C’était risqué, il le savait
D’aller chercher du LSD
Au fond de ce lointain quartier
De Belleville, tout déglingué.
Mais Paul était désespéré
Son androïde avait bugué
Et maint’nant il était privé
De son amour robotisé.
Et puis aussi, il croyait
Que dans c’coin de Paris retardé
N’étaient pas encore installées
De caméras d’sécurité.
Sur ce point-là, il se trompait :
Depuis déjà quelques années
La police avait développé
Un programm’de contrôle secret.
Au central informatisé
Il fut très vite repéré
Et le logiciel, alerté,
Lança l’robot d’proximité.
Car il faut vous expliquer
Que dans ce futur évolué
La chaîne de sécurité
Etait tout’déshumanisée.
Pour mieux maîtriser les budgets
Les flics étaient tous remplacés
Par des machines qui savaient
Surveiller et même arrêter.
Dans les prisons modernisées
Extrêmement sophistiquées
Aux matons avait succédé
Des systèmes automatisés.
Et les savants avaient montré
Qu’un programme bien calibré
Jugeait avec plus d’équité
Que la faillible humanité.
Paul Dupont fut donc condamné
Depuis sa cellule isolée
Par un ordi centralisé
Habillement paramétré.
Mais le computer s’est trompé
Car le nom de Paul ressemblait
A celui d’un fou meurtrier
A la peine de mort condamné.
Quand l’automate est venu l’chercher
Paul ne s’est pas trop inquiété
Car, de bonne fois, il pensait
Qu’il allait être libéré.
Mais dans une pièce du premier
Les machines déjà préparaient
L’aérosol empoisonné
Destiné à l’exécuter.