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Cinéma de danse et de musique européen

Les parapluies de Cherbourg

ImageFilm musical de Jacques Demy, musique de Michel Legrand, avec Catherine Deneuve, Nino Castelnuovo, Anne Vernon, France, 1964, 91 minutes.

Cherbourg, fin des années 1950. Geneviève (Catherine Deneuve), fille unique d’une marchande de parapluie, Mme Emery (Anne Vernon), tombe amoureuse de Guy (Nino Castelnuovo), jeune employé de garage. Mais celui-ci doit partir à la guerre d’Algérie, et les nouvelles se font bientôt rares. Enceinte de Guy, la jeune fille acceptera-t-elle, sur les instances de sa mère, d’épouser Roland Cassard (Marc Michel), un homme à la situation avantageuse qui lui fait une cour assidue ?

ImageCe film musical est le premier et peut-être le plus célèbre des quatre réalisées par Jacques Demy. Associant les souvenirs de jeunesse du réalisateur, originaire de l’ouest de la France, et sa passion pour la comédie musicale américaine, il juxtapose deux choix esthétiques originaux et apparemment contradictoires, dont l’interaction joue pour beaucoup dans le charme très particulier de cette œuvre :

Image– D’une part, un scénario ancré dans le réel. Le film met en effet en scène des personnages ordinaires, parfois même médiocres dans leurs aspirations et leur caractère, confrontés à la vie quotidienne étroite d’une petite ville de province : les factures à payer de Mme Emery, le patron grincheux de Guy, le départ de celui-ci pour la guerre d’Algérie, son retour amer, la trahison de Geneviève, les petits cafés minables, la pluie qui tombe sur la ville triste…

Image– D’autre part, un regard décalé, empreint de fantaisie : couleurs des décors assortis aux costumes des personnages, ballet de parapluies du générique, scène de carnaval dans les rues de Cherbourg, omniprésence de la musique et du chant.

Les Parapluies sont en effet chantés d’un bout à l’autre, sans aucun dialogue parlé, ce qui leur donne d’ailleurs un statut très original dans l’histoire mondiale du film musical.

ImageA chaque scène, donc, sa chanson ou son accompagnement instrumental. Soit plus d’une trentaine de pièces au total, toutes composées pour le film par Michel Legrand sur des paroles de Jacques Demy. Citons, pèle mêle, et sans rechercher l’exhaustivité : Au garage, Chez tante Elise, Guy et Geneviève dans la Rue, Les factures de Madame Emery, La visite à Monsieur Dubourg, Le dancing, le départ de Guy pour l’armée,  Le diner chez madame Emery , La lettre de Guy, Le carnaval, Le mariage de Geneviève, Le retour de Guy, La dispute au garage, La boite à Matelots, Le duo  Guy-Madeleine, La station-service, La dernière rencontre de Guy et Geneviève. Des thèmes liés à des personnages ou des situations peuvent également se retrouver à plusieurs endroits du film, comme celui de Mme Emery, de Roland, de la tante Elise, du bonheur, de la séparation (ce dernier, le plus célèbre de tous, revenant à plus de 10 reprises).

ImageLa musique associe des dialogues aux paroles très simples, chantés dans un style intermédiaire entre le mélodique et le récitatif, et un puissant accompagnement orchestral de type symphonique. Il en résulte un style extrêmement original, tenant à la fois de la musique d’opérette réaliste et de la variété française mâtiné d‘un soupçon de swing jazzy.

ImageCet opéra du quotidien, émouvant et humain dans sa simplicité, a connu à sa sortie un grand succès public, lançant la carrière de Catherine Deneuve. Après être tombé pendant quelques décennies dans un relatif oubli, il bénéficie aujourd’hui du regain d’intérêt pour le genre du film musical.

Pour en savoir davantage sur le film, consulter la fiche Wikipedia. Pour visionner la bande-annonce, cliquez sur : Trailer.

Fabrice Hatem

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