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Entre autoritarisme et chaos

La France est-elle encore un pays de liberté ? Nos droits fondamentaux sont-ils menacés ?

Il y a encore 5 ans, cette question aurait pu sembler incongrue.

Mais aujourd’hui, elle ne l’est malheureusement plus.

La liberté n’est jamais définitivement acquise. L’histoire montre au contraire que sa défense contre ceux qui veulent l’attaquer constitue un combat quotidien.

Je pense malheureusement qu’aujourd’hui, ce combat est particulièrement d’actualité en France, compte des atteintes multiples, et de gravité croissante, qui ont été portées au cours des années récentes à nos libertés publiques et individuelles.

Atteintes toujours justifiées, dans la rhétorique de leurs auteurs, par toutes sortes de causes nobles, parfois d’ailleurs légitimes, comme la lutte contre le terrorisme, le racisme, le mal-logement, les inégalités, la protection de l’environnement…

Mais la conséquence in fine de toutes ces intentions généreuses, ce sont finalement nos libertés qui sont attaquées et réduites d’une manière convergente.

Je rappelle à ce sujet que les droits et libertés fondamentales se divisent en deux groupes : les libertés individuelles et les libertés publiques.

Les libertés (et droits) individuelles concernent notamment les domaines suivants : dignité de la personne (droit de disposer de son corps, etc.) ; droit à la vie privée et à l’intimité ; droit et liberté d’aller et venir ; droit de la propriété ; liberté d’entreprendre ; liberté d’opinion ; liberté de culte ; droit de grève ; liberté de création artistique ; droit à la sûreté.

Les libertés et droits collectifs concernent : la liberté de réunion ; la liberté de la presse ; la liberté d’association ; le droit de manifester. [1]

Je pense que plusieurs de ces droits fondamentaux ont fait récemment l’objet d’attaques assez graves, sous des prétextes parfois légitimes, parfois totalement discutables. J’en sélectionnerai 8 parmi les plus préoccupantes, par ordre croissant – selon moi – de gravité : liberté d’entreprendre ; droit et liberté d’aller et venir ; dignité de la personne ; droit à la vie privée et à l’intimité ; droit de la propriété ; droit à la sûreté et à la sécurité ; liberté d’opinion ; liberté d’association.

Commençons donc par la liberté d’association – et tout particulièrement, la liberté de fonder un parti politique.

Celle-ci, direz-vous est apparemment plus que garantie par la loi. Sauf que des conditions légales extrêmement strictespèsent aujourd’hui sur le mode de financement des partis politiques, rendus par la même occasion largement dépendant des subsides publics. Au point qu’il devient extrêmement difficile pour ceux-ci de financer leurs activités sans procéder à quelques jongleries avec les règles. Ils se mettent donc potentiellement en permanence, par la force des choses, sous le coup de la loi. Et, pour peu que leur trésorier fasse preuve d’un peu de maladresse, il devient donc assez facile de mettre en évidence quelques fautes juridiques dans leur gestion financière.

N’importe quel pouvoir en place – ou n’importe quel groupe de pression bien introduit auprès des magistrats de leur bord politique – a donc la possibilité de faire apparaître assez facilement, par une enquête bien diligentée par des juges acquis à la cause, l’existence de fautes plus ou moins graves. Ceci permet alors, par une utilisation formellement correcte de la loi, mais qui constitue sur le fond un abominable abus de pouvoir, de criminaliser les dirigeants du bord politique rival, de les mettre en procès et, sous des prétextes souvent mineurs, de mettre financièrement à genoux le parti auquel ils appartiennent. Sous le faux-semblant d’une faute vénielle dans la gestion financière de ce parti, on commet alors le crime impardonnable de porter atteinte au libre fonctionnement de la démocratie !!!

Voilà comment un ancien Président de la République se retrouve mis en garde à vue sans même être un tant soit peu soupçonné de corruption personnelle, simplement parce que les comptes de sa campagne ont été, certes, gérés avec légèreté !!! Voilà comment on bouleverse les résultats d’une campagne présidentielle en montant une campagne de presse autour de soupçons, dûment montés en épingle, concernant l’utilisation de son enveloppe parlementaire par un candidat qui n’avait jamais fait, pendant ses 5 années au pouvoir en tant que Premier ministre, l’objet d’aucune accusation de corruption !!!

Le même type de dérive s’est récemment produit – et de manière encore plus violente et scandaleuse – autour de l’utilisation par le Rassemblement national des sommes allouées par la Communauté européenne au titre de ses assistants parlementaires. Que reproche-t-on en effet à ce parti ? D’avoir gaspillé cet argent en dépenses somptuaires ? De l’avoir détourné à des fins privées ? Non !! On lui reproche d’avoir considéré que ces sommes, destinés à financer le salaire de collaborateurs de députés européens, pouvaient être consacrées à financer le salaire de collaborateurs du RN dans le cadre de missions plus larges.

Mais pour qui comprend tant soit peu le fonctionnement d’un parti politique – en particulier du RN, très engagé dans une critique frontale des politiques bruxelloises – comment ne pas comprendre, avec un tant soit peu de bon sens et d’honnêteté intellectuelle, que les deux choses ne peuvent être séparées ? Si le salaire versé par Bruxelles sert à payer un conseiller chargé d’écrire à Marine le Pen des discours dénonçant la gabegie des fonds européens et les diktats de la Commission, cela n’est-il pas parfaitement légitime, même si ledit conseiller est basé à Paris ? Il s’agit bien d’enjeux communautaires, non ? Et la réaction de ladite Commission consistant justement à criminaliser, sous des prétextes plus qu’oiseux, ce parti qui la critique, ne peut-elle alors être entachée d’un fort soupçon de partialité ??? Certes, les gestionnaires de l’ex-FN ont vraisemblablement commis une faute formelle par rapport aux règles d’utilisation des financements communautaires. Mais il n’ont commis aucune faute, en agissant ainsi, sur le plan des principes politiques. Et chercher à anéantir financièrement leur parti pour cela, comme tente actuellement de le faire la Commission et ses juges, constitue simplement un abus de pouvoir et un détournement du droit.

Mais il y a pire : surenchérissant sur ce premier abus de justice, la justice française a décidé en juillet dernier de geler le versement à ce parti de sommes dues par l’Etat français, au prétexte étrange, que ce parti risquant d’être condamné à rembourser 7 ou 9 millions d’euros à Bruxelles, il pourrait être tenté de faire disparaître ces fonds pour se soustraire à ses obligations pénales. Moyennant quoi, le RN risque effectivement d’être mis en faillite. Une décision non seulement contestable en droit, mais qui surtout porte une atteinte gravissime au fonctionnement de notre démocratie, en menaçant purement de liquidation, sous des prétextes soit fallacieux, soit tout à fait secondaires par rapport à aux enjeux suprêmes de libertés publiques, le premier parti d’opposition de France. Sous un prétexte spécieux, dans le cadre d’une affaire même pas encore jugée, les décisions arbitraires des juges portent ainsi un coup gravissime à notre vie démocratique. Bref, c’est à la fois un abus de pouvoir et un détournement du droit à des fins politiciennes : les prétextes baroques employés pour bâillonner les opposants n’ayant ici rien à envier à ceux utilisés dans le Vénézuéla de Maduro, la Russie de Poutine ou la Turquie d’Erdogan…

Parlons, maintenant, de liberté d’expression. Tiens, curieusement, le premier exemple qui vient à l’esprit de ces attaques de plus en plus violentes, concerne, encore une fois le RN. En cause, la publication en 2015 par Marine le Pen et Jean Claude Collard, dans le contexte d’un débat un peu vif avec le journaliste jean Claude Bourdin de BFM TV, de vidéos montrant les crimes abominables commis par Daech. Quoique que n’approuvant pas, personnellement, cette initiative un peu maladroite et provocatrice, je m’insurge contre la pantalonnade à laquelle celle-ci a servi de prétexte : montant un épingle un comportement un peu irréfléchi, les milieux dits « anti-fascistes » ont eu beau jeu de mobiliser une loi qui n’avait à peu près rien à voir avec le sujet, et visant à réprimer la diffusion de contenus à caractère pédopornographiques, violents, ou incitant au meurtre, pour mettre en accusation ces deux personnalités politiques sous des prétextes incongrus. Comme si elles avaient elles-mêmes diffusé ces vidéos pour en faire l’apologie, et non pas au contraire, pour dénoncer la violence abjecte dont elles sont porteuses !!! Moyennant quoi, on prend prétexte d’une banale passe d’armes médiatique pour priver ces députés de leur immunité, les traîner devant les tribunaux pour des prétextes grotesques, et les soumettre à des expertises psychiatriques comme dans une quelconque dictature persécutant ses opposants par tous les moyens !!! L’abus de pouvoir, l’hypocrisie dans le détournement des lois est ici tellement fragrante qu’elle ferait presque rire si elle ne faisait pas peur !!! (soit dit en passant, il suffit de faire 5 minutes le tour du web pour trouver de telles horreurs, diffusées massivement, et cette fois dans un but évident d’apologie, sans que leurs auteurs soit en aucune façon poursuivis !!!). Bref on poursuit au nom de la lutte contre un crime affreux ceux qui dénoncent ce crime affreux en le montrant !!! Bel exemple de syllogisme anti-démocratique !!

Et si c’étaient seulement de sales petits fachos qui disaient cela !! Non, parmi ceux qui dénoncent cette guignolade, il y a non seulement des juristes éminents, mais Jean-Luc Mélenchon lui-même. Alors, si c’est le Leader Maximo des Insoumis qui le dit….

Mais cette affaire au demeurant gravissime n’est que la partie visible d’un mouvement beaucoup plus large qui vise à criminaliser, au nom du politiquement correct, toute une série d’opinions que l’on peut contester certes, mais qui me semblent parfaitement dignes d’être émises : pourquoi un croyant n’aurait-il pas la droit de penser et de dire que l’homosexualité est un péché ? Un habitant de Calais ou de la Porte de la Chapelle, que l’immigration incontrôlée est génératrice de chaos ? Un catholique pratiquant, que le mariage ne doit unir qu’un homme et une femme, et que l’avortement est un crime contre la vie ? Un chinois habitant Belleville, que la quasi-totalité des agressions commises contre sa communauté sont le fait d’autres minorités visibles issues de l’immigration et non de français dits « de souche » ? Un musulman pratiquant, de dire que la place de la femme est de s’occuper des enfants à la maison parce que Dieu le veut ? Un mélomane épris de musique classique, que la civilisation européenne a atteint des sommets artistiques jamais égalés par aucune autre au cours de l’histoire humaine ? Un juif de dire que l’écrasante majorité des graves actes antisémites commis en France contre ses coreligionnaires est le fait de personnes de confession musulmane ? On peut être d’accord ou non avec ces idées et ces affirmations, chercher à les contredire ou à les démentir si l’on veut, mais vouloir en empêcher l’expression est simplement un crime contre la liberté de pensée et d’opinion. A fortiori, vouloir d’emblée lutter contre certaines d’entre elles dès l’école, dans le cadre de cours dits « d’éducation sexuelle » aux allures de conditionnement idéologique (visant par exemple à « déconstruire les préjugés homophobes et sexistes »), me semble être purement et simplement un crime à bas bruit contre la liberté de conscience.

Quant au projet de la loi sur les fake news, quelle atteinte terrifiante à la liberté d’expression !!! Voilà qu’un candidat à une élection pourra demander à une juge d’interdire la diffusion d’une nouvelle l’incriminant, y compris par la fermeture immédiate du média en question, si le juge estime qu’il s’agit d’une « information fausse » !!! Mais sur quelle base jugera-t-il alors de la pertinence de la requête ? Dispose-t-il la science infuse pour juger qu’une information récente et nouvelle, sur un sujet qu’il ne connaît pas, contient ou non une part de vérité ? N’est-ce pas ouvrir ici les portes de l’arbitraire ? Exactement comme lorsqu’Erdogan fait interdire des médias et emprisonner des journalistes accusant sa famille de corruption ? Et ce alors même qu’il existe d’ores et déjà dans la législation française un arsenal parfaitement opérationnel d’outils juridiques permettant de sanctionner les diffamateurs et propagateurs de fausses rumeurs, et ce dans le respect des libertés fondamentales.

Et encore une fois, ce ne sont pas seulement des sales petits réacs qui le disent, mais notre grand Leader Minimo, Jean-Luc 1er.

Et, pendant ce temps-là, on laisse se diffuser librement sur le web, à portée de clic et avec des auteurs parfaitement identifiables, les contenus antisémites et racistes les plus abjects, dûment accompagnés d’appels au meurtre, en principe punissables de longues peines de prison, mais sans que personne ne les poursuive…

Passons maintenant au droit à la sureté et la sécurité. L‘interprétation constante qui a été faite de ces droits par les gouvernements dit « progressistes », au cours des 40 dernières années a consisté à rechercher une meilleure protection des citoyens et des justiciables contre l’arbitraire de la police et de la justice, en multipliant les garde-fous contre les abus de pouvoir, en renforçant les droits de la défense, etc. Initiatives partant certainement d’un bon sentiment, mais qui dans la pratique, ont simplement conduit à accroître de manière considérable la complexité et le coût des procédures tout en compliquant le travail des policiers et des juges. Cette évolution n’a pas échappé aux délinquants, qui en ont conclu à juste titre que leurs risques d’être arrêtés et punis s’en trouvaient réduits. Cela a contribué, aux côtés d’autres causes plus profondes, à une explosion de la délinquancepetite, moyenne et grande, qui a fini par menacer un autre droit : celui des gens paisibles et honnêtes à vivre en sécurité à l’abri des voyous, des assassins et des voleurs. Au point que certaines zones de non-droits, dans les quartiers populaires, sont aujourd’hui devenues littéralement invivables pour les honnêtes gens, au mépris de l’égalité républicaine.

Et encore une fois, ce n’est pas un sale petit réac qui dit cela, ce sont les élus communistes du 93…. Si c’est l’avant-garde de la révolution prolétarienne qui l’affirme, alors…

Passons maintenant au droit de la propriété. Je me permettrai pour les besoins de ma démonstration d’élargir un peu cette notion par rapport à son acception courante, en y intégrant le droit à jouir, non seulement de ses biens, mais aussi du produit de son travail.

Comment ne pas voir à cet égard que l’augmentation continue des prélèvements sociaux et fiscaux, pesant en particulier sur les populations les plus actives et productives, à revenus relativement élevés (entrepreneurs, professions libérales et indépendantes, cadres supérieurs…), a progressivement créé une situation s’apparentant à une spoliation de fait ?

Considérons par exemple la feuille de paie d’un cadre moyen-supérieur marié, avec une conjointe un peu moins bien rémunérée et un enfant à charge, et touchant un salaire net de 5000 euros par mois, sans autres revenus. Ce salarié coûtera à l’entreprise, compte tenu de tous les prélèvements sociaux, un peu plus de 10000 euros par mois. Il touchera par contre, une fois défalqué son impôt sur le revenu, un salaire net de l’ordre de 3500 euros. Ceci signifie que son « coin fiscal », c’est-à-dire la différence entre son revenu net d’impôts et son coût total pour l’employeur, est de 70 % environ. Bref, pour qu’il touche un euro net, son patron doit en verser 3, dont deux à l’Etat. Qu’un tel écart soit un facteur évident de baisse de l’emploi (le patron se trouvant découragé d’embaucher et le salarié potentiel de travailler) constitue une première et aveuglante évidence.

Mais ce n’est pas l‘objet de mon post d’aujourd’hui. Son objet, c’est de constater que les travailleurs – tout particulièrement ceux appartenant aux catégories moyennes et supérieures – se trouvent ainsi spolié par ces énormes prélèvements du droit de jouir librement du fruit de leur propre travail. Et il ne s’agit pas là d’une simple « atteinte à leur pouvoir d’achat ». Le mal est beaucoup plus profond. En fait, c’est simplement leur liberté de faire ce qu’ils veulent avec un argent honnêtement gagné qui leur est contestée. Ne pas partir en vacances vers la destination de leurs rêves ; ne pas acheter la petite maison dont ils avaient tant envie ; ne pas pouvoir sortir dans un bon restaurant avec ses amis ; ne pas pouvoir offrir à ses enfants les études dont ils ont besoin : voilà quelles sont, pour les « vraies » gens, les conséquences concrètes de la spoliation fiscale. Une intrusion constante, oppressive, limitative, dans la vie quotidienne comme dans les grands projets de l’existence. Des travailleurs-esclaves invités à rogner sur leurs espoirs et à réprimer leurs désirs pour nourrir la voracité de l’Etat-Moloch.

Mais quand on considère maintenant la situation du petit propriétaire immobilier, les choses sont encore bien pires, comme le montre l’article joint en lien. En fait, ce cas, c’est carrément le principe même du droit de propriété qui se trouve affaibli, voire carrément bafoué, par l’ensemble des évolutions fiscales, législatives et réglementaires de ces dernières années : augmentation des impôts fonciers et autres taxes d’habitation (au moins sur les plus hauts revenus) finissant par prendre l’aspect d’une sorte de « loyer fiscal » pesant sur le propriétaire ; prélèvements fiscaux de plus en plus lourds sur les loyers, ayant pour conséquence que près de la moitié en moyenne d’un loyer versé par un locataire à son bailleur privé est en fait payé à l’Etat (en d’autre termes, que le vrai exploiteur des locateurs, ce n’est pas le propriétaire bailleur honni, mais l’Etat prédateur qui de plus ose prétendre protéger les pauvres locataires exploités) ; multiplication des contraintes réglementaires concernant l’entretien des locaux, leur mise en conformité énergétique et sécuritaire, le tout assorti bien sûr de toutes sortes de menaces pénales et de malus fiscaux ; lois faussement protectrices de l’occupant (procédures d’expulsion très longues et compliquées, y compris pour des squatteurs sans titre ; encadrement des loyers) qui constitue une entorse évidente à la protection du droit de propriété (car à quoi sert de posséder un bien en titre si on ne peut faire valoir ce droit pour en expulser des occupants illégitimes ?). Bref, c’est un mouvement à bas bruit, qui, sans le dire vraiment, démembre pièce par pièce toutes les composantes concrètes du droit de propriété (au point que ce terme même finit pas sembler un peu vieux jeu et réactionnaire).

Certaines catégories de population (par exemple les cadres supérieurs également propriétaires bailleurs) se trouvent ainsi confrontés du fait de leurs revenus jugés trop élevés à un invraisemblable cumul d’exceptions défavorables, de déni de droits, de progressivité des dégrèvements et de dégressivité des allocations. Au point que l’on peut se demander si, par les excès de la fiscalité redistributive, ce n’est pas le principe même de l’égalité devant l’impôt qui se trouve violé par ce biais systématique, aux allures de spoliation, en leur défaveur.

Passons maintenant au droit à la vie privée et à l’intimité. Celui-ci se trouve aujourd’hui menacé, de manière frontale, par la multiplication des technologies de la surveillance, extrêmement invasives et puissantes : surveillance vidéo, bornage des portables, surveillance du Web… Bref, il ne sera bientôt plus possible de se livrer au geste le plus anodin de l’existence sans que le Moloch sécuritaire n’en soit informé… Une des conséquences en étant qu’il deviendra plus difficile pour le citoyen de base de prendre de petites liberté avec la loi (micro-fraude fiscale, stationnement interdit, petites entorses au code de la route, etc.), ceci ayant pour aboutissement mécanique d’accroître le poids du contrôle et de la répression étatique pesant, à législation inchangée, sur les épaules de chacun d’entre nous…

A cela s’ajoutent évidement les dispositions des nouvelles lois antiterroristes, offrant à la police des moyens d’intervention accrus (par exemple en matière de perquisitions domiciliaire). Des évolutions certes justifiées par les enjeux sécuritaires, mais qui finalement pèsent également sur les libertés fondamentales des citoyens honnêtes. Une évolution liberticide dénoncée, entre autres, par la Ligue des droits de l’homme.

A cela s’ajoute une autre évolution inquiétante, que je ne sais d’ailleurs pas très bien où classer dans les catégories de ma démonstration : il s’agit de la tendance à transformer en infractions verbalisables des comportements du quotidien et/ou jusque-là autorisés : jets de mégots sur un trottoir, circulation à plus de 80 kms/h sur des routes de campagne, harcèlement sexiste… Des évolutions qui, sous des prétextes pavés de bonne intentions, ont toujours pour double conséquence de restreindre notre domaine de liberté et d’augmenter la ponction financière de l’Etat via la multiplication des amendes.

La liberté de disposer librement de son corps a également fait d’objet d’attaques particulièrement violentes de la part de ceux-là même qui prétendent défendre la dignité de la personne humaine. Sous prétexte de protéger les prostituées considérées toutes comme victimes, et dont beaucoup refusent tout simplement de se laisser enfermer dans ce schéma victimaire, les mouvements abolitionnistes ont réussi à faire voter en avril 2016 une loi pénalisant les clients des prostituées à travers une contravention de catégorie 5.

Non seulement le logique victimaire qui justifie cette loi est largement contestable,non seulement cette loi a considérablement aggravé, au lieu de l’améliorer, le vécu des prostituées, non seulement elle a introduit un élément d’incohérence total dans le droit français (comment peut-on interdire d’acheter quelque chose que l’on est autorisé à vendre ?), mais surtout, surtout, cette loi est profondément attentatoire à la liberté des personnes de disposer librement de leur corps : liberté de se prostituer constamment réaffirmée par la loi et la jurisprudence française, et détruite de facto par la pénalisation des clients ; liberté desdits clients de vivre la sexualité de leur choix avec qui bon leur semble ; et finalement, liberté pour deux adultes consentants de s’aimer aux conditions qu’ils ont choisies. Bref, une société qui par ailleurs s’affirme hautement émancipatrice en matière sexuelle pour des groupes très minoritaires (LGBT) se montre dans les faits répressive et puritaine pour des pratiques très largement répandues et admises par la société (travail sexuel). Et ce au nom de principes contestés par les présumées victimes elles-mêmes.

Et encore une fois, cette critique ne vient pas des milieux réactionnaires ou machistes, mais au contraire d’associations et de syndicats profondément engagés dans la défense des droits de populations vulnérables ou marginalisées – migrants, sans papiers, LGBT, prostituées -, comme par exemple Médecins du Monde.

Je pourrais continuer à égrener d’autres atteintes portées aux libertés fondamentales. Mais je reconnais aussi que celles-ci n’étant tout de même pas générales, mes démonstrations risqueraient peu à peu, à mesure que les exemples deviendraient moins pertinents, de perdre de leur force et de devenir plus filandreux.

Ainsi en-est-il des atteintes portées au cours des années récentes à la liberté d’aller et venir, liées aux politiques anti-automobile menées par certaines municipalités affichant des postures ambitieuses en matière d’environnement, comme par exemple la mairie de Paris. Sans nécessairement contester sur le fond la légitimité d’une politique visant à réduire l’empreinte carbone des transports, on peut en effet s’interroger sur la manière dont elle a été mise en œuvre à Paris : décisions autoritaire et sans véritable concertation, comme la fermeture des voies du berges d’ailleurs déclarée illégale par la justice (ce qui n’a d’ailleurs pas empêché la mairie de la maintenir) ; politiques de travaux de voirie et de réglementation prenant l’aspect d’une véritable guérilla contre les conducteurs (axes de circulation majeurs fermés ou réduits sans préavis et pour des durées parfois très longues..) ; verbalisation voraces des infractions (notamment de stationnement) permettant accessoirement de renflouer un budget municipal ruiné par des projets et des travaux absurdes et mal mis en œuvre ; politiques de transports de substitution aboutissant à des fiascos retentissants (Velib, Autolib…), tandis que la qualité des transports communs classiques (RER notamment…) se dégrade fortement… In fine, le résultat de cette politique de gribouille, agressant les gens dans leur vie quotidienne sans leur proposer de solutions alternatives viables, est bien, de facto, une atteinte à notre liberté d’aller et venir, faite par ceux-là même que nous avons élus pour la protéger et la mettre en œuvre…

Et encore une fois, ce n’est pas un quelconque opposant de droite qui tient ces propos, mais l’ancien premier adjoint au maire, aujourd’hui démissionnaire, Bruno Julliard

On pourrait ainsi continuer l’énumération, en parlant par exemple de la liberté d’entreprendre, constamment portée au pinacle dans le discours de nos hommes politiques, mais de facto pénalisée tant par la lourdeur des charges et la complexité des réglementations que par la mainmise des grands oligopoles sur de très nombreux secteurs de l’économie… Tout cela rendant purement et simplement non viable, dans beaucoup de cas, un projet d’entreprise individuelle… Mais là, j’admets que je suis à la limite du hors sujet et de l’abus de langage, et je préfère arrêter ma démonstration…

En relisant mon texte, je m’aperçois qu’il pourrait apparaître à certains comme une sorte de rengaine du petit macho réac. Comment ? Comment ? On ne peut plus dire du mal des bicots et des pédés ? On ne peut plus voter FN ? Mais que fait la police ? J’en ai marre de payer des impôts pour les fainéants !! Pourquoi n’expulse-t-on pas dare-dare de ma maison, avec leur marmaille mal élevée, tous ces fauchés qui ne paient pas leur loyer !! On ne peut plus aller voir une pute, à cause ces connes de féministes ?? J’ai plus le droit d’utiliser mon 4X4 pour faire mes courses ??? Propos infects, n’est-ce pas, fleurant bon son petit nervis fachiste !!!

Mais je voudrais inverser ici le sens de l’accusation, en posant la question suivante : pourquoi suis-je aujourd’hui conduit à rédiger un texte dont je n’aurais même pas eu l’idée d’écrire une ligne il y a 5 voire même 3 ans ? Aurais-je tant changé en un laps de temps aussi court ? Ai-je été brutalement atteint par la contagion rapide d’une épidémie de pensée réactionnaire ?? En fait, c’est le contraire qui est vrai : moi, je n’ai pas changé. Par contre, mes convictions, mes modes de vie et surtout certaines de mes libertés et de mes droits fondamentaux ont fait l’objet d’une série d’attaques violentes.

Des attaques proviennent paradoxalement de deux mouvances idéologiques qu’apparemment tout oppose, mais dont la convergence prend en quelque sorte ma manière de vivre, comme celle de beaucoup de mes concitoyens, en tenailles.

D’une, venant des milieux dits « progressistes », attaque nos libertés au nom de la solidarité, du féminisme, de l’écologie, etc. : c’est toujours plus de réglementation, d’impôt, de contrôles, d’amendes, d’interdictions, de censure idéologique…

D’autre, venant des lobbies pseudo-libéraux qui gangrènent la Commission européenne, réduisent nos droits et nos sécurités (en tant que salarié, membre d’une profession réglementée, citoyen d’un pays aux frontières protégées, etc.) au nom d’un libéralisme qui en fait ne profite qu’à des oligopoles surpuissants : toujours plus de concurrence, moins de protection sociale, moins de droits pour les salariés, moins de services publics, moins de protection des frontières, etc.

Le résultat de ce mouvement de prise en étau (pesant tout particulièrement sur les classes moyennes), c’est que de très nombreuses personnes autrefois relativement libres et en sécurité se transforment en une masse de de gens à la fois opprimés, précarisés et menacés. Et je crois que ces personnes menacées ont parfaitement le droit de vouloir se dresser pour empêcher ce mouvement en tenailles de cisailler définitivement ce qui reste de leurs libertés avant qu’il ne soit trop tard !!!

Mais curieusement – et pour revenir au début de ce post – je constate que justement, ce sont les mouvements patriotes, incarnant justement cette révolte des peuples contre le double totalitarisme du marché globalisé et du politiquement correct gauchisant, qui focalisent les persécutions juridico-médiatiques et les abus de droit tant au niveau national que communautaire !!!

Mais j’arrête là, parce qu’on va certainement dire que je verse dans la théorie du complot, et on trouvera surement un moyen pour m’insulter, me diffamer, ou m’envoyer en prison pour ça…

Bref, mes amis, je crois qu’il est vraiment grand temps de se révolter contre cette « dictature soft » dont le nœud coulant étrangle progressivement nos libertés et nos vies …


[1] Aux deux groupes précédents, s’est plus récemment ajoutée la notion dedroits sociaux garantis par l’Etat, tels que : droit à l’emploi ; droit à la sécurité ; droit au logement ; droit à l’instruction (enseignement gratuit) et à la culture ; protection de la santé ; protection de l’environnement, etc. Je ne les évoquerai pas dans cet article. L’une des raisons de cet oubli volontaire étant que je pense, justement, que l’introduction à l’infini d’un nombre toujours croissant de pseudo « droits sociaux » ne constitue, in fine, qu’une machine de guerre idéologique justifiant des interventions toujours plus nombreuses et invasives de d’Etat dans le fonctionnement de la société et dans nos vies. Bref, la référence constante à ces « droits sociaux » n’est peut-être finalement qu’un prétexte pour justifier l’affaiblissement progressif de nos véritables droits fondamentaux face au Moloch étatique.

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