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Entre autoritarisme et chaos

Les suicides de policiers, révélateurs du naufrage de l’ordre républicain ?

Question : pourquoi les policiers se suicident-ils ?

Réponse : parce que les agents sont des braves gens désespérés.

Je m’explique : si l’on se suicide, c’est parce que l’on a le sentiment d’un écart incommensurable, impossible à combler,  entre la (mauvaise) vie que l’on a et la (bonne) vie  dont on rêvait.

Et que dans cette situation, le suicide devient un comportement presque logique d’évitement de cette impasse existentielle.

On se suicide parce que ça ne vaut plus la peine, qu’on n’arrivera pas à faire et être ce que l’on voulait faire et être.

Pourquoi les policiers ont-ils voulu être policiers ?

Sans doute, pour beaucoup d’entre eux, parce que l’idée d’assurer la sécurité de leurs concitoyens contre les délinquants  leur plaisait. Qu’ils espéraient en retirer en retour un peu de reconnaissance de ceux qu’ils protégeaient. Et accessoirement, parce cela leur permettrait d’avoir un salaire convenable pour vivre tranquillement.

Or, pour beaucoup d’entre eux, la réalité de leur métier est à mille lieux de cette aspiration simple.

Parce qu’ils sont obligés d’appliquer des lois qui peut-être leur déplaisent et de pourchasser ainsi des gens innocents qui leurs ressemblent.

Parce qu’ils voient qu’ils ne parviennent pas enrayer la montée de la délinquance, que les voyous qu’ils arrêtent les narguent, puis sont remis en liberté pour commettre d’autres méfaits.

Parce que, pour masquer l’impossibilité d’effectuer correctement leur mission de maintien de l’ordre, leur hiérarchie les contraints à remplir des objectifs quantitatifs parfaitement illusoires.

Parce la violence de certaines racailles à leur égard a pratiquement atteint le niveau d’une pré-guerre civile qui est en fait aussi une guerre contre l’Etat et la société.

Parce qu’ils sont de ce fait épuisés physiquement et psychologiquement, et ne peuvent jouir d’une vie de famille normale.

Parce que, finalement, ce cumul d’absurdité et ce climat de pré-guerre civile, et ce manque de respect à leur égard n’ont plus rien à voir avec l’image qu’ils se faisaient de leur mission.

Mais, en se suicidant, les policiers nous disent également quelque chose de beaucoup plus grave encore sur l’état général de notre société.

Ils nous disent que notre société est en train de basculer à la fois dans le chaos/ensauvagement et dans l’arbitaire/autoritarisme étatique. 

Ils nous disent qu’une sorte de guerre civile à bas bruit a commencé dans notre pays, car ils sont aux premières loges pour s’en rendre compte.

Ils nous disent que dans ces conditions, ils ne sont plus en mesure d’assurer la mission d’ordre public dont ils sont chargés.

Ils nous disent que c’est à la fois l’ordre républicain et les libertés publiques qui sont en train de sombrer en même temps.

Et qu’ils refusent d’assumer ce sale rôle de fossoyeurs qu’on veut leur faire jouer.

Et c’est aussi pour cela que la majorité d’entre eux votent pour les partis patriotes dont ils voient bien qu’ils sont les seuls à dire la vérité sur l’état de notre pays.

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