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Films musicaux nord-Américains après 1968

Victor Victoria

ImageFilm musical de Blake Edwards, musique de Henry Mancini, choréographies de Paddy Stone, avec Julie Andrews, James Garner, Robert Preston, Lesley Ann Warren. Etats-Unis, 1982, 132 minutes. Paris, années 1930. Une artiste lyrique au chômage, Victoria (Julie Andrews), décide, sur les conseils de son ami Toddy (Robert Preston) lui-même chanteur de cabaret homosexuel, de se produire au music-hall sous les traits d’un faux travesti. Elle connait alors un grand succès et attire l’attention du gangster King Marchand (James Garner). Mais celui-ci, hétérosexuel jusqu’au bout des ongles, est très gêné d‘être amoureux de Victor, qu’il croît être un homme.  

ImageRemake du film allemand Viktor und Viktoria (1933), cette comédie dramatique tire son attrait un peu sulfureux d’un jeu permanent autour des ambiguïtés de l’identité sexuelle. Elle permet également d’apprécier le talent de Julie Andrews dans des rôles un peu plus substantiels que les comédies musicales pour enfants un peu niaises qui avaient fait sa gloire dans les années 1960, comme Mary Poppins ou La Mélodie du bonheur. 

ImageCeci dit, Victor Victoria ne serait pas un film d’exception s’il ne contenait une bande sonore de très grande qualité. 

Tous les numéros vocaux sont présentés comme des séquences de cabaret ou de music-hall et font donc organiquement partie de l’intrigue. 

ImageLa chanson Gay Paree, interprétées au début du film dans un cabaret homosexuel par l’élégant et raffiné Toddy, joue sur l’ambiguïté sémantique du mot Gay, en suggérant que l’un des multiples attraits du « gai » paris est justement liée à l’existence d’une communauté « gay » particulièrement active. You and Me, interprété en duo par Toddy et Victoria, évoque l’amitié chaleureuse qui unit ces deux personnages aux caractéristiques de genre inversées : un homosexuel et une travestie en homme… travesti. Dans Crazy World, Julie Andrews évoque sur un ton doux-amer les bizarreries de l’existence qui obligent les êtres à maquiller sans cesse leurs véritables sentiments…   

ImageMême si la danse ne joue pas un rôle central dans Victor Victoria, elle apparaît cependant à plusieurs reprises dans des numéros de music-hall accompagnant certaines chansons. Par exemple, le numéro Le Jazz Hot – où Victoria apparait pour la première fois sous les traits d’un chanteur travesti – est l’occasion d’un très beau ballet d’hommes. Dans Chicago, Illinois, Norma (Lesley Ann Warren), la maitresse de King Marchand, interprète un numéro de strip-tease quelque peu caricatural, tournant en ridicule son hyperféminité hétérosexuelle. Enfin, dans The Shady Dame from Seville, Victoria interprète le rôle d’une belle andalouse, entourée d’un ballet d’homme amoureux qu’elle manipule à sa guise. Cette parodie d’une situation hétérosexuelle archétypale est rendu encore plus explicite à la fin du film, lorsque Toddy, ridiculement travesti en vieille femme, interprète à son tour cette chanson.  

ImageVictor Victoria a été bien accueilli à sa sortie par la critique, remportant même l’Oscar de la meilleure musique de film. ll a ensuite été repris à plusieurs reprises sous forme de comédie musicale, notamment à Broadway en 1995. 

Pour en savoir davantage sur le film, consulter la fiche Wikipedia. Pour visionner la bande-annonce, cliquez sur : Trailer. 

Fabrice Hatem

 

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