De temps en temps après l’turbin
J’aime aller prendre un verre de vin
Dans un vieux bistrot parisien
Près d’la place Colonel Fabien.
J’m’asseois dehors quand il fait beau,
J’aime bien voir passer les badauds,
Les chinoises, les beurs, les clodos,
Les ménagères et les bobos.
Y’a une école juive à côté
Une laverie très fréquentée
Un fast food halal déglingué
Et un marchand d’fringues pour fauchés.
A l’intérieur de ce café,
Y’a plein d’gens qui jouent au tiercé
Un polonais toujours bourré
Et des vieux kabyles fatigués.
Y’a du bruit et de la fumée
Un vieux comptoir tout dézingué
La queue pour ach’ter son paquet
Et mon p’tit Brouilly préféré.
C’est dans cette maison que naquit
Il y a cent ans, plus ou moins,
Un grand résistant aux Nazis,
Surnommé Colonel Fabien.
Mais hier au soir j’y suis passé
Et le rideau était baissé
Et soudain j’ai réalisé
Qu’immeuble était tout lézardé.
Y vont surement le remplacer
Par un beau bunker pour branchés
« Le Belleville » qu’y vont l’app’ler
Mais Belleville y s’ra gentrifié.