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Vie associative

Tangueando : Une aventure de quinze années

ImageEditeur : La Salida n°38, Avril à mai 2004

Auteur : Martine Peyrot

Tangueando : Une aventure de quinze années

« Te vi pasar tangueando altanera », ce vers d’un tango célèbre, Malevaje, bien souvent dansé par Catherine et Henri, fut à l’origine du nom de l’association Tangueando fondée à Alès en 1989. La Salida a voulu en savoir plus sur cette aventure.

LS : Tangueando d’Alès a fait des petits dans tout le Sud de la France. Comment tout cela s’est-il construit durant ces quatorze années ?

Catherine et Henri : effectivement c’est une histoire de famille ! Déjà en 1986, pour pouvoir louer une salle à Paris, il fallait monter une association, et ça n’a pas pu se faire. Comme nous habitions à Alès plus de la moitié du temps, nous l’avons fait là-bas en 1988. A l’origine, Tangueando avait pour objectif d’organiser des stages de musique, bandonéon entre autres. Pas du tout pour la danse ! Et c’est au cours d’une soirée, après une petite démonstration imprévue que nos amis et élèves nous ont demandé de leur apprendre le tango dansé.

A l’été 1990, quatre ou cinq couples de danseurs, dont Alfredo et Isabel, sont venus passer des vacances dans une villa dans le Massif Central pendant deux semaines, et s’entraîner à danser entre eux. Cette idée fût à l’origine de la Féria d’Alès en 1991 : avec le concours de la mairie d’Alès et Tangueando, Alfredo et Isabel, plus deux autres couples sont venus donner des cours, à des passionnés venus de plusieurs villes du Sud de la France. La suite d’Alès, vous la connaissez…

Les tangueros venus travailler avec nous, sont repartis, chez eux à Toulouse, à Tarbes, à Bordeaux et à Montpellier. Nous allions donner des cours régulièrement, et un jour, nous leur avons conseillé de monter leur propre association, pour devenir plus autonome et faire venir de nouveaux professeurs. C’est avec notre accord et pour que ce soit plus facile, que les statuts et le titre de Tangueando ont été repris à Tarbes, Toulouse et Bordeaux. Nos relations privilégiées avec tous nous ont permis de les aider à démarrer et à les parrainer, en quelque sorte. Dernièrement, une ville du Lot et Garonne a été parrainée par Toulouse. Tangueando Montpellier, est né grâce à Christophe Clauzel, qui s’occupe d’Alès et qui allait donner des cours toutes les semaines à Montpellier. Plus que des petits, c’est une sorte d’essaimage qui a eu lieu.

Qu’est-ce qui a fait le succès d’Alès ?

C et H : je crois qu’Alès tient sa réputation de son excellente convivialité et de la qualité de son accueil ; nous voulons rester dans une sorte d’artisanat, simplement équilibrer notre budget : il n’y aura jamais plus de deux cents personnes. Une association fait la restauration pour tous ceux qui veulent , les danseurs peuvent manger ensemble sous des petits chapiteaux, on passe de bons moments, on rit, on danse. Pas comme au troisième festival en 1993 : trop d’élèves, plus assez de professeurs, des danseurs venus de toute l’Europe ! ! ! Et c’est à cette féria que sont venus les futurs créateurs de Lausanne et Sitgès, festivals devenus aussi très connus.

Après plus de dix ans sur les routes, les pistes de bal et dans les cours, quelle évolution du tango ressentez-vous ?

C et H : nous assistons de plus en plus à une demande de simplicité dans le Tango ; du tango de bal plutôt que des figures…Les élèves veulent du travail sur les principes fondamentaux, sur les rapprochements des partenaires, sur les sensations, plus que sur la virtuosité. La demande de figures intenses, c’est une affaire de danseurs venant de la danse contemporaine, et plutôt parisiens ; c’est une démarche qui correspond bien à leur mode d’apprentissage et à leur origine.

Les secrets de longévité d’une association ?

C et H : nous pensons que cela tient essentiellement au dynamisme des animateurs et au non-mélange du système associatif avec le système commercial.

De nouveaux modes d’organisation voient le jour : professeurs en résidence, contrats en exclusivité avec un couple de danseurs, voyages à Buenos Aire…. Que pensez-vous de tout cela ?

C et H : c’est surtout une affaire de moyens, et de bras… Pas évident d’amortir financièrement la résidence, pas forcément viable de signer un contrat d’exclusivité, çà doit dépendre aussi de la région ! ! ! Quant au voyage à Buenos Aires, pourquoi pas, mais je ne vois pas trop l’intérêt pour une association de monter çà. C’est certainement plus efficace et plus intéressant, si c’est monté par des argentins, qui connaissent Buenos Aires comme leur poche. Mais pourquoi pas, toute nouvelle idée est la bienvenue, pour faire connaître le tango…

« Te vi pasar tangueando altanera, te vi pasar………

Propos recueillis par Martine Peyrot

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