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Entre progressisme et populisme

Sans biodiversité, pas de démocratie

J’ai eu tout à coup une vision terrifiante : et si le déclin de la biodiversité, les atteintes de plus en plus graves aux équilibres naturels, outre des conséquences évidement négatives sur notre bien-être matériel futur, faisaient également peser une menace sur l’avenir des sociétés démocratiques elles-mêmes ? Lorsque d’immenses vagues de migrants désespérés, chassés de leur pays par l’impossibilité physique de survivre chez eux, feront peser sur les pays d’accueil un risque de chaos généralisé, n’y faut-il pas craindre de très violentes crispations xénophobes, racistes et fascisantes ? Lorsque l’effondrement des écosystèmes créeront brutalement des pénuries terribles et imprévues, ne faut-il pas craindre de nouvelles formes de conflictualité violentes pour l’accès à ces ressources désormais rares, suivies d’un effondrement des démocraties et des états de droit au profit de régimes autoritaires ? Si des biens nécessaires à notre vie quotidienne, et que nous croyons à tort inépuisables, comme l’air ou l’eau, devaient être un jour sévèrement rationnés, cela ne fera-t-il pas le lit de toutes sortes de lois liberticides, appuyées sur le développement de moyens de surveillance des populations d’une efficacité technique jamais égalée ? L’Etat de droit ferait alors place, sans presque crier gare, à la dictature..

Et, dans ce monde Orwélien de la pénurie et du contrôle, à quels choix tragiques et forcément inhumains l’Humanité sera-t-elle confrontée pour assurer sa survie ? Faudra-t-il sacrifier les gens en fonction de leur âge, de leurs ressources financières, de leurs capacités physiques et intellectuelles, de leur statut légal, de leur appartenance à un groupe ethnique?? Au sein de populations désespérées et désorientées par ces terribles pénuries, ne doit-on pas craindre le développement presque mécanique d’idéologies haineuses, violentes et suicidaires?

Ne nous y trompons pas, la démocratie et la liberté ne sont pas seulement les produits de la pensée humaine dans ce qu’elle de plus noble. Elles ont aussi besoin, pour s’épanouir, de belles forêts peuplées d’animaux sauvages, de jolies campagnes où résonne le chant des oiseaux, d’océans qui ne soient pas transformés en dépotoirs à ordures…. Et si nous ne protégeons pas ces richesses, nous ne survivrons que pour devenir les lamentables esclaves des pénuries que nous aurons nous-mêmes créées par notre inconscience.

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