Toutes les nuits, depuis quelques temps,
Une p’tite dame vient me réveiller,
Sur le coup d’deux heures, je l’entends
S’approcher sur la pointe des pieds.
Au début, j’trouvais ça crispant
Qu’elle m’empêche ainsi de ronfler
Je tournais la tête et pourtant,
Elle refusait de s’en aller.
Elle me parlait tout doucement
Mais j’entendais pas c’quelle disait
Elle venait contrarier mes plans
De diurne productivité.
Et puis, une nuit, en maugréant
J’ai commencé à l’écouter
En fait elle venait nuitamment
Me dicter quatrains et sonnets.
Elle parlait éloquemment
D’histoires tristes et d’histoires gaies
D’amantes pleurant leurs amants
De grands espoirs, de noirs regrets.
Alors au bout d’un moment
J’ai commencé à recopier
Les mots que, fougueusement,
Près de mon lit, elle égrenait.
Quel splendide cadeau, vraiment !
Que cette femme au nom ignoré
Me fait si généreusement
Nuit après nuit, sans se lasser.
Maintenant, tous les soirs, j’attends
Qu’elle vienne encore me réveiller
En écoutant avidement
Les vers qu’elle aime murmurer.