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Entre progressisme et populisme

Crise de la société française : c’est super-simple à comprendre au fond !!!

Au fond, la crise de la société française, c’est super-simple à comprendre. C’est comme une recette de cuisine ratée ou une formule de chimie explosive.

Vous prenez trois ingrédients :

1) Une population aisée à haut niveau d’études des centre-ville qui a plutôt bénéficié de la mondialisation, est pour l’essentiel à l’abri de la plupart des menaces qui sont associés, et exprime sur les enjeux de société une vision optimiste, libérale et progressiste parfois à la limite de l’utopie ;

2) Une population d’origine immigrée à faible niveau scolaire et culturel, en grande majorité musulmane, regroupé dans des quartiers en majorité – mais pas tous – situés dans les banlieues pauvres des grandes villes très touchés par la crise, et dont la jeunesse est en grande partie en voie de désaffiliation par rapport aux valeurs de la république laïque et tentée par le repli sur un communitarisme conservateur et vindicatif ;

3) Une population française autochtone à niveau d’études faible ou moyen, reléguée dans des zones périphériques lointaines ou rurales dévastées par la crise, taraudée par la peur du déclassement social et par le sentiment d’une menace identitaire, culturelle et sécuritaire liée à la trop grande rapidité d’évolutions qui précarisent les protections et avantages dont elle bénéficiait antérieurement.

Mettez maintenant au milieu de ces trois groupes l’institution en principe en charge de produire du lien social, à savoir l’Etat français. Imprégné d’une vieille tradition interventionniste relookée par le progressisme des bobos urbains qui depuis des dizaines d’années sont à ses commandes, il va se faire le porteur de toutes une série d’injonctions pseudo-modernisatrices (libéralisme économique, relativisme moral, égalitarisme diversitaire, ouverture à l’international…) perçues comme autant d’agressions par les fractions les plus fragilisées et/ou conservatrices de la société (groupes 2 et 3 donc). Tout ceci s’accompagnant également d’une hausse de la pression fiscale pour financer des interventions toujours plus diverses et contestables ainsi que d’une production continue de nouvelles lois et d’interdictions de toute sortes.

Mais le problème, c’est que cette promesse utopique de l’Etat émancipateur (un monde plus ouvert, plus juste, plus propre, plus libre) n’est finalement pas tenue (comme d’ailleurs toutes les promesses utopiques) ; ou bien débouche sur de nouvelles formes de chaos du fait de la destruction des facteurs de cohésion sociale résultant d’ailleurs en partie de la mise en œuvre ces politiques (autorité, famille, école, valeurs républicaines, etc.).

Le groupe 3) se trouve ainsi pris en tenaille entre l’accroissement des obligations de toutes sortes (fiscales, légales, etc.) auxquelles il est soumis, l’intensification d’une concurrence étrangère (immigration, importation) à laquelle il est exposé sans défense, et le démantèlement ou l’affaiblissement des protections et services (école, hôpital, transports publics, police, etc.) dont l’Etat le faisait autrefois bénéficier en échanges de (lourds) impôts.

Le groupe 2) souffre également, du fait notamment de son arriération éducative et culturelle qui le rend peu adaptable, mais son repli communautaire lui permet d’échapper à certaines des contraintes liées aux règles républicaines dont il s’est en partie désaffilié, tandis qu’il bénéficie de transferts sociaux massifs.

Enfin, le groupe 1), retranché dans les quartiers coquets de cœur métropolitain, trouve que tout va bien puisqu’il bénéficie à plein des avantages de la mondialisation (patrimoine dopé par la hausse des prix de l’immobilier, consommation de produits importées à faible prix, etc.).

Quant aux relations entre les trois groupes, elles sont marquées par une coupure profonde et une ignorance réciproque balançant entre l’indifférence et l’antagonisme ouvert :

1) Les membres du groupe 1 méprisent les deux autres groupes. Ce mépris s’exprime de manière ouverte par rapport au groupe 3 (« beaufs », « lepenistes », « racistes », etc.) et de manière plus subtilement paternaliste vis-à-vis du groupe 2 qu’il renonce à hisser au niveau des valeurs républicaines communes au nom du respect de la diversité. On déguise ainsi, par un simulacre hypocrite, un échec de la modernité en triomphe du multiculturalisme – ce qui n’empêche pas d’ailleurs les bobos progressistes de tout faire pour scolariser leurs enfants dans des établissements protégés de ce qu’il n’appelleront jamais « la racaille de banlieue « (tout en le pensant très fort au fond d’eux-mêmes).

2) Une fraction importante des membres du groupe 2 éprouvent un sentiment d’hostilité diffus vis-à-vis des deux autres groupes, puisqu’ils sont constitués à leur yeux de « gaulois mécréants et racistes dirigés par les juifs ». Cette détestation s’exerce d’ailleurs paradoxalement bien plus à l’égard des membres du groupe 1, plutôt bien disposé envers eux, mais dont le libéralisme moral les exaspère, que de ceux du groupe 3, plus proches d’eux par leur conservatisme spontané même si leur animosité à leur égard est aussi plus directement palpable.

3) Le groupe 3 est taraudé a) par un fort sentiment de rancœur vis-à-vis du groupe 1, accusé (à juste titre) de ne rien comprendre à leurs problèmes et de les avoir politiquement trahi et b) par un sentiment d’hostilité vis-à-vis du groupe 2), considéré comme une menace culturelle, identitaire et sécuritaire.

Donc, que pensez-vous qu’il va se passer ? Eh bien, en l’absence de forces de rappel, une poursuite voire une accélération de cette « dérive des continents sociaux », facteur de fragmentation accrue de la société française en trois B. Les bobos des centre-ville vont continuer à vanter les mérites de l’écologie, de la diversité et à bénéficier des plaisirs de la mondialisation tout en votant LREM ; une partie des beurs de banlieue va poursuivre son repli communautaire et religieux sous la houlette d’imams moralisateurs et de grands frères pratiquant l’intimidation ; 3) enfin, les beaufs de la grande périphérie, en état pré-insurrectionnel, vont hésiter entre le retrait civique et social, la guérilla à bas bruit et des votes populistes de droite ou de gauche de moins en moins aisés à distinguer (je suis frappé à cet égard par la proportion énorme d’électeurs LFI prêts à voter RN en cas de duel avec LREM).

Ce qui signifie qu’en fin de compte, ben la France elle va juste imploser si on ne réagit pas très vite.

Et pour comprendre ça, il n’y pas besoin de lire 25 bouquins de Guilluy, Fourquet ou Bensoussan… qui d’ailleurs disent tous la même chose que moi, en plus détaillé et mieux écrit quand même (mais moins rapide à lire, eh ,eh).

 

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