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Souvenirs et Mémoires

Mes mésaventures de jeune gaffeur idéaliste en Turquie

 

ImagePériode d’enthousiasme, de rêves et de découvertes, la jeunesse est aussi un âge d’inexpérience, dont les erreurs sont souvent à deux doigts de déclencher des désastres. C’est la morale de la série d’anecdotes cocasses dont je fus témoin et acteur il y a près de quarante de cela, dans l’ouest de la Turquie, et  que je vais maintenant vous raconter.

Ma petite comédie en trois actes se passe en 1979, avec pour cadre principal un petit village situé près de la côte de la Mer Egée, dans l’arrière-pays d’Izmir. Cet été là, J’y participais à un « chantier de jeunesse » destiné à favoriser les rencontres entre les jeunes européens et les paysans de ce que l’on appelait encore à l’époque le « tiers-monde ». Il s’agissait pour nous de travailler gratuitement, en échange du gîte et du couvert, à la construction d’infrastructures destinées à  notre village d’accueil : petit canal d’irrigation, pont léger sur un ruisseau, annexe d’école…

Tous les jours, nous allions donc travailler dans les champs, sous un cagnard épouvantable, en guettant avec avidité l’heure où les paysannes viendraient nous apporter notre pitance, composée essentiellement de pois chiches, d’oignons,  de poivrons et d’un peu de riz. J’ai donc beaucoup maigri, au cours de ces chantiers, tout en apprenant le maniement de la pelle et de la pioche. J’ai aussi réussi à surmonter, au moins pour quelques semaines, la déprime chronique d’adolescent attardé qui m’affectait alors. En effet, j’avais tellement faim que j’en avais arrêté de ruminer mes habituelles idées noires. Et les deux œufs que je réussis un jour à me procurer furent pour moi la cause d’une des plus profondes joies que j’ai éprouvées au cours de ma vie. J’étais si heureux de pouvoir manger à ma faim… Une leçon à méditer sur la hiérarchie des enjeux dans l’existence…

Bref, nous étions là une vingtaine d’européens dans ce village reculé des collines, qui à l’époque n’était même pas desservi par une route goudronnée. Il y avait beaucoup d’hollandais, de danois et d’allemands, quelques français et espagnols, et même un ougandais et un irakien dont je ne sais pas très bien comment ils étaient arrivés là. Des jeunes presque tous profondément pénétrés de l’idéologie contestataire issue des mouvements de 1968 : dévalorisation de toutes les grandes institutions (famille, patrie, religion, armée…), refus de s’intégrer dans le « système » existant et recherche de formes alternatives de vie en société ; mépris des normes morales traditionnelles et mise en avant de la notion de liberté individuelle (tout particulièrement dans le domaine de la sexualité), tropisme très marqué vers les idées de solidarité, de partage, d’égalité, de tolérance, d’antiracisme, de pacifisme, d’aide au « tiers-monde », etc.

Ces idées étaient évidemment très éloignées, de celles, beaucoup plus traditionnelles, des villageois qui nous accueillaient. Même si ceux-ci, de rite alaouite, avaient en matière morale et religieuse des positions plus ouvertes que la plupart des habitants de la région, de rite majoritairement sunnite.

A cette époque, la Turquie traversait par ailleurs une période de grave violence politique qui allait d’ailleurs déboucher l’année suivante sur un coup d’Etat militaire. Ce climat de quasi-guerre civile était le produit complexe d’une série de clivages à la fois ethniques, religieux et politiques : affrontement entre, d’une part, les nationalistes et les conservateurs religieux, et, d’autre part, les partis de gouvernement plutôt pro-occidentaux ;  au sein du premier groupe, opposition entre les nationalistes et les religieux, porteurs de deux conceptions différentes de l’identité turque ; au sein du second, antagonisme entre progressistes et conservateurs ; lutte frontale entre les militaires attachés à la défense de l’héritage kémaliste et tous les groupes (des islamistes aux gauchistes) désireux au contraire de le liquider ; tensions entre la majorité sunnite et la minorité alaouite ; et, bien sûr, problèmes récurrents liés au particularisme kurde. Ajoutons aussi que dans chacune des grandes familles politiques, extrémistes et modérés se détestaient cordialement. Au point que ces derniers constituaient souvent la cible privilégiée des jusqu’au-boutistes de leur propre camp : les gauchistes assassinaient ainsi régulièrement des progressistes de centre-gauche tandis que les fascistes commettaient des attentats contre les conservateurs de centre-droit. Moins risqué, sans doute, que de s’attaquer aux fous-furieux du camp d’en face… ….

Dans tout le pays, ces antagonismes tous azimuts se matérialisaient par une multitude de petits conflits locaux, où les grands enjeux nationaux se greffaient sur des rivalités picrocholines parfois ancestrales. C’est ainsi que pratiquement tout opposait le village alaouite où notre camp de jeunesse s’était installé et le village sunnite voisin, situé au bas de la colline. Le premier peuplé d’une population originaire des Balkans qui s’était repliée sur l’Anatolie après la fin de l’empire turc, était plus pauvre, avec des idées plus à gauche et une vision plus distanciée de la religion ; le second, peuplé en majorité de turcs autochtones, était plus riche, plus conservateur, plus attaché aux formes traditionnelles de la religion. Entre les deux populations, il n’y avait, c’est un euphémisme, que très peu d’atomes crochus. En fait, ils se détestaient même cordialement, l’une de leurs distractions favorites consistant d’ailleurs à dire mutuellement du mal les uns des autres.

C’est dans ce climat tendu que mes compagnons soixante-huitards entreprirent, pendant leur séjour, de répandre leurs propres idées auprès de tous les habitants de la région : athéisme ou plutôt mépris ouvertement exprimé de la religion, libération sexuelle, féminisme, nudisme, communisme primitif et refus des interdits alimentaires. Cela donna lieu à toute une série de scènes qui, heureusement, ne furent que cocasses, mais qui auraient tout aussi bien pu se transformer en tragédie.

La première se passa au domicile de l’imam sunnite d’un village voisin, avec lequel notre association avait organisé l’une des rencontres qui émaillèrent notre séjour, et censées « favoriser les échanges culturels entre les peuples ». Nous étions donc là une dizaine de jeunes européens réunis autour de cet imam et de sa famille pour cet « échange » entre européens soixante-huitards et musulmans conservateurs. Car inutile de vous dire, que même si cet imam avait fait preuve d‘ouverture d’esprit de sens de l’hospitalité en nous accueillant, il restait tout de même, fondamentalement, un religieux conservateur de village, convaincu que ce qui est écrit est vrai parce que c’est écrit, que ce qui a été doit continuer à être parce que cela en a toujours été ainsi, et que ce qui est mal est mal parce que ce n’est pas bien.

La parole de notre groupe fut largement monopolisée, au cours de cet échange, par trois jeunes danoises particulièrement véhémentes, dont la rhétorique porta sur trois points principaux : le partage absolu des richesses, le droit des homosexuels à la reconnaissance, et la critique radicale de la religion.

L’imam écouta tout d’abord une longue tirade sur la nécessité de partager les richesses, et tout particulièrement les terres, pour permettre aux paysans pauvres de vivre plus dignement. Il nous invita ensuite à reprendre quelles olives et quelques fruits venus de son grand verger, qu’il nous avait auparavant fait visiter avec fierté. J’en fus vaguement soulagé, car, malgré l’inexpérience de mes 22 ans, je percevais tout de même l’existence d’un décalage gênant entre le discours de mes compagnes et la réalité du lieu.

Vint ensuite la tirade sur le droit des homosexuelles, au cours de laquelle mes danoises n’oublièrent pas de faire leur « coming out » de lesbiennes militantes, favorables à l’émancipation féminine et à l’égalité totale des sexes. Mon inquiétude monta alors d’un cran. Mais, à mon soulagement, l’imam, après avoir écouté attentivement la traduction de notre accompagnateur turc, continua à afficher un large sourire tout en ordonnant à sa femme et à sa belle-fille de nous resservir du thé.

L’alerte rouge se déclencha ensuite dans mon esprit lorsque mes camarades danoises entreprirent d’expliquer à l’Imam que Dieu n’existait pas, que les religions étaient un tissu de mensonges destinés à asservir l’Humanité, et qu’un jour, prochain sans doute, elles disparaîtraient totalement pour le plus grand bien de celle-ci. L’imam écouta, tout sourire, la traduction de leurs propos. Puis il conclut très aimablement la conversation et la visite en nous bénissant au nom de dieu tout-puissant et en vantant – en réponse à nos remerciements d’ailleurs sincères – les mérites de l’hospitalité turco-musulmane.

Soulagé de l’absence d’incident, mais un peu étonné aussi de cette issue heureuse – car les propos tenus par les danoises avaient tout de même été assez virulents – j’interrogeai quelques temps plus tard notre accompagnateur turc sur les raisons de ce dénouement sans drame. Il répondit, en gros, ceci : « je n’ai pas traduit une seule parole de ce qu’elles ont raconté. Si j’avais juste traduit la moitié de leurs propos, c’était la crise ouverte, et il nous aurait peut-être fallu plier dare-dare nos bagages pour rentrer à Istanbul. Alors, j’ai dit qu’elles étaient heureuses d’être là, qu’elles remerciaient l’imam pour son hospitalité, que la Turquie leur plaisait beaucoup, que thé était très bon, etc.!!! »

Fin de l’acte I de ma petite comédie.

L’acte 2 se passa sur une plage des environs d’Izmir, où nous allions souvent nous baigner le soir après la journée de travail, accompagnés en camion par un paysan du village. Cette fois, un groupe de jeune néerlandais fut à la manœuvre. Ceux-ci étaient des adeptes du nudisme, qu’ils mirent en pratique sans hésiter, à la vue des tous les turcs – homme, femmes souvent voilées, enfants – qui fréquentaient également cette plage. Il continuèrent cette pratique pendant un jour un deux, en dépit des propos agacés tenus par deux ou trois femmes, qui leur expliquèrent qu’il pouvaient faire cela dans leur pays s’ils voulaient, mais qu’en Turquie ça choquait les gens et qu’ils feraient donc mieux de se rhabiller. Rien n’y fit, et monsieur continua d’exhiber son zizi et madame sa chatoune.

Le troisième jour, au milieu de la baignade, nos ébats furent interrompus par l’arrivée de deux automitrailleuses de l’armée turque et d’une escouade de soldats qui nous intimèrent l’ordre de nous rhabiller immédiatement et de quitter les lieux sous leur protection. Nos néerlandais tentèrent bien d’exprimer leur mécontentement : « je suis libre de mon corps, la nudité est naturelle, seul un esprit rétrograde peut s’y opposer, etc. » Mais rien n’y fit, et ils durent se rhabiller quand même. L’officier nous expliqua alors qu’ils avaient appris que notre comportement commençait à faire beaucoup jaser  dans la ville voisine d’Izmir (où les partis islamistes et d’extrême-droite étaient très puissants, et où un député modéré venait d’être assassiné), et qu’un groupe de militants de je ne sais plus lequel de ces partis (les fascistes, je crois) commençait à parler sérieusement de venir nous casser la gueule.  Alors, l’armée, bien informée, était intervenue avant que ça n’arrive…

Ces informations calmèrent beaucoup les revendications à la liberté corporelle de nos amis néerlandais, qui, pendant tout le reste du séjour, se vêtirent d’un maillot de bain très décent pour aller à la plage.

Fin de l’acte 2.

Je dois avouer, à ma grande honte, que j’ai joué un rôle central dans l’acte 3, qui est aussi celui qui aurait pu avoir les conséquences les plus tragiques. Car, si je faisais preuve d’une certaine lucidité vis-à-vis des agissements et des propos de mes camarades, j’étais en fait largement aussi capable qu’eux de commettre – même animé des meilleures intentions du monde – les bourdes les plus ravageuses.

Voici ce dont il s’agit.

Le village où nous travaillions était situé au milieu de très hautes collines à la végétation méditerranéenne, où pullulaient les sangliers. L’une des distractions favorites des villageois consistait à aller chasser ces sangliers la nuit. Ils nous proposèrent de nous emmener. Et ce fut d’ailleurs l’un des plus beaux souvenirs de ma vie.

La chasse au sanglier, c’est à la fois très technique et très simple. Il faut arriver très nombreux (à la fois pour couvrir un large espace de battue et pour pouvoir réagir en cas d’incident, car un sanglier blessé est une bête très dangereuse, capable d’éventrer facilement un homme). Il faut ensuite se cacher derrière des fourrés bordant un chemin de terre dégagé, à l’endroit où passent les sentes que les animaux empruntent la nuit pour aller boire au bas de la colline. Il faut aussi faire très attention de ne pas se placer dans le sens du vent, car les sangliers ont l’ouïe et l’odorat très fins. Ensuite, il faut attendre pendant des heures, dans un silence absolu, jusqu’au milieu de la nuit, heure à laquelle les bêtes descendent pour aller boire.

Cette attente silencieuse, en pleine nature, constitue un moment tout simplement féerique. D’abord, il n’y a pas de pollution lumineuse, car on est en pleine brousse, à 5 ou 10 kilomètres du premier lampadaire. Le ciel constellé brille donc au-dessus de nos têtes d’une splendeur cristalline et profonde. Ensuite, l’avancée de la nuit est rythmée par l’éveil des dizaines d’animaux différents qui tous possèdent leur cri et leur bruit particulier : aboiements de chiens, cri-cri de grillons, frôlement de petits rongeurs, chants d’oiseaux. Cette symphonie nocturne a constitué l’une des plus émouvantes expériences esthétiques – voire mystiques  – de toute mon existence.

Celle-ci, fut cependant interrompue de manière assez brutale vers 2 ou 3 heures du matin – comme c’est d’ailleurs habituellement le cas pour ce type de chasse, lorsque les sangliers se décident enfin à aller boire. On les entend alors se frayer un chemin à travers les broussailles, dans un mélange de bruits de végétaux froissés, de grognements étouffés et de pierres déplacées. Les chasseurs mettent alors en joue leur fusil, scrutant les ténèbres avec attention. Et, lorsqu’ils aperçoivent l’animal déboucher sur le chemin découvert, 3 ou 4 détonations claquent en même temps. C’est alors un moment de  tension maximale, car, si le sanglier n’est que blessé, il peut alors foncer tête baissée sur les chasseurs et les attaquer très violemment. Mais, si la bête a été touchée à mort, on l’entend s’abattre lourdement tandis que les autres animaux détalent. Après une attente de précaution (car il arrive que des sangliers agonisant à terre se relèvent pour attaquer les chasseurs trop confiant qui s’approchent d’eux), les hommes envahissent le chemin et jaugent la bête. Les petits animaux pèsent de 200 à 300 kilos, mais un gros sanglier peut atteindre la demi-tonne. La chasse est alors terminée, car les sangliers survivants, effrayés, ont détalé très loin et attendront un long moment avant de repasser par le même endroit.

Les chasseurs qui m’aimaient bien, me confièrent l’insigne honneur de participer au portage du sanglier, qui fut attaché par les pattes sur de longs bâtons de bois portées par quatre hommes. Mais qu’allions nous faire de la bête ? Plein d’enthousiasme à l’idée de contribuer à ma façon au rapprochement entre les peuples, j’eus alors une idée brillante, encore beaucoup brillante que d’expliquer à un imam conservateur que la religion est une escroquerie stupide ou que de se baigner toute nue à faible distance d’une horde de fascistes haineux.

Mon idée géniale consistait à proposer d’organiser un immense méchoui sur la place du village, à l’occasion duquel le sanglier serait dégusté en brochettes par les villageois et leurs hôtes.

Pour comprendre à quel point mon idée était géniale, je précise les trois point suivants ; 1) le sanglier n’est pas autre chose du cochon sauvage, c’est-à-dire une nourriture totalement proscrite pour les musulmans ; 2) nous étions en pleine période du ramadan ; 3)  enfin, le principal grief fait, à tort ou à raison, par les villageois sunnite du bas de la colline à nos hôte alaouites, était, justement de ne pas respecter un certain nombre de principes religieux de base, comme la non-consommation du porc.

Mais pour nous, jeunes européens imprégnés des idées de la révolution soixante-huitarde, toutes ces croyances et ces pratiques – pour peu même que nous en connaissions l’existence – n’étaient  qu’un reliquat de superstitions dépassées.

Quoiqu’il en soit, le principe du méchoui fut accepté – et rétrospectivement, je m’étonne d’ailleurs qu’une idée aussi saugrenue n’ait pas été immédiatement brisée dans l’œuf, compte tenu des circonstances, par nos accompagnateurs turcs.

J’employais donc la journée du lendemain, avec quelques volontaires, à mettre à exécution les préparatifs de mon dangereux méchoui.  Mais avez-vous déjà essayé, sans aucune connaissance en boucherie, de débiter en petits cubes de 3 cms de côté un sanglier d’une demi-tonne ? Déjà, il faillait dépecer l’animal,… Problème qui apparut comme insoluble jusqu’à ce qu’un des membres de notre groupe de  pieds-nickelés idéalistes, professeur de sciences naturelles, ne se rappelle qu’il avait l’habitude de disséquer pendant ses cours les souris, et proposa de transposer ses connaissances au cas du sanglier. Malgré la différence de volume, l’opération réussit, et nous nous trouvâmes bientôt assis autour d‘un immense tas de viande à moitié désossée, que nous entreprîmes péniblement de découper en petits cubes.  Mais les mouches et le soleil se mirent bientôt de la partie, et nos appétissantes brochettes se transformèrent bientôt en un tas répugnant de viande sanguinolente, attaqué par les milliers d‘insectes surexcités par l’odeur.  En fin d’après-midi, cependant, nos efforts commencèrent enfin à payer, et nous nous apprêtions à allumer le grand feu du méchoui lorsqu’arriva une nouvelle tout à fait prévisible, mais qui sur le moment  nous affligea beaucoup : les anciens du village s‘étaient réunis et avait décidé que les villageois ne participeraient pas au méchoui…. Les européens pouvaient, eux, manger le sanglier, mais pas question pour nos hôtes de le faire …

Je fus bien sûr, très déçu sur le moment, abandonnant mes préparatifs la rage au coeur. Mais, rétrospectivement, je pense avec effroi aux conséquences de cet événement s’il avait eu lieu… Car, le lendemain, lorsque nous traversâmes le village sunnite, la première question que l’on nous posa fut, justement de savoir si leurs voisins avaient mangé le sanglier en méchoui… Les nouvelles vont vite, dans les campagnes turques…

Fort heureusement, le reste du séjour se passa sans incidents. Et, à presque quarante ans de distance, je garde un souvenir lumineux de cette expérience de jeunesse. Un âge d’espoir et d’enthousiasme où la paix entre les hommes nous semblait à portée de main. Bien sûr nous étions ridiculement naïfs, maladroits, inconscients, mais généreux aussi. Et puis, qu’elles étaient merveilleuses, ces nuits étoilées au-dessus des collines d’Izmir !!!

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