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Tangueros et tangueras

Viens danser

Editeur : La Salida n°19, juin-septembre 2000

Auteur : Eva Lacarrière

Viens danser, j’ai des choses à te dire. Les confidences d’une hôtesse de l’air

Pour retrouver cet article dans son intégralité, cliquer sur lien suivant : http://lasalida.chez.com/, puis la salida n°19, puis Viens danser.

Eva nous raconte l’histoire de sa rencontre avec un pays : l’Argentine, ou plutôt de celle entre une féministe deuxième génération et le Tango argentin.

Eva a créé à l’université du temps libre de Toulon des ateliers de « tango relationnel », pour aider les personnes souhaitant développer à travers le tango et la méthode de communication de Jacques Salomé leur capacité à communiquer de façon plus personnelle et plus consciente, sur un mode artistique et verbal).   

C’est l’histoire de ma rencontre avec un pays : l’Argentine, ou plutôt de celle entre une féministe deuxième génération et le Tango argentin.

Le Choc entre mon côté « Wonder woman » (« j’assure entre mes deux métiers, formatrice en communication et hôtesse de l’air, mes trois enfants, mon mari et une kyrielle de copines ») et une paire de chaussures à talons aiguilles ; choc entre la jouissance de tout gérer, tout contrôler dans ma petite vie et la découverte du plaisir d’être choisie et de suivre ; choc entre la fierté d’avoir introduit les concepts d’hygiène relationnelle dans mon petit monde et le trouble d’être attirée par cette danse aux aspects machistes ; choc entre l’Européenne que je suis, habituée à demander ou à prendre, et la culture tanguera qui veut que l’Homme invite, propose et que la Femme accepte ou refuse ; choc entre 1,72 mètres et 68 kilos légèrement complexés et des danseurs pas effrayés à l’idée de les faire virevolter.

Mais, après le choc, l’émotion de m’être crue « tigresse » et de m’entrevoir au travers de la danse « petit chat ». L’émotion de me connecter par le mouvement avec ce que je suis et non ce que je croyais être, de m’autoriser la féminité – rien à voir avec une quelconque soumission. L’enthousiasme de constater la possibilité de me brancher directement avec l’autre, pour se dire dans l’intime, d’âme à âme. Quelle découverte pour une bavarde d’être entendue là, dans le plus grand silence, avec juste un air de bandonéon comme support.

Car le tango offre, par sa structure très codifiée, un cadre solide, un âtre permettant au feu d’être accueilli, aux émotions d’être pleinement vécues par les deux partenaires. Le rôle de l’Homme confronte celui-ci à la nécessité d’opérer des choix (pas, directions..) tout en développant l’attention vers sa partenaire afin de la guider. Le rôle de la Femme invite celle-ci à développer son écoute corporelle pour découvrir le plaisir de suivre tout en colorant la danse de sa personnalité et de sa féminité. Sur un air de bandonéon, peu importent alors les différences d’âge, d’origine sociale ou de culture.

Cependant, les différentes étapes de l’apprentissage de cette danse révèlent de façon ludique les tensions, les blocages et les peurs qui se retrouvent dans le quotidien de chacun. Les expériences sont si différentes d’un danseur à l’autre que les outils de communication sont devenus un atout pour décoder tout ce remue-ménage intérieur. Leur efficacité a prolongé mes prises de conscience en changements réels dans mon quotidien.

 

Eva Lacarrière

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