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Poésies en Vrac

Bibliophilie

Par les femmes dont je fus l’élève
J’ai appris à lire en chemin
Déchiffrant tendrement leurs lèvres
Ou leur laissant guider ma main.

A Montmartre m’initia Claire.
Dans son regard toujours changeant,
Je déchiffrais à livre ouvert
L’almanach de ses sentiments.

A Nice, Anne était déjà mûre
Son cou semblait un parchemin
Mais quand elle défit sa ceinture
Le reste était encore très bien.

Maya m’enseigna son Codex
Au bout d’une nuit de salsa
Dans les caves d’un restau tex mex
Sur les hauteurs de Bogota.

Lili, ma docte pékinoise
Me fit lire le Jin Ping Mei
Et goûter ses lettres chinoises
Sous les étoiles du Hebei.

La copte Sarah, ma muse
Me dévoila ses hiéroglyphes
Derrière un champ de papyrus
Aux environs de Beni Suif.

Lors de portègnes aventures
Sylvia m’ouvrit son palimpseste :
Alors, après quelques ratures
J’y écrivis mon propre texte.

Julia vivait un tas d’histoires
New-yorkaises et compliquées
Son cœur était comme un grimoire
Qu’on lit avec difficulté.

Lise était encore inédite
A Genève, je coupai sa page
Elle souffrit, la pauvre petite
Mais pouvais-je rester plus sage ?

J’ouvris aussi des incunables,
Des talmuds et des manuscrits
Je fus un lecteur insatiable
Du beau livre où s’écrit la vie.

Par les femmes dont je fus l’élève
J’ai appris à lire en chemin
Déchiffrant tendrement leurs lèvres
Ou leur laissant guider ma main.

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