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Cinéma de danse et de musique européen

Oliver !

ImageFilm musical de Carol Reed, musique de Lionel Bart, avec Ron Moody, Mark Lester, Shani Wallis, Oliver Reed, Jack Wild, Joseph O’Conor, Harry Secombe, Royaume-Uni, 1968, 153 minutes.

Londres, milieu du XIXème siècle. Un petit orphelin venu de province, Oliver (Mark Lester) s’enfuit de chez l’abominable patron auquel son orphelinat l’a vendu. Il est recruté par le jeune Artful Dodger (Jack Wild) dans une bande d’enfants voleurs. Arrêté par hasard, il attire la sympathie du riche Mr. Brownlow (Joseph O’Conor). Celui-ci le recueille chez lui, et, découvrant bientôt qu’il n’est autre que le fils de sa nièce disparue quelques années auparavant, décide de l’adopter. Mais les chefs de son ancienne bande, Fagin (Ron Moody) et surtout le dangereux Bille Sikes (Oliver Reed) ne l’entendent pas de cette oreille….

ImageAdaptation à l’écran du célèbre roman éponyme de Charles Dickens, le film nous propose une plongée fascinante dans les bas-fonds de Londres au milieu du XXIème siècle avec ses tripots, ses rues animées, ses vieux immeubles en ruine émergeant de rues boueuses, ses bandes de petits voleurs et ses sidérantes inégalités sociales. Les superbes décors, dont le réalisme cru est parfois agrémenté d’une touche d’expressionnisme théâtral, font ressentir avec une grande efficacité le contraste abyssal entre l’âpreté sordide de la misère urbaine et le luxe propret des beaux quartiers.

ImageLe film nous offre également, malgré certaines simplifications par rapport au roman de Dickens, une galerie très émouvante de personnages et de situations : le malheur d’Oliver Twist dans son orphelinat sordide au milieu des privations et des mauvais traitements infligés notamment par l’affreux Mr Bumble (Harry Secombe) ; l’univers à la fois chaleureux et vulgaire de la taverne ; l’antre (on dirait aujourd’hui le squatt) où le receleur Fagin loge ses petits voleurs au coeur d’un pâté de maisons en ruines. Tout au plus peut-on regretter que certains personnages soient un peu édulcorés, comme celui de la jeune Nancy (Shanny Wallis), amante du voleur Bille Silkes, dont l’appartenance au monde du crime et surtout de la prostitution n’est évoquée que de manière allusive et indirecte.

ImageJ’ai été particulièrement sensible à la finesse du traitement psychologique de Nancy et Fagin, dont les activités délictueuses n’excluent pas certains traits de caractère sympathiques. L’affectueuse Nancy (I’d Do Anything) prend de terribles risques pour protéger Oliver des intentions criminelles de Bill et l’aider à échapper au monde des bas-fonds, mais sans pour autant aller jusqu’à dénoncer son amant. Le receleur Fagin semble éprouver une certaine affection pour les enfants-voleurs qu’il exploite tout en les nourrissant convenablement (Be Back Soon). Personnage à la psychologie complexe, il est parfois taraudé par l’idée du retour à une vie honnête (Reviewing the situation).

ImageLa bande musicale, outre une ouverture et un entracte instrumental assez entraînants mais qui ne m’ont pas laissé de souvenirs impérissables, contient une petites vingtaine de chansons rythmant les étapes de l’intrigue : souffrances des orphelins dans l’institution qui les maltraite (Food, Glorious Food ; Oliver, Oliver ; Boy for Sale) ; tristesse d’Oliver Twist et de Nancy face au manque d’amour (Where is Love ? ; As Long As He Needs Me) ; vie des petits voleurs (You’vo got to Pick a Pocket or Two ; Be Back Soon) ; nuits de bamboche dans la taverne mal famée (It’s a Fine Life)…

ImageOn trouve également dans Oliver ! plusieurs scènes de danse, même si cet art ne constitue pas une composante essentielle du film. La chanson Consider Yourself est ainsi accompagnée par un très vivant ballet ayant pour cadre une rue populaire de Londres avec ses garçons-bouchers, ses marchands de journaux, ses lingères, ses policiers et ses acrobates. It’s a fine life et Oom-Pah-Pah mettent en scène la vie nocturne trépidante d’un cabaret des bas-fonds, avec ses filles légères dansant gaiment aux bras des marins et des voyous londoniens.

ImageMais c’est surtout la longue séquence de ballet Who Will Buy?, qui est le plus nettement centrée sur la danse. On y on voit évoluer, sur la place fleurie d’un quartier cossu de Londres, différents groupes de personnages (bourgeois et bourgeoises, policiers et militaires, vendeuses de rue et blanchisseuses, enfants et leurs gouvernantes…) dans une chorégraphie joyeuse et colorée.

ImageOliver! a reçu à sa sortie un accueil triomphal de la critique comme du public, obtenant pas moins de six Oscars  et se plaçant en 1968 dans le peloton de tête du box-office mondial. Il a par la suite été adapté à la scène à plusieurs reprises. Roman Polanski a également réalisé, en 2005, un Oliver Twist inspiré du roman de Dickens.

Pour en savoir davantage sur le film, consulter la fiche Wikipedia. Pour visionner la bande-annonce, cliquez sur : Trailer.

 

Fabrice Hatem

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