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Musique et musiciens d'hier

Les années de jeunesse de Anibal Troilo

salida42 troilo2 Editeur : La Salida, n°42, février-mars 2005

Auteur : Oscar Himschoot

Les années de jeunesse de Anibal Troilo

 Anibal Carmelo Antonio Troilo naquit le 11 juillet 1914 à Buenos Aires, dans le quartier de Almagro, au n°2937 de la rue José Antonio Cabrera. Son père, boucher, guitariste et chanteur, lui donna le surnom de Pichuco, inspiré de celui d’un de ses grands amis. Troilo fut également surnommé « El gordo « (le gros).

Sa mère, devenu veuve – son père mourut en 1926 – caressait l’illusion de faire de son fils un pharmacien, mais la vocation de bandonéoniste fut la plus forte. Elle comprit qu’il serait vain de le forcer à étudier de qui ne lui plaisait pas, et, rapidement, lui acheta un bandonéon à crédit. Mais elle ne paya que le 4 premières mensualités de 10 pesos, le commerçant ayant cessé son activité sans réclamer le solde.

Troilo fit ses premières études sous la direction de Juan Amendolaro, puis prit ensuite des leçons avec Alfredo de Franco et même quelques-unes avec Pedro Maffia. Il fit ses début comme remplaçant dans un bal du Club « Gymnastique et escrime » de Villa del Parque. Il était encore presque un enfant, mais faisait déjà preuve d’excellentes qualités d’interprète qui allaient s’épanouir les années suivantes.

En 1927, il réalisa quelques interprétations dans un trio également composé de Domingo Sapai au violon et de de Miguel Nijensohn au piano. Mais ses véritables débuts se produisirent lorsqu’il intégra un « Orchestre de demoiselles » au café « Ferraro » à l’angle de l’avenue Córdoba et de la rue Pueyrredón. Puis il rejoignit l’orchestre de Eduardo Ferri, et au cours de la même année 1927, forma un quintet pour jouer dans le cinéma Palace Medrano.

En 1929, il intègra le sextet de Alfredo Gobbi puis rejoignit le pupitre de bandonéons de Juan Maglio « Pacho ». Il avait alors seulement 15 ans et était déjà reconnu comme un excellent interprète du bandonéon.

L’avènement du cinéma sonore priva les musiciens d’une importante source de travail, mais dans le même temps, on vit croître la notoriété des « cafés de tango » comme le Germinal, où Troilo se produisit à ses début et où il revint par la suite avec son propre orchestre. Déjà bien connu dans le milieu musical tanguero, il n’eut pas de difficultés à trouver du travail et il put intégrer différentes formations où il joua avec de très grands musiciens.

En 1931, Ciriaco Ortiz lui proposa de rejoindre l’orchestre « Los Provincianos » avec lequel il enregistra plusieurs morceaux et anima différents dancings de l’époque. Le contact avec Ciriaco Ortiz eut une influence importante sur le « phrasé » dont Pichuco ornait ses interprétations.

En 1932, il intégra le sextet et l’orchestre de Julio de Caro. Il fit également sa première apparition au cinéma dans le film « Los tres berretines ».

Ce fut en 1933 que Troilo écrivit son premier tango « Medianoche » que Charlo interpréta pour la première fois au théatre Fenix de Flores. Il intégra la même année le sextet de Vardaro, avec lequel il tourna dans les films « Radio Bar » et « Muchachos de la cuidad ». En 1934, il joua dans l’orchestre de Angel d’Agostino, puis en 1935, dans celui de Juan d’Arienzo. En 1936, il fit, entre autres, partie du « Quartet de 1900 »

Ce fut au club « Marabú », le 1er juillet 1937, qu’il débuta comme directeur d’orchestre à la tête de la formation « Tipica Pichuco », formé de Ciriaco Ortiz, Toto Rodriguez et Roberto Gianitelli aux bandonéons, Reynaldo Nichele, José Stilman et Pedro Sapochnik aux violons, Juan Fassio à la contrebasse et Orlando Goñi au piano. Le chanteur n’était autre que Francisco Fiorentino.

Le 7 mas 1938, Troilo enregistra pour la maidon Odeón son premier disque avec les thèmes « Comme il faut », de Arolas et « Tinta verde » de Bardi. Le 1er janvier 1940, il fit ses débuts à la radio « El mundo ». L’orchestre, jusque là composé de quatre bandonéons, s’enrichit de la présence d’un petit jeune du nom de Astor Piazzolla qui tient par la suite également de rôle d’arrangeur, et même, parfois, de pianiste.

Le 24 avril 1942, son orchestre inaugura le cabaret « Tibidado », qui allait être pendant des années un des lieux de prédilection de Pichuco. Il participa à la même époque à de grands succès radiophoniques, comme l’émission « Bailando con cocinero », en mars 1943.

Le 1er avril 1943, le chanteur Alberto Marino fit ses débuts dans l’orchestre de Troilo, qui toujours accueillit d’excellents chanteurs : Floreal Ruiz, Tito Reyes, Nelly Vasquez, Edmundo Rivero, Aldo Calderon, Roberto Goyeneche, Elba Beron. Troilo fut également auteur de tangos qui appartiennent à la meilleurs anthologie du genre : « Y no puede Ser », « Toda mi vida », Garua », Pa’que bailen los muchachos », « Naipe », « Maria », « Total pa’que sirvo », « patio mio », « Te llaman Malevo », entre autres.

Pichuco mourut le 18 mai 1975.

Oscar Himschoot

Pour en savoir plus sur Anibal Troilo : /2006/08/12/le-musicien-anibal-troilo/

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