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Editoriaux de la Salida

La Salida n°28 : Drôle de tango

Editeur : La Salida n°28, Avril-Mai 2002

Auteur : Fabrice Hatem

Drôle de tango

salida28 Doté d’un mauvais fond et d’un caractère dissimulateur, j’ai toujours cherché à masquer mes vlains penchants sous des dehors charmeurs. Et la culture tango m’a souvent fourni des alibis commodes pour donner libre cours, sous des apparences innocentes, à ces défauts de caractère. Etais-je par exemple jaloux d’une femme ? Au lieu d’une lettre d’injure, je lui envoyais la traduction de Victoria en lui demandant poliment son avis. Au lieu de menaces de mort, je lui faisais parvenir le texte de Amablemente, avec un petit mot amical.

Mais je ne suis pas seulement jaloux et violent (La Biaba), paresseux et cynique (El Portenito), raté et aigri (El Desalojo), fumeur et alcoolique (Fumando Espero), coureur et vantard (Tengo mil novias). J’adore aussi dire des gros mots. Ce numéro consacré au tango drôle me permettra de donner libre cours à cette perversité de plus, tout en respectant les apparences de l’érudition. Je vous apprendrai ainsi que Ma tige d’acier fut forgée vers 1890 dans les bordels du sud de Buenos Aires ; que La chatte de la pute, une fois nettoyée de ses obscenités, fut intensément utilisée par l’orchestre de Francisco Canaro, sous le tire La face de la lune. Enfin, que J’suis coincé dedans, malgré les recherches approfondies menées depuis plus d’un siècle par les plus éminents spécialistes, n’a toujours pas de propriétaire connu.

Après La période obscène de l’avant-guerre, le tango devient décent, et donc beaucoup, beaucoup moins drôle. Mais l’humour, la dérision, les facéties amoureuses, la caricature souvent grinçante restent présentes en filigrane, notamment dans les répertoires de Tita Merello, Edmundo Rivero et dans l’œuvre de Discepolo. La chanson française a également beaucoup utilisé le tango comme support comique.

On a aussi, pendant tout le siècle et jusqu’à aujourd’hui, beaucoup ri dans les bals et les stages, soit en présence de personnages ridicules aux surnoms cocasses, soit pour avoir vécu une situation amusante. On a aussi dit beaucoup de jolis compliments ou Piropos aux femmes. Nous avons essayé de recueillir un florilège de ces bons moments. Nous vous proposons également une galerie de caricatures réalisées par Claire le Gal et Philippe Fassier, dans lesquelles vous reconnaîtrez certainement, et pas forcément à leur avantage, des personnages familiers… Peut-être vous-mêmes !!!!

Fabrice Hatem

Pour consulter le sommaire complet de ce numéro, cliquez sur : www.lasalida.info

 

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