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Films musicaux nord-Américains avant 1968

Gigi

ImageFilm musical de Vicente Minnelli, avec Leslie Caron, Maurice Chevalier, Louis Jourdan, musique de Frederic Loewe, Etats-Unis, 1958, 115 minutes.

Paris, début du siècle dernier. Gigi (Leslie Caron) est une fillette plein de fraîcheur et d’innocence, élevée par sa grand-mère et sa tante dans l’espoir d’en faire, le jour venu, une demi-mondaine de haute volée. Elle aime se retrouver en compagnie de son lointain cousin, le richissime Gaston (Louis Jourdan), mondain élégant aux innombrables aventures féminines, mais aussi homme blasé que cette enfant espiègle est la seule à pouvoir dérider. Puis Gigi, un beau jour, se transforme en jolie femme…

ImageDernier film de l’époque hollywoodienne de Leslie Caron, Gigi est pétri de culture et d’esprit français. Inspiré d’une nouvelle de Colette, ses trois principaux acteurs sont français et son intrigue a pour toile de fond le Paris de la Belle époque . Promenades en calèche au bois de Boulogne, soupers fins chez Maxim’s, escapades dans les palaces de Trouville, élégantes à frous-frous et messieurs distingués en haut-de forme : Vincente Minnelli, grand francophile, nous offre un tableau coloré de l’art de vivre raffiné, sensuel et nonchalant de la haute société parisienne du début du XXème siècle.

ImageLe film se regarde avec plaisir. Le thème central du scénario – la transformation d’une adolescente en femme désirable, et l’épanouissement concomitant d’un sentiment amoureux sincère au sein d’un monde aux relations frelatées – est subtil et émouvant. Les tentatives peu probantes de la tante de Gigi pour initier celle-ci au métier de demi-mondaine – une activité tout en raffinements pour laquelle cette jeune fille simple est visiblement peu douée – sont vraiment très comiques.

ImageLe scénario présente cependant un certain nombre d’invraisemblances. On comprend mal, par exemple, les raisons qui poussent le richissime Gaston à fréquenter aussi assidument le modeste foyer de la grand’mère de Gigi avant même que celle-ci ne devienne une femme désirable. Quant au personnage d’Honoré – à la fois narrateur du film, confident de Gaston et prototype du viveur fastueux – il semble quelque peu plaqué sur l’histoire principale pour offrir un rôle taillé sur mesure à Maurice Chevalier.

ImageLes chansons sont toniques, souvent gaies et pleines d’humour, mises en valeur par des jeux de scène colorés et vivants (The Gossips). Cependant, la musique n’a dans l’ensemble rien d’inoubliable. Ni la gouaille franchouillarde de Maurice Chevalier (Thank Heaven for Little Girls, I’m Glad I’m Not Young Anymore, I Remember It Well), ni la mutinerie et les états d’âme adolescents de Leslie Caron (The Parisians, The Night They Invented Champagne, Say a Prayer for Me Tonight), ni la distinction un peu guindée de Louis Jordan (It’s a Bore, She is Not Thinking of Me, Gaston’s Soliloquy) ne m’ont entièrement convaincu. Quant à la danse, elle est pratiquement absente.

ImageCe film bourré de talent et de sensibilité, mais au scénario tissé d’incohérences et à la musique sans grand relief, n’appartient donc pas, à mon humble avis, au club très fermé des chefs d’œuvre de la comédie musicale. Il reçut cependant à sa sortie un excellent accueil du public et de la critique, récoltant en 1959 pas moins de neuf Oscars – un record  jusque là inégalité – et obtenant un grand succès au box-office.

Pour en savoir davantage sur le film, consulter la fiche Wikipedia. Pour visionner la bande-annonce, cliquez sur : Trailer.

Fabrice Hatem

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