nord, le fait de confier des responsabilités élargies à des partenaires extérieurs implique une dépendance accrue à leur égard, avec des conséquences graves en cas de défaillance. Des risques qui font reculer plus d’un industriel, ralentissant ainsi l’évolution d’ensemble.

D’où l’importance des politiques d’accompagnement publiques. En Tunisie, par exemple, un projet « co-traitance » a été lancée par le Cettex (Centre technique du textile tunisien), en association avec l’Ecole polytechnique et la Faculté des sciences humaines et sociales de Tunis. Le but : partager le savoir, réduire la fracture numérique, mettre à niveau les capacités des PME et développer leur potentiel d’innovation. Quant au projet « co-traitance » ciblé innovation, coordonné par Euromed textile, il concerne les entreprises des deux rives de la Méditerranée. Au programme pour les entreprises du nord : réalité virtuelle, ingénierie simultanée, conception collaborative. Et pour celles du sud, comme Socovet en Tunisie, Perfect Line et La Ville Productions au Maroc : e-sourcing, e-procurement, e-business. L’enjeu : permettre à l’industrie euro-méditerranéenne du textile-confection de mieux résister à la concurrence asiatique en « horizontalisant » les liens existants entre les entreprises des deux rives, c’est-à-dire en transformant une relation fournisseur-sous-traitant relativement instable en un partenariat approfondi et durable.

Fabrice Hatem

 

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