J’ai une petite garçonnière
Tout à côté d’un vieux moulin
A Montmartre, rue des Trois Frères
Où j’aime gribouiller des quatrains.
La chatte de ma voisine
V’nait m’y dire bonjour le matin
Toute confiante, toute mutine
Aimant ronronner dans ma main.
Quand j’ descendais dans la courette
J’sifflais, j’appelais, et soudain,
La noiraude, depuis sa fenêtre
S’approchait d’moi d’un air câlin.
Puis elle fonçait dans l’escalier
Et se renversait sur le dos
En me fixant, pour demander
Des caresses entre les barreaux.
Et quand je rentrais dans ma chambre
Elle sautait sur mes genoux
Ou se frottait contre mes jambes
En miaulant d’un air très doux.
Mam’zlle Lili qu’elle s’appelle
Tous les gens d’immeuble en sont fous,
L’alcoolo, l’trav’lo et la belle
Etudiante du studio d’en d’ssous.
Mais depuis deux semaines environ
Je hèle Mamzell’Lili en vain :
Elle préfère à mon affection
Les croquettes d’un brésilien.
Oh, petite chatte infidèle
Qui m’a trahi pour un voisin
Ma tristesse s’ra pas éternelle
J’me consolerai avec un chien.