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Carnet de voyage 2010 à Cuba

Rapide visite à la Casa de la musica de la Havane

Jeudi 2 septembre 2010, La Havane

casq2 Lorsque le gouvernement cubain ouvrit l’île au tourisme, au début des années 1990, il apparut nécessaire de proposer aux visiteurs étrangers des lieux d’animation nocturne où ceux-ci pourraient écouter de la musique vivante et danser : d’où la création, au cours de la décennie 90, des « Casas de la musica » dans toutes les grandes villes du pays. Deux de ces établissements furent ouverts à La Havane : l’un, relativement excentrée, dans le quartier de Miramar, l’autre – le plus grand du pays – en plein centre de la ville, sur l’avenue d’Italie, une large mais poussiéreuse artère débouchant, quelques centaines de mètres plus loin, sur le Malecon.

case1 L’un des réflexes naturels de tout Salsero, lors de son premier passage à la Havane, est de se rendre à cette Casa de la Musica. L’accessibilité du lieu, son fonctionnement permanent – matinées et soirées, sept jours sur sept – la qualité de la programmation, la notoriété de l’établissement constituent en effet a priori d’importants facteurs d’attraction. J’y avait passé plusieurs soirées assez décevantes lors de mon premier séjour à la Havane, en 2008. J’y suis retourné, deux ans plus tard, ce mardi 1er septembre, ayant entre-temps acquis l’expérience et les réflexes permettant de tirer le meilleur parti du lieu et d’en limiter les désagréments.

L’entrée, une grande porte à triple battant en métal noir trouant un mur de marbre lisse et gris, dans la pénombre d’une arcade, manque un peu de chaleur. Après avoir déposé ses affaires au vestiaire et avoir été fouillé par un agent de sécurité, on rentre dans une immense salle très haute de plafond – l’équivalent de quatre étages environ. On traverse d’abord une sorte de vaste mezzanine, où sont installées de nombreuses tables, et entourée sur une grande partie de sa circonférence par plusieurs grands bars – par ailleurs seules sources de lumière, tant que le spectacle n’est pas commencé dans cette salle assez obscure. Puis on descend, par une sorte de plan incliné, vers une grande piste de danse située environ un mètre cinquante plus bas, et elle-même entourée de tables. En face de vous, se trouve une immense scène, cachée par un haut rideau mauve scintillant, et trônant en haut d’un très large escalier d’une quinzaine de marches.

casa4 Au cours de mes séjours successifs à La Havane, mon expérience personnelle de la Casa de la Musica fut assez mitigée. L’attente longue et un peu ennuyeuse du concert au son d’une musique enregistrée de style techno ou disco, le manque de chaleur et d’authenticité du lieu, le caractère artificiel de la clientèle – largement composé de touristes étrangers et de leurs accompagnateurs cubains, car les prix d’entrée de la Casa de la musica le soir sont prohibitifs pour la clientèle cubaine ordinaire – constituent une première déception. La difficulté à nouer des contacts avec les autres personnes présentes, et donc la rareté des occasions de danse agréables – du fait, entre autres, de la pénombre, de l’accès malaisé aux tables, du repli sur eux-mêmes des groupes d’étrangers, et du comportement intéressé des jineteras – peuvent ensuite provoquer chez le salsero solitaire un sentiment de frustration.

casa3 Le lieu possède cependant un atout essentiel : sa programmation musicale. Il est en effet possible d’y écouter certains des meilleurs groupes cubains de Salsa du moment. Les noms de Manolito Simonet, de la Charanga Habanera, de LOs Van VAnm de NG La Banda, reviennent en effet régulièrement, aux côtés de groupes moins connus mais parfois excellents, dans la douzaine de concerts qui sont programmés chaque semaine : l’un, l’après-midi, où se produisent des groupes de notoriété limitée, l’autre, le soir, souvent donné par des orchestres prestigieux.

Il est donc possible de passer dans ce lieu un moment relativement agréable en écoutant de la bonne musique pour un prix relativement modéré, á trois conditions : avoir soigneusement choisi la date en fonction du groupe que l’on souhaite écouter ; venir en groupe ; et ne pas espérer vivre là une exceptionnelle soirée de danse, de chaleur humaine et de rencontres nouvelles.

Fabrice Hatem

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