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Mémoires de danse

Guy Marrec et moi : deux bon(ne)s cop(a)in(e)s

guymarrec C’est à Prayssac, vers 2003 ou 2004, que j’ai rencontré pour la première fois Guy Marrec. Il était venu assister à l’une de mes conférences sur la musique. Je ne savais pas encore qu’il était guitariste professionnel et qu’il en savait sans doute dix fois plus que moi sur le sujet. Heureusement que le ridicule ne tue pas, sinon je serais immédiatement mort sur place.

Chacun fit ensuite son chemin de son côté, et je retrouvais à plusieurs occasions Guy Marrec, son orchestre Tango Madame et sa partenaire de danse Jenny Faugier dans différents festivals et stages de danse. J’appréciais particulièrement l’effort de mise en scène du couple Faugier-Marrec, qui parvenait à chaque chorégraphie à nous faire pénétrer dans un univers différent : les faubourgs et son orgue de barbarie, les bas-fonds et ses filles de mauvaise vie, les salons et ses danseurs élégants, etc. Les costumes, les accessoires, la gestuelle, étaient mobilisés avec intelligence pour stimuler efficacement, avec relativement peu de moyens matériels, notre imagination.

Et, puis – c’était au festival de Prayssac, à l’été 2007 je crois – nous eûmes l’occasion de faire ensemble une petite démonstration improvisée dont je me souviens avec bonheur. Guy faisait une petite conférence-spectacle sur la piste de danse, déguisé en musicien des rues, avec son orgue de barbarie. Je le regardais, assis sur le bord de l’estrade. Tout à coup, il se retourna vers moi, prononça quelques mots aimables et chaleureux à mon propos et… m’invita à venir danser une milonga avec lui. Il y avait à peu près deux cents personnes dans la salle, et nous n’avions rien répété. J’essaye donc pendant quelques secondes de manifester mon refus de cette proposition incongrue. Mais, son insistance et mon caractère un peu cabotin aidant, je me trouve entraîné sans plus de résistance vers le centre de la piste.

Je pris alors mon souffle, et je me lançai à corps perdu – et sans aucune inhibition, car je n’ai jamais été "traqueux" au cours de mes démonstrations de danse – dans une des milonga les plus endiablées de ma vie, que vous pouvez voir sur le lien suivant: https://www.youtube.com/watch?v=AP8WXykXK_c

Mon regret est de n’être pas parvenu, ainsi que j’étais presque sur le point de la faire, à sauter, jambes croisées, sur les genoux de Guy, puis à lui faire faire le même mouvement sur les miens, comme si nous échangions instantanément les rôles de la Femme et de l’Homme. Car ces moments de grâce et de magie ne se renouvellent jamais à l’identique dans la danse.

Merci à toi, Guy, de m’avoir offert ce merveilleux petit moment de bonheur tanguero. Et merci aussi à Brigitte d’en avoir conservè le souvenir en le filmant

Fabrice Hatem

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