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Entre autoritarisme et chaos

Réflexion désabusée d’un « Gaulois » rétif au changement (fiscal)

Ce qui me choque dans les propos de Macron sur « les gaulois rétifs au changement », ce n’est pas le caractère vaguement offensant de la formule utilisée vis-à-vis du peuple qui l’a élu. C’est la conviction profonde qu’il exprime ainsi d’être chargé de la mission de « changer » le peuple français. Dans une démocratie, que je sache, on n’élit pas les hommes politiques pour qu’ils vous « changent », mais pour qu’ils vous servent, qu’ils vous protègent des agressions extérieures ou intérieures, défendent votre liberté et fassent partir les trains à l’heure. Quand on commence à vouloir « changer » le peuple et ses moeurs, en général, ça finit mal, soit pour le peuple, soit pour le « réformateur du peuple » auto-proclamé, soit pour les deux.

En plus, en France, notre « réformateur » dispose de moyens de coercition extrêmement puissants avec des prélèvements obligatoires et des dépenses publiques représentant respectivement 45 % et 56 % du PIB. Il peut donc être tenté de « toucher au manettes » pour faire « changer le peuple » dans le sens souhaité. Mais il risque alors de faire beaucoup de dégâts collatéraux, de par la puissance même des instruments d’action qui sont en son pouvoir.

En fait, j’ai le sentiment que nous sommes en train d’entrer en France dans une sorte de « dictature soft » du politique, qui via les instruments d’action extrêmement violents dont il dispose, peut être tenté d’imposer sa volonté au peuple. Genre : « vous baisez comme je dis », « vous investissez comme je dis », « vous dites comme je dis », « vous vous déplacez comme je dis », « vous mangez, vous buvez et vous fumez comme je dis », sinon c’est des amendes et des taxes sans fin. Tout cela étant encore aggravé par la multiplication des niveaux de pouvoir politique lié à la décentralisation, qui crée plein de petits « missionnaires locaux du changement », à côté du « grand missionnaire national » et parfois en contradiction avec lui. Au milieu de tout ça, le pauvre type qui est content de sa vie comme il l’a arrangée, se trouve confronté au nom d’un idéal édicté par le politique ou plus exactement par les différents niveaux d’exercice du pouvoir politique à une série d’injonctions violentes à changer ses comportements (parfois dans des sens contradictoires) qui se traduisent en général par des hausses d’impôts, des amendes nouvelles, et, in fine, par un risque de spoliation de sa maison de famille au nom de la justice sociale, de la solidarité ou de la prise de risques.

La seule différence (appréciable) avec une dictature, c’est qu’on n’arrête pas (enfin pas encore) les gens quand ils gueulent….Mais comme gueuler ça ne sert à rien, on arrive au même résultat concret que si n’avait pas le droit de gueuler…

PS : Je suis peut-être qu’un sale petit gaulois rétif au changement (quoique d’ascendance turco-polono-austrio-tunisienne) , mais je ne voudrais pas être obligé de vendre le joli studio où j’ai mis les souvenirs de ma mère à Montmartre sous prétexte que Macron veut faire de moi un financeur de start-up et qu’Hidalgo me considère comme un sale bourgeois cousu d’or. Ils n’ont pas le droit d’interférer comme ça dans ma vie ni de me dicter mes choix, surtout qu’ils ne sont même pas d’accord entre eux (sauf pour augmenter mes impôts fonciers bien sur).

Si j’ai envie de fumer, de manger trop salé, de boire du rhum tous les soirs, de prendre ma bagnole pour aller baiser une pute, de faire un compliment à une fille dans la rue, de ne pas louer (ou de louer très cher) mon appartement, et d’éviter de jouer mon épargne à la loterie boursière, je refuse qu’on me dise que c’est mal et qu’on essaye de m’empêcher de le faire. C’est ma Liberté, et la fonction du gouvernement que j’ai élu est de la protéger, pas de la restreindre sous n’importe quel prétexte en me prenant en plus pour une vache à lait.

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