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Souvenirs et Mémoires

Belleville Ménilmontant

ImageLe photographe Willy Ronis (1910-2009) a consacré une grande partie de son œuvre de l’après-guerre à immortaliser le vieux Belleville populaire, avant que celui-ci ne soit défiguré par la rénovation bétonnière des années 1970. Il nous présente dans « Belleville Ménilmontant », magnifique livre en grand format, un florilège de cette production artistique.

ImagePour illustrer ces superbes clichés en noir et blanc, le romancier Didier Daenincks a écrit une petite nouvelle : à travers la confession d’un jeune ouvrier à la vie difficile, marquée par un terrible drame passionnel, il fait revivre pour nous l’histoire et l’atmosphère de ce quartier entre 1920 et 1950, tandis que la vie quotidienne de ses habitants se déroule sous nos yeux grâce aux photographies de Willy Ronis.

ImageIl y a d’abord les lieux emplis de poésie : toits perdus dans les brumes sur la colline de Ménilmontant, vieilles bicoques délabrées penchées sur un petit escalier tortueux, splendide vue sur Paris à travers des arbres en fleurs, verrière d’un pavillon au fond d’une impasse arborée, jardins secrets cachés derrière des façades lépreuses, petit bistrot au bout d’un terrain vague, humble vitrine de mercerie ou de chapellerie,  flèche d’une église dressée vers le ciel derrière une palissade, étalages de boutiques bien achalandés au coin d’une rue passante, intérieur d’un café avec ses joueurs de cartes, bals populaires nocturnes avec leurs lampions et leurs danseurs, alentours animés du métro de Belleville …

ImageIl y a aussi les personnages attachants du faubourg : gamins en casquettes jouant dans les rues, ouvrier engageant sa bicyclette dans la pénombre d’un étroit passage, vieille femme en jupe noire devant un débit de vin, marchande de quatre saisons avec ses beaux étalages de fruits et légumes, joueurs de pétanque sur une placette, artisan menuisier au travail, amoureux s’embrassant sous un lampadaire, accordéoniste et chanteuse des rues, bougnat avec son sac de charbon sur l’épaule, écoliers aux tabliers gris marchant en rang sous la surveillance de leur maîtresse, puissant cheval percheron tirant une charrette, coqs et poules menant leur vie tranquille dans une cour pavée aux allures de ferme, vitrier montant péniblement une rue en pente …

ImageEn parcourant ces ruelles qui semblent parfois encore celle d’un village, on a l’impression de remonter le temps vers une époque mythique du faubourg parisien, emplie de la poésie des jardins secrets et des petites gens… Mais attention tout de même à ne pas nous fourvoyer dans la nostalgie factice d’un Ménilmontant idéalisé !! La nouvelle de Didier Daenincks est là pour nous rappeler opportunément toute la misère qui régnait là et le malheur qui y rôdait, menaçant à chaque instant d’estropier la vie de ses habitants.

Belleville Ménilmontant, photos de Willly Ronis, in folio, 100 pages, texte de Didier Daeninckx, Ed. Hoëbebke, 1999

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