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Danse et danseurs

Pilar et Claudio : refuser les stéréotypes

lasalida49 Editeur : La Salida n°49, juin-septembre 2006

Auteurs : Fabrice Hatem et Francine Piget (propos recueillis par)

Pilar et Claudio : refuser les stéréotypes

Installés à Barcelone depuis 8 ans, Pilar et Claudio y poursuivent leur carrière d’enseignants, de danseurs et de chorégraphes.

Est-ce que des gens laids peuvent être beaux dans la danse ?

Pilar : Qu’est-ce qu’être beau ? Nous sommes envahis par une éducation commerciale, qui répand un prototype de beauté stéréotypé, assimilé par exemple à la jeunesse, qui n’a pas grand chose à voir avec la beauté dans la danse. Dans le tango, est beau ce qui est harmonie, participation, communication : avec le partenaire et avec la musique. Par contre, la danse n’est pas belle lorsque quelque chose est déplacé, par exemple lorsque des gens peu formés veulent faire beaucoup de figures. Il faut chercher la simplicité, pas le baroque, le rococo.

Claudio. Dans le tango, les plus beaux danseurs ne sont pas nécessairement ceux qui ont la plus grande prestance physique. La chose intéressante, c’est la communication des corps à travers l’abrazo. Si le couple a une façon personnelle de danser, tout se transforme alors en beauté. Certains couples professionnels qui n’ont pas le type de beauté physique traditionnelles font pourtant un travail que je qualifierais de beau.

pilar Qu’est-ce que empêche les gens de bien danser ?

Pilar. le manque de conscience corporelle. De fait de pouvoir donner des ordres à chaque partie du corps suppose un entraînement physique auquel les gens pourraient s’astreindre davantage. Il existe des techniques pour cela : feldenkrauss, yoga, etc. D’abord, il faut se connaître soi-même, ensuite vient la conscience musicale et celle de la relation de couple, ensuite la relation avec l’espace. La musique conduit à l’espace. Bien souvent, la dernière chose dont les gens prennent conscience est l’espace de l’autre.

Claudio. Beaucoup voient le guidage comme une succession d’ordres donnés par l’homme, que la femme doit suivre. Mais en fait, c’est une conversation entre l’homme et la femme, et chaque conversation va être différente. Il faut être ouvert à ce que l’autre veut te communiquer. L’homme devrait apprendre le rôle de la femme pour mieux connaitre son registre expressif. Dans la danse, il doit penser davantage qu’elle, mais en fait la femme maîtrise mieux son corps dans le quotidien, va davantage dans les cours de gymnastique et d’expression corporelle.

Propos recueillis par Fabrice Hatem et Francine Piget

Nous avons choisi ces photos, car elles transmettent l’intensité de l’abrazo entre un homme et une femme. Peu importe la différence d’âge : lorsque l’on danse les yeux fermés, on ne voit pas les rides sur un front. L’union entre les deux danseurs crée l’harmonie, dont découle la beauté (photos non reproduites pour l’instant, Ndrl).

 

 

 

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