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Entre autoritarisme et chaos

Journal d’un confiné : Il faut un prétexte (et un bouc émissaire)

Pour faire un bon régime totalitaire, il faut bien sûr, une police féroce, des juges obéissants, des camps de déportation gigantesques, une propagande omniprésente. Sans oublier une promesse magnifique de lendemains qui chantent.

Mais, par-dessus tout, il faut un prétexte. Un prétexte, c’est une bonne raison pour expliquer les échecs du régime, pour justifier la mise en œuvre incessante de nouvelles dispositions liberticides, et pour discréditer les opposants.

Par exemple, sous le régime stalinien, le prétexte, c’était l’agression permanente à laquelle se livraient les régimes capitalistes (et leurs alliés trotskystes) contre la patrie du socialisme.

Sous le régime hitlérien, le prétexte, c’étaient les menées ténébreuses de la banque juive cosmopolite anglo-saxonne et les agressions du judéo-bolchévisme.

Dans le roman 1984, de Georges Orwell, le prétexte, c’est la lutte contre le régime honni de l’Océania et le traître Emmanuel Goldstein.

Et aujourd’hui, En Iran, c’est la lutte contre l’impérialisme américain et le sionisme.

Le problème des apprentis-dictateurs de l’Europe libérale-Maastrichienne, c’est qu’ils n’avaient pas encore vraiment de prétexte sous la main. Les juifs ou les immigrés ? Cela va contre leurs convictions multiculturalistes. La banque internationale ? C’est eux. Une bonne guerre avec le voisin ? Cela va à rebours de leur pacifisme affiché, ils n’ont plus vraiment d’armée et Poutine est trop dangereux. Il y a bien eu le terrorisme qui avait permis de passer quelques bonnes petites lois liberticides, mais enfin, cela restait tout de même un phénomène limité. Il fallait quelque chose de plus frontal.

Quel prétexte trouver, alors, pour révéler le potentiel totalitaire des démocraties européennes modernes ? On sentait bien qu’il se préparait quelque chose du côté du réchauffement climatique. Après quelques été un peu trop chaud, on aurait bien fini par instaurer l’état d’urgence, par rationner l’eau ou l’air, par empêcher les gens de circuler… Bref, par détruire nos libertés en punissant durement les traîtres à la cause qui auraient osé boire un verre d’eau en cachette ou aller respirer un bol d’air (pas trop) frais sur la colline. Ça se préparait doucement…

Et puis, arrive le miracle, sous la forme d’une épidémie. Epidémie, soit dit en passant, beaucoup moins meurtrière que tant d’autres qui se sont succédé au cours de l’histoire humaine. Mais qu’à cela ne tienne, la vie est sacrée n’est-ce pas, alors on va utiliser la peur des gens et la promesse de la protection étatique comme un prétexte à l’établissement de la dictature. Si on arrive à bien contrôler les gens par la peur, on peut en effet arriver à leur faire gober n’importe quoi : les obliger à rester enfermés chez eux ; les empêcher de gagner leur vie et d’aller baiser leurs copines ;  punir de lourdes amendes (voire de prison) ceux qui désobéissent à ces interdictions insensées ; bientôt les spolier de leur épargne sous prétexte de solidarité (si, si, ça nous pend au nez, c’est évident !!!).

Et malheur à celui qui dénoncerait cette manipulation !!! En diffusant des fausses nouvelles, en niant la gravité de l’épidémie, en remettant en cause la pertinence des mesures prises pour l’enrayer, cet individu abject, cet ennemi du peuple, mérite-il autre chose que notre mépris et notre haine ? l’Etat ne doit-il pas agir pour l’empêcher de poursuivre son action de sabotage contre la santé publique ? Vite, vite, arrêtons-le pour le mettre hors d’état de nuire, lui et ses semblables !!

Ca y est, je suis devenu le bouc émissaire !!!!

Comme Trotsky. Comme Goldstein. Comme Rothschild.

Ah !! On y est arrivé, quand même !!!

(Texte rédigé le 28 mars 2020)

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