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Entre autoritarisme et chaos

Journal d’un confiné-qui sont les victimes économiques du confinement ?

6 avril 2020

Les victimes économiques du confinement, ceux qui prennent de plein fouet l’arrêt de leur activité professionnelle, ce sont finalement les gens libres et autonomes, ceux qui avaient pris au pied de la lettre la promesse d’une société fondée sur la liberté d’entreprendre. Et ce sont aussi, accessoirement, ceux qui donnaient vie et couleur à nos rues.

Ce sont les petits restaurateurs, les libraires, les droguistes, les coiffeurs, les prostituées, les tenanciers de bistrots, les profs de danse, les fleuristes, les patrons de théâtres indépendants ou de salon d’esthétique, les petits artisans de quartier, bref tous ceux qui vivaient dignement de leur travail sans toucher un sou de subventions publiques et sans bénéficier d’un CDI.

C’étaient des millions de gens dignes, courageux et utiles qui tenaient debout tout seuls, sans dépendre d’une grande structure. Et qu’on a transformés, d’un coup de baguette pas magique du tout, en chômeurs allocataires d’une aide publique misérable (s’ils arrivent à la toucher un jour d’ailleurs).

Par contre, tous ceux qui étaient salariés d’une structure plus solide (grande entreprise, administration…) passeront la crise avec moins de difficultés.

A ceux-là, je ne leur jette bien sûr pas la pierre, d’autant que j’en fais moi-même partie. Je constate simplement qu’ils sont les acteurs d’une économie dominée par de grandes structures oligopolistiques, c’est-à-dire d’une économie massifie, anonymisée et qui a largement perdu sa dimension humaine. Au contraire, les travailleurs indépendants, dont l’activité reposait sur un micro-réseau de relations personnelles vivantes et chaleureuses, ont été crucifiés par le confinement, et beaucoup sans doute n’y survivront pas.

Au-delà de l’épouvantable crise économique qu’il va provoquer, le confinement accélère donc la liquidation d’une économie de proximité, à taille humaine, au profit des grandes structures mondialisées. Et ceci d’ailleurs, au moment même où nos gouvernements, pour faire plaisir aux écolos sans doute, annoncent justement leur volonté de revitaliser cette économie de proximité déjà bien mise à mal par le e-commerce, les supermarchés et les multinationales.

Plutôt que de lancer des plans bidons de revitalisation du petit commerce de centre-ville, il aurait peut-être mieux valu commencer par ne pas le mettre à mort en ordonnant brutalement la fermeture de toutes les boutiques….

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