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Poésies en Vrac

Autres temps, y’a pas si longtemps

Dans ma rue y’a un magasin de photographe d’art
C’est un vieux type aux cheveux blancs qui a l’air un peu fou
Il se tient pendant des heures sur sa devanture
Et puis il s’enferme dans sa boutique sombre
Derrière la vitre dépolie de sa porte, tremble une lumière glauque.

Je ne sais pas ce qu’il attend
Parce qu’il n’y a jamais personne qui rentre
Et dans sa vitrine poussiéreuse
On ne voit que quelques photos en noir et blanc
Mal rangées, cornées et palies.

Il n’est vraiment pas attirant ce type
Il a l’air de toujours faire la gueule
Y ferait mieux de fermer sa boutique
Et d’partir tranquillement en retraite
Parce que personne ne fera plus jamais appel à lui.

Et pourtant, l’autre jour, j’ai regardé ses photos
En fait, elles étaient vraiment belles
C’étaient de splendides images
Emplies de talent, d’amour et de vie,.
De jazzmen intensément investis dans leur musique,

A bien réfléchir, ces clichés n’avaient pas l’air si vieux
Ils dataient peut être d’il y a 25 ou 30 ans
D’ailleurs à cet époque mon photographe sans âge
Etait sans doute un artiste très lancé
Fréquentant plein de musiciens et de jolies chanteuses.

Alors, j’ai remonté le temps en pensée et je l’ai imaginé jeune
Au fond ses traits, même avachis, étaient assez réguliers
A l’époque, ce devait être un bel homme à l’air inspiré
Avec ses longs cheveux noirs qui flottaient au vent
Il a dû séduire plein de belles filles qui sont aujourd’hui des vieilles dames.

Il a donc suffit de quelques dizaines d’années
Pour transformer un jeune photographe d’art talentueux
En vieux débris dépassé, cinglé et bon pour la poubelle
Quand on y pense, ça donne un peu le vertige
Mais ça donne aussi très envie de vivre pendant qu’il en est temps.

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