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Petites pochades sans importance

Un nouvelle danse : le Fabrice’s Afro-cuban New Orleans style (varia sur la transculturation)

Je ne comprends pas bien les gens qui valorisent la notion de « pureté » en matière de culture populaire. Mettre des barrières artificielles entre ce qui est, par exemple, du « vrai » Tango ou de la « vraie » Timba et tout le reste, en refusant de s’aventurer au-delà des frontières ainsi arbitrairement définies, c’est s’interdire par avance de participer aux processus d’invention et de métissage qui sont au coeur même de la création artistique. C’est détruire dans l’oeuf toute réflexion sur la nature de ces expressions populaires du Nouveau monde reliées par tant de liens, étroits ou subtils, et entre lesquelles il n’existe pas de barrière figée. Et, accessoirement, c’est mutiler sa propre culture en l’enfermant dans un cercle étroit et confortable d’habitudes. Je crois, par exemple, qu’on ne pas comprendre vraiment le Tango si l’on ne s’est pas un peu intéressé au Jazz, à la Samba, au Hip hop ou aux musiques cubaines (et vice-versa).

Tiens : l’autre jour, j’étais allé déjeuner au restaurant en bas de chez moi, entre deux compte-rendu de lecture sur un livre de Tango et un autre de Rumba. Tout d’un coup, j’entends un morceau de Sidney Bechet. Ca avait l’air bien rythmé, alors je me suis levé et j’ai commencé à danser en y mettant tout mon Afro-cubain et ma Rumba. Les gens ont apprécié, me disant à la fin (si, si) que j’ai « le rythme dans la peau ». Comme quoi, moyennant un peu d’efforts et de persévérance, même un petit intellectuel à lunettes modèle « Woody Allen » peut se transformer en Chango version Louisiane !!!

Bref, je crois que je venais d’inventer une nouvelle danse. : le Fabrice’s Afro-cuban New Orleans style.

Tout ça m’a confirmé par la pratique : 1) que le Jazz et l’afro-cubain avaient des racines rythmiques communes, la preuve étant que l’on peut très bien danser de l‘Afro-cubain sur du Sidnet Bechet ; 2) que le Jazz n’a pas toujours été la musique pour intellos élitistes qu’il est devenu, mais qu’il était au départ destiné à faire danser les gens du peuple (et tout particulièrement les putes, leurs clients et leurs souteneurs).

Fort de cette expérience, je propose à tous mes potes de la Rumba et de l’Afro-cubain d’aller faire une descente un de ces jours au Petit Journal de Montparnasse, pour danser sur du New Orléans et réveiller à coups de Vacunaos bien ciblés toutes ces gentilles jazzophiles à lunettes, vissées sur leur chaises. Ca donnera peut-être des idées de mode d’emploi à leurs copains mélomanes un peu avachis. Ca serait aussi une belle expérience de transculturation appliquée et ça redonnerait au Jazz son identité originelle de musique de danse bien canaille !!!

Je propose  également à la réflexion de mes amis danseurs le paradoxe suivant : danseurs de Tango ou de Milonga, pour progresser, prenez des cours de Son. Danseurs de Son, pour progresser, prenez des cours de Samba. Danseurs de Samba, pour progresser, prenez des cours de Hip hop. Danseurs de Hip hop, pour progresser, prenez des cours de Rumba. Danseurs de Rumba, pour progresser, prenez des cours de Tango et de Milonga !!! Comprenne qui voudra, moi je me comprends…

Bon, allez, je me calme et je retourne à mes bouquins…

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