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Films musicaux nord-Américains avant 1968

Can Can

ImageFilm musical de Walter Lang, musique de Cole Porter, avec Shirley Mc Laine, Maurice Chevalier, Frank Sinatra, Louis Jourdan, Etats Unis 1960, 131 minutes.

Paris, 1900. Simone Pistache (Shirley Mc Laine), patronne d’un cabaret à l’atmosphère canaille, s’obstine à y représenter clandestinement le Can Can, danse interdite du fait de son caractère lascif et obscène. Au premier rang des défenseurs de la morale, le juge Philippe Forrestier (Louis Jourdan), a juré de la prendre sur le fait. Mais il n’est pas lui-même insensible aux charmes de Simone…

ImageLe gai Paris, avec ses petites femmes, ses cafés et ses music-halls, constitue un thème récurrent de la comédie musicale américaine.

De nombreux films parmi les plus connus, comme L’entreprenant Monsieur Petrov ou Les hommes préfèrent les blondes, contiennent ainsi plusieurs séquences ayant pour cadre une Ville lumière symbole de luxe et de raffinement.

L’intrigue de certains d’entre eux, comme Un Americain à Paris (photo ci-contre), Gigi ou La belle de Moscou, s’y déroule même entièrement.

ImageAdaptation cinématographique d’une comédie musicale de Broadway, Can-Can s’inscrit dans cette lignée, tout en franchissant un pas supplémentaire vers la « francisation » de la comédie musicale américaine. En effet, ce ne sont plus seulement le cadre et l’intrigue qui sont concernés, mais l’esthétique même de la musique et de la danse. Cela donne une comédie vivante et pleine de talent, associant agréablement le swing de la variété américaine à la gaieté coquine du Music-Hall parisien.

ImageLe conflit qui oppose la sulfureuse Simone Pistache aux Ligues de vertu et à leur bras armé judiciaire est source d’une infinité de situations comiques servies par le talent d’acteurs souvent liés d’une manière ou d’une autre à la France : Shirley Mc Laine, également connue pour sa délicieuse interprétation de la piquante Irma la Douce (encore une femme de petite vertu parisienne !!!), utilise avec une habileté consommée son immense pouvoir sur les sens masculins. Maurice Chevalier, qui figura à la fin des années 1950 au générique de plusieurs comédies musicales américaines (Gigi…), est parfait dans le rôle du juge Paul Barrière, un homme installé mais aux idées larges.

ImageD’autres personnages illustrent avec cocasserie les différents aspects du monde canaille du cabaret parisien : Frank Sinatra en avocat séducteur, viveur et quelque peu filou (François Dumais) ; Juliet Prowse en jolie cocotte peu farouche (Claudine) ; Marcel Dalio ajoutant à ses fonctions officielles de maître d’hôtel celles, sans doute plus lucratives, d’entremetteur (André) ; Eugène Borden en pandore peu futé que manipulent à leur guise les dangereuses pécheresses qu’il est censé surveiller. Peut-être le moins convaincant est-il l’élégant mais raide Louis Jourdan, un peu desservi par son rôle : celui, non dénué d’invraisemblances psychologiques, d’un magistrat tiraillé entre ses sentiments personnels et son sens aigu de la morale (Philippe Forrestier).

ImageLes démêlés sentimentaux et judicaires de tout ce petit monde nous font rire du début à la fin du film, tout particulièrement lorsque les représentants de l’ordre et de la morale se font prendre en flagrant délit de participation au spectacle qu’ils sont censés interdire, en compagnie de charmantes partenaires peu vêtues….

ImageUne jolie bande musicale de Cole Porter, mélangeant agréablement le style du music hall parisien et les sonorités jazzy (I Love Paris, It’s All Right With Me, C’est Magnifique, Let’s Do It, Just One of Those Things et You Do Something to Me) sert également de support à des chorégraphies enjouées. Celles-ci évoquent, d’une manière ou d’une autre, l’atmosphère canaille des lieux de plaisir de la Ville-lumière avec ses filles de joies et ses marlous, ses bagarres entre voyous (Apache Dance), et sa danse sulfureuse, le Can Can, qui donne lieu au cours du film à plusieurs scènes très réussies (voir Can1 et Can2).

ImageUne anecdote célèbre ajoute encore à la cocasserie du film : alors en visite aux Etats-Unis, le président soviétique Nikita Kroutchev visita les studios d’Hollywood au moment du tournage de Can Can. Il se trouva ainsi en compagnie des charmantes danseuses peu vêtues de la troupe, ce qu’il sembla beaucoup apprécier sur le moment, au grand dam de sa femme, une babouchka visiblement très choquée par la situation. De retour en URSS, il se hâta, sans doute morigéné par celle-ci, de citer le film comme un exemple de la décadence capitaliste – exactement comme, dans le film, le juge Paul Barrière masque sous des propos sévères sa sympathie inavouée pour le Can Can afin d’échapper aux foudres des ligues de vertu. Un  amusant effet de miroir entre fiction et réalité….

ImageMalgré ces immenses qualités, Can Can ne reçut à sa sortie qu’un accueil relativement mitigé du public. Tombé depuis dans un certain oubli, il se revoit cependant aujourd’hui avec plaisir.

Pour en savoir davantage sur le film, consulter la fiche Wikipedia. Pour visionner la bande-annonce, cliquez sur : Trailer.

Fabrice Hatem

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